Voici comment la Belgique traque et supprime les images d’abus sexuel d’enfants circulant sur Internet (vidéo)
La Belgique intensifie sa lutte contre la publication d’images d’abus sexuels sur mineurs en ligne. Un phénomène en nette augmentation depuis le début de la pandémie.
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- Publié le 03-05-2022 à 17h33
- Mis à jour le 03-05-2022 à 17h46
L’exploitation sexuelle des enfants en ligne est devenue de plus en plus alarmante. Surtout quand on sait que 19 millions d’images à caractère pédopornographique sont partagées chaque jour dans le monde entier et échangées sur Internet, selon les estimations d’Interpol.
La Belgique n’échappe malheureusement pas à ce phénomène en pleine expansion. Pour le combattre, la fondation belge Child Focus, comme d’autres organisations mondiales, a, entre autres, comme objectif de supprimer les images à caractère pédopornographique du net.
"Nous avions déjà un site Internet, intitulé stopchildporno.be, sur lequel les citoyens peuvent signaler le contenu problématique auquel ils ont été confrontés sur le net", souligne Miguel Torres Garcia, Chief Operating Officer au sein de Child Focus. "Un travail assez fastidieux" débute ensuite pour les analystes de la fondation, qu’ils soient psychologues, criminologues ou encore juristes. Leur mission: regarder chaque image, les catégoriser et demander leur suppression."C’est un processus extrêmement lent. Depuis juin 2021, on travaille donc avec l’intelligence artificielle (le projet Arachnid), qui screene automatiquement les images d’abus sexuels sur mineurs sur internet et qui donne des résultats beaucoup plus satisfaisants." L’outil est également capable d’effectuer un filtrage proactif des images sur les sites du darkweb, les forums et les groupes de discussion privés. Un logiciel qui scanne des dizaines de milliers d’images par seconde potentiellement problématiques. Les images aboutissent dans le "Arachnid Orb", où elles sont analysées à travers le monde entier par des associations comme Child Focus.
Après analyse, les huit collaborateurs de la fondation belge transmettent les signalements de contenu illégal au service spécialisé de la police fédérale en vue d’identifier les victimes et de poursuivre les auteurs. La police fédérale bloquera alors immédiatement le site Web ou d’autres canaux et mettront les images hors ligne en collaboration avec les fournisseurs. Une vérification est faite pour s’assurer que l’image ait été supprimée après cinq jours. Les adresses IP sont, elles, transmises aux autorités judiciaires.
Bientôt jusqu’à 430.000 images analysées par an
Jusqu’à présent, Child Focus ne pouvait combattre ce phénomène que quelques heures par semaine, mais grâce à une subvention de 186.000 euros octroyée par le vice-Premier ministre et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, la fondation pourra travailler davantage sur l’analyse de ces images. Une somme qui servira à consulter jusqu’à 430.000 images par an, contre près de 63.000 actuellement.
"Nous constatons que le nombre de signalements d’abus sexuels d’enfants publiés sur internet est en augmentation, chaque année", explique le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. "Les services compétents font tout pour retirer ces images le plus rapidement possible et pour aider à identifier les victimes et les auteurs. Des outils numériques puissants comme Arachnid peuvent les aider énormément."
Lancé en 2016 par le Centre canadien pour la protection des enfants (C3P), le logiciel a déjà détecté 11 millions d’images d’abus dans le monde (sur les 136 milliards d’images passées au crible) et les a fait retirer par les fournisseurs.