L’avis d’un auditeur propose au Conseil d’État d’annuler le permis Belgian Beer World à la Bourse de Bruxelles

L’administration régionale bruxelloise des Monuments et Sites a trente jours pour répondre. Le recours avait été lancé par Inter Environnement Bruxelles (IEB) et l’Atelier de recherches et d’actions urbaines (Arau) sous la coupole plateforme.pentagone. Ce rapport pointe surtout “l’atteinte à un patrimoine classé”, l’un des arguments de l’IEB dans son recours.

M. L.
 L’ARAUet IEB n’ont jamais été fans de la rénovation de la Bourse en temple de la bière. Et surtout pas de cette toiture en forme de «gaufre».
L’ARAUet IEB n’ont jamais été fans de la rénovation de la Bourse en temple de la bière. Et surtout pas de cette toiture en forme de «gaufre». ©Robbrecht en Daem – BEAU – Popoff

Ce n’est qu’un avis, le rapport d’un auditeur suite à un recours. Il n’empêche, un très récent rapport propose au Conseil d’État d’annuler le permis d’urbanisme pour le réaménagement complet de la Bourse de Bruxelles en Beer Temple, aujourd’hui dénommé Belgian Beer World. Statistiquement, le Conseil d’État suit l’avis de ses auditeurs dans 85 à 90% des cas. Le recours avait été lancé par Inter Environnement Bruxelles (IEB) et l’Atelier de recherches et d’actions urbaines (Arau) sous la coupole plateforme.pentagone . Ce rapport pointe surtout “l’atteinte à un patrimoine classé”, l’un des arguments de l’IEB dans son recours. L’information est confirmée par le Conseil d’État qui ne fait aucun commentaire.

Le rapport remettrait en cause cinq points du permis d’urbanisme, la plupart dénoncés dans le recours de l’ASBL. Pour mémoire, IEB estimait, dans son recours, que le projet de Beer Temple ne constitue pas “une restauration” de La Bourse. “Ce projet démolit les parties d’un bien classé”, ce qui contrevient à “l’article 232 du Cobat (Code d’aménagement du territoire bruxellois), qui “interdit de démolir tout ou en partie un bien relevant du patrimoine immobilier classé”, arguait IEB. “Or, le permis autorise la démolition partielle d’un monument classé par la suppression d’éléments entiers, entre autres pour l’ouverture de nouvelles baies aux entrées latérales (en l’occurrence, le percement du soubassement, du côté de la rue au Beurre, sur une hauteur de 3,50 mètres et sur une largeur de plus de huit mètres). La structure originelle du bâtiment est modifiée et, pour tous les travaux cités, on ne peut parler de restauration.” Et de rappeler qu’une “pétition avait également été lancée pour alerter sur le percement des murs du 13e et 15e siècles, prévu dans le projet pour permettre un nouvel accès au musée Bruxella 1238 depuis la Bourse”.

IEB dénonçait également “la destruction d’une partie des verrières, du changement du revêtement du sol (le fameux parquet retiré puis revendu aux enchères, NDLR) et de l’atteinte aux vestiges archéologiques” et s’oppose au fait que “le permis autorise une rehausse – avec une dérogation à l’article 8 du titre du RRU concernant la hauteur des bâtiments. Cette rehausse découle de la volonté d’exploiter le toit de la Bourse en bar, surmonté d’une gaufre géante, n’est pas acceptable.”

«Sorties de route»

Premier de cordée dans ce dossier, le conseiller communal libérale Geoffroy Coomans de Brachène – et membre de la Régie communale autonome spécialement créée pour l’occasion, qui visitait justement le chantier hier soir – dénonce une nouvelle sortie de route du projet de la majorité bruxelloise. “Ceci n’est que l’énième épisode d’une saga qui n’en finit plus”, déplore-t-il. “Ce projet est une honte en termes de gestion patrimoniale, financière, urbanistique, logistique et humaine (il dénonce le fait que la personne qui dirige la structure du réaménagement de la bourse est l’ancienne cheffe de cabinet du bourgmestre Philippe Close, NDLR). Cette gabegie financière sans nom est malheureusement payée par le contribuable bruxellois, impliqué malgré lui dans un projet et une structure qui ne cesse de faire des sorties de route.”

Dernier exemple en date, pour le libéral: l’annonce lundi soir au conseil communal d’une nouvelle tranche de financement de 13 millions d’euros, financé par le Fédéral dans le cadre du plan de relance et de résilience, à quoi il faudra ajouter deux millions d’euros pour l’éclairage extérieur, a encore annoncé le bourgmestre socialiste lundi soir au conseil communal. “En 2011, la Ville annonçait un coût global de 15 millions d’euros. Aujourd’hui, nous en sommes à plus de 60 millions  ! ”, s’époumone le libéral bruxellois. À l’heure actuelle, la Région bruxelloise a mis 12 millions d’euros sur la table, le fond Feder (Europe) 7,2 millions d’euros, la Fédération des Brasseurs 5 millions d’euros, le Fédéral, déjà 10 millions plus désormais 13 millions d’euros via son plan de relance et de résilience, Beliris 5 millions d’euros, tandis que la Ville de Bruxelles a financé le bail emphytéotique à hauteur de 5 millions d’euros. Sans oublier urban.brussels, qui a mis entre 7 et 8 millions d’euros dans le financement d’une partie des travaux concernant les éléments classés.

Que va-t-il se passer désormais? L’administration des Monuments et Sites – qui a délivré le permis puisque La Bourse est classée – a trente jours pour contester les conclusions du rapport. Le greffe du Conseil d’État notifie alors le rapport et le mémoire de l’administration régionale à la partie requérante, Inter Environnement Bruxelles, qui a elle aussi trente jours calendrier pour donner son contrepoint. Une fois ceci fait, une audience sera fixée devant le Conseil d’État durant laquelle chaque partie pousse ses arguments de manière orale. L’auditeur donne ensuite son avis, sur base des derniers mémoires et des plaidoiries. Puis l’affaire est prise en délibéré. Le Conseil d’État rédige enfin son arrêt. L’arrêt concernant ce dossier devrait être publié avant la fin de cette année.

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