La piste du suicide de plus en plus contestée dans la mort de Sourour, “pour moi, c’est impossible”, assure un ancien policier de la garde zonale
La piste du suicide avancée par les autorités a été décriée par la famille et le secteur associatif proche de la victime. Ce lundi, un ancien policier qui a travaillé dans les cellules de la garde zonale, où est décédée la quadragénaire jeudi dernier, assure qu’il s’agit d’un complexe ultra-surveillé. Le Parquet confirme qu'il n'y a pas eu d'intervention de tiers dans le décès.
Publié le 16-01-2023 à 20h24
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Comment est morte Sourour Abouda ? Les circonstances autour de la disparition de cette travailleuse du secteur associatif retrouvée morte dans une cellule de la garde zonale de la zone de police Bruxelles Capitale-Ixelles restent floues. Avancée par la justice, la piste du suicide est refusée par la famille, mais aussi le secteur associatif et les avocates du cabinet Progress Lawyers Network qui représente la victime.
Ce lundi après-midi, un ancien policier fait lui aussi part de ses doutes sur la version de ses ex-collègues auprès de La Dernière Heure. Eric Claessens, connu comme “policier lanceur d’alerte”, a remis son insigne en novembre 2021 et a même écrit un livre sur le sujet. Entre octobre et décembre 2015, il officiait à la garde zonale de la rue Royale au sein de l’unité de recherche spécialisée. “Il y a dans ce complexe cellulaire un taux de vigilance très très élevé. C’est un complexe ultra-sécurisé, avec des caméras de bonne qualité, sauf dans les cellules collectives. Dans ce qu’on appelle l’aquarium, il y a plusieurs agents qui surveillent en permanence ce qu’il se passe sur les écrans” eux-mêmes reliés aux caméras de surveillance. Au vu de la disposition et de l’équipement de la cellule et de la surveillance permanente, il estime “extrêmement difficile voire impossible” qu’une personne ait pu s’y suicider.

Situé sous les bâtiments de la police fédérale, le complexe cellulaire est, quant à lui, bien géré par la police locale bruxelloise. “Déjà en 2015, on savait que le complexe cellulaire serait repris par Polbru (la zone de police Bruxelles Capitale-Ixelles, NDLR), et ça faisait mauvaise presse. Quand il y avait des personnes 'à nous' surveillées par Polbru, il y avait toujours une petite angoisse…”
De son côté, le Parquet a communiqué sur l’affaire, et annonce, après première analyse des images de caméras, qu'“il semblerait qu’il n’y ait pas eu d’intervention de tiers”, concernant la mort de Sourour. Une analyse toxicologique a également été demandée.
Une source interne nous rapporte que, selon les bruits de couloir, c’est au niveau de la surveillance de ces images en direct qu’il y aurait eu un problème.
Le politique s’en mêle
Au niveau politique, les membres du PTB s’étonnent du peu de communication de leurs confrères sur la question. Le député Nabil Boukili demandera une audition sur le complexe cellulaire de la rue Royale ainsi que, comme la loi le permet, que des experts aux droits humains suivent l’enquête du Comité P. Le parti de gauche radicale demandera également à ce que des rapports intermédiaires soient établis pour éclaircir la situation, ainsi que pour les deux cas de décès dans les mêmes cellules ces deux dernières années.
Ce lundi soir au conseil communal, les édiles locaux du PTB déposeront une demande similaire au bourgmestre socialiste Philippe Close, qui siège naturellement au collège de police. “C’est la police bruxelloise qui est responsable de ces cellules. On veut demander pourquoi cette dame a été arrêtée, si elle a été vue par un médecin avant sa mise en cellule comme la loi l’autorise. On veut pousser un audit, parce que trois morts dans un commissariat en deux ans, c’est plus qu’un problème”, conclut le conseiller Bruno Bauwens.