Mort de plusieurs coups de couteau dans sa salle de bains : “On sait très peu de choses sur ce qu’il s’est passé dans cet appartement”
Mohamed Billali, un homme de 30 ans, est accusé devant la cour d’assises de Bruxelles, de vol avec circonstance aggravante de meurtre sur Phat Banh Gia, surnommé “Kenny”. Les faits ont été commis le 29 mai 2016 à Bruxelles. Tout s’est joué dans l’appartement de la victime.
Publié le 01-03-2023 à 14h42
:focal(2731x1829:2741x1819)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AMOX5B5WXFERPDOOKUNID4JXYQ.jpg)
”Ce dossier va évoluer au fur et à mesure des auditions”, a averti Me Jonathan De Taye, avocat de la défense, ce lundi 27 février 2023, devant la cour d’assises de Bruxelles, après la première journée de débats consacrée à l’exposé des enquêteurs. “On sait très peu de choses sur ce qu’il s’est passé dans cet appartement”, a-t-il ajouté. Mohamed Billali, un homme de 30 ans, est accusé devant la cour de vol avec circonstance aggravante de meurtre sur Phat Banh Gia, commis le 29 mai 2016 à Bruxelles.
Me Jonathan De Taye, qui défend l’accusé avec Me Yannick De Vlaemynck, a pris la parole pour un commentaire, à l’issue de la première journée d’audience consacrée à l’audition des juges d’instruction et des enquêteurs.
”On sait très peu de choses sur ce qu’il s’est passé dans cet appartement. Madame la juge d’instruction Coupat l’a d’ailleurs dit elle-même. Je vous demande de rester ouverts. Ce dossier va évoluer au fur et à mesure des auditions”, a-t-il exprimé à l’attention des jurés. “À ce stade, on ne sait pas encore exactement pour quelle raison Kenny [surnom de la victime] a voulu revenir chez lui avec Mohamed Billali. Et on ne sait pas encore exactement pour quelle raison Mohamed Billali a voulu revenir avec Kenny chez celui-ci. Mais je sais que, même si on était au mois de mai, personne n’a envie de dormir dehors. Et on parle d’un appartement qui a été fouillé. Or, je constate des objets çà et là, mais il faudra savoir dans quel état était cet appartement au départ”, a-t-il dit, clôturant son intervention.
Une plaie a percé le cœur
Selon le légiste, le décès de la victime résulte de plusieurs plaies occasionnées avec un couteau, dont une a percé le cœur. C’est ce qu’il a indiqué ce mardi 28 février. “Les mécanismes physiopathologiques du décès doivent être mis en rapport avec un hémopéricarde à la suite d’une perforation du péri myocarde. Le décès de Phat Banh Gia est la conséquence de plusieurs plaies par instrument piquant et tranchant dont une seule plaie a perforé la cavité thoracique avec atteinte du cœur”, a expliqué l’expert légiste.
Le trajet de cette plaie létale est de quatre centimètres de profondeur, a précisé le médecin. Elle est associée à une “perforation de la cinquième et sixième jonctions chondro-sternales et à un hémopéricarde, ainsi qu’à des perforations du péricarde et du ventricule droit du cœur”, a-t-il détaillé.
L’expert a relevé également une plaie au niveau de l’abdomen, deux plaies en région pectorale gauche, trois plaies à la cuisse gauche. Enfin, il a observé une plaie à l’avant-bras gauche et au niveau du sourcil gauche.
L’ADN de l’accusé dans deux traces de sang
L’ADN de l’accusé a par ailleurs pu être décelé dans deux traces de sang dans l’appartement de la victime, a exposé plus tôt ce 28 février l’expert en génétique appelé à s’exprimer au procès Billali.
Plusieurs prélèvements ont été réalisés par la police scientifique sur le lieu du crime, notamment dans des traces de sang. Ces prélèvements ont ensuite été analysés en laboratoire et des profils ADN ont pu être mis en évidence. Selon l’expert, entendu mardi devant la cour, le sang découvert au sol à gauche du lit de la victime et le sang découvert sur la lame du couteau trouvé à côté de la victime est bien celui de cette dernière. Quant au sang décelé sur le manche du couteau et sur une armoire de la pièce de séjour, il correspond au profil génétique de l’accusé. L’ADN de la victime a également été détecté sur le manche de ce couteau. Enfin, les ADN de l’accusé et de la victime ont aussi été mis en évidence sur le manche d’un couteau cranté.
C’est grâce à cette analyse ADN que les enquêteurs ont retrouvé la trace de l’accusé dans les banques de données de la police française. L’ADN correspondait à un même individu, connu sous deux fausses identités françaises. Les enquêteurs ont poursuivi leurs recherches jusqu’à parvenir à établir l’identité exacte de l’homme.
Le rappel des faits
Phat Banh Gia, un homme de 44 ans, a été découvert sans vie, victime de plusieurs coups de couteau, dans la salle de bain de son appartement, avenue Louise à Bruxelles, le 31 mai 2016 en fin de matinée. Une enquête pour homicide a immédiatement été ouverte. En analysant de nombreuses images de caméras de vidéo-surveillance sur le territoire de la Ville de Bruxelles, les enquêteurs ont découvert que, le 29 mai peu avant 04h00, la victime se trouvait en compagnie d’un individu au croisement de la rue Plattesteen et du Marché au Charbon, dans le centre-ville. Les deux hommes sont ensuite montés dans un taxi, rue du Lombard, pour arriver quelques minutes plus tard à l’adresse de la victime. Le visiteur est vu quittant l’immeuble, peu avant 05h00.
L’identité de ce dernier a pu être établie après de multiples investigations via les services d’Interpol et les services de police de France, de Hongrie et d’Algérie. Il était notamment connu sous deux identités différentes en France, plusieurs fois condamné pour vol. Il s’agit de Mohamed Ramzi Billali, né à Alger en Algérie, le 12 avril 1992.
L’accusé a été arrêté lors d’un contrôle douanier à la gare de Bâle en Suisse, le 12 novembre 2021, soit un peu plus de cinq ans après les faits. Il a avoué avoir tué Phat Banh Gia en le poignardant à plusieurs reprises, expliquant qu’il avait agi de la sorte pour se défendre. Quant aux objets volés dans l’appartement de la victime, il a déclaré ne pas se souvenir de les avoir emportés. Devant la cour, il a maintenu ses déclarations, répétant qu’il n’a plus de souvenirs des faits.
Le procès se poursuivra mardi avec l’audition d’experts ADN et d’experts légistes.