Poignardé dans sa salle de bains avenue Louise: Mohamed Billali "s'est acharné sur sa victime", il est reconnu coupable de vol aggravé de meurtre
Le jury de la cour d'assises de Bruxelles a déclaré Mohamed Billali coupable de vol avec circonstance aggravante de meurtre sur Phat Banh Gia. Les faits se sont produits le 29 mai 2016 à Bruxelles. La victime avait été découverte sans vie dans son appartement de l'avenue Louise.
Publié le 03-03-2023 à 10h16
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Le jury de la cour d'assises de Bruxelles a déclaré, ce jeudi 2 mars 2023 en soirée, Mohamed Billali coupable de vol avec circonstance aggravante de meurtre sur Phat Banh Gia, commis le 29 mai 2016 à Bruxelles. La victime, un homme de 44 ans, avait été découverte sans vie, le corps présentant de nombreuses plaies par arme blanche, dans son appartement de l'avenue Louise, le 31 mai.
Les jurés ont estimé tout d'abord que le vol était établi, car Mohamed Billali est filmé, le 29 mai 2016, sortant de l'immeuble de la victime avec plusieurs couches de vêtements qu'il ne portait pas en entrant. Les images permettent de distinguer qu'il porte un sac qu'il n'avait pas non plus en arrivant, ainsi qu'un objet brillant dans la main droite.
Des actes de fouilles
Ceux-ci ont également retenu que, selon les constatations policières sur place, "des actes de fouille ont eu lieu dans l'appartement de la victime". Notamment, "l'ADN de l'accusé été détecté sur des portes de placard et un 'laptop' appartenant à la victime ainsi qu'une chaîne en or n'ont pas été retrouvés. Seule la petite croix de la chaîne était encore présente dans l'appartement". Ils ont également pris en considération le fait que l'accusé a été arrêté en France pour plusieurs faits de vol.
Les jurés ont ensuite considéré que Mohamed Billali s'est "acharné sur la victime, avec l'intention manifeste d'attenter à sa vie", compte tenu des nombreuses plaies par objet tranchant et piquant relevées sur son corps, de la profondeur de ces plaies et de leur localisation dans des zones vitales de l'organisme. Ils ont estimé que, compte tenu des traces de sang et des empreintes de pied de l'accusé dans ces traces, il peut être déduit qu'il a "poursuivi la victime jusqu'à la salle de bain en passant par le hall de nuit", et que celle-ci était "très probablement en position fœtale lorsqu'elle a reçu les coups, selon les constatations du médecin légiste", autrement dit la victime n'était pas menaçante mais tentait plutôt de se protéger.
Vol qui a mal tourné
La version de Mohamed Billali, selon laquelle il n'a fait que se défendre face à la victime qui voulait le forcer à des relations sexuelles, "n'est pas crédible" selon les jurés. "Il est impossible que Phat Banh Gia ait enlevé le pantalon de Mohamed Billali tout en tenant dans sa main un couteau", ont-ils établi. "La tentative de viol n'est pas plausible", ont-ils affirmé, "tout portant à croire qu'il s'agit plutôt d'un vol qui a mal tourné" et que le meurtre a été commis "pour assurer l'impunité du vol".
Cette lecture du dossier est corroborée par d'autres éléments, selon eux, comme le fait que Phat Banh Gia n'avait pas de casier judiciaire et que, selon ses amis, "il n'aurait jamais imposé de relation sexuelle à quelqu'un".
Enfin, selon ce verdict, dans l'hypothèse où la victime aurait menacé physiquement l'accusé, la réaction de ce dernier était "disproportionnée".
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Le rappel des faits
Le 31 mai 2016, Phat Banh Gia, un homme de 44 ans, a été découvert sans vie, victime de plusieurs coups de couteau, dans la salle de bain de son appartement situé avenue Louise à Bruxelles. Une enquête pour homicide a immédiatement été ouverte. En analysant de nombreuses images de caméras de vidéosurveillance sur le territoire de la Ville de Bruxelles, les enquêteurs ont découvert que, le 29 mai peu avant 04h00, la victime se trouvait en compagnie d'un individu au croisement du Plattesteen et de la rue du Marché au Charbon, dans le centre-ville. Les deux hommes sont ensuite montés dans un taxi, rue du Lombard, pour arriver quelques minutes plus tard à l'adresse de la victime. Le visiteur est vu quittant l'immeuble, peu avant 05h00.
L'identité de ce dernier a pu être établie après de multiples investigations via les services d'Interpol et les services de police de France, de Hongrie et d'Algérie. Mohamed Ramzi Billali, né à Alger le 12 avril 1992, était notamment connu pour plusieurs faits de vol sous deux fausses identités en France.
Il a finalement été interpellé lors d'un contrôle douanier à la gare de Bâle en Suisse, le 12 novembre 2021, soit un peu plus de cinq ans après les faits. Il a expliqué aux enquêteurs qu'il avait rencontré la victime dans le centre-ville de Bruxelles et que celle-ci lui avait proposé de l'héberger. Il a déclaré que la victime avait tenté de le déshabiller pour entretenir une relation sexuelle avec lui, ce qu'il ne souhaitait pas. Selon sa version, la victime a tenté de l'empêcher de partir, le menaçant avec un couteau, puis il a retourné ce couteau contre elle et l'a poignardée.
Au sujet du vol de nombreux objets de valeur appartenant à la victime, dont un ordinateur, l'accusé a déclaré ne se souvenir de rien, car il était sous l'emprise de médicaments et d'alcool.
Le débat sur la peine se tiendra vendredi à 9h.