Juicy vous prend aux tripes: "Pendant le confinement, on n'a fait que des tartes pendant 1 mois"
Duo féminin bruxellois, Juicy sort un premier album réjouissant. Au culot, Sacha et Julie imposent leur pop teintée de R’n’B, rock et hip-hop. Une musique sans concession.
Publié le 18-03-2022 à 06h00
Avec leur bagage classique et leur formation jazz au Conservatoire, Sasha Vovk et Julie Rens viennent donner un grand coup de pied dans le train-train des sorties avec Mobile, un premier album éblouissant et culotté. Ce premier disque, celles qui s'effacent au profit du nom Juicy, l'ont voulu à leur image: nuancé, variable et plein d'énergie. "Pendant le confinement, durant un mois, on n'a fait que des tartes et puis on a réfléchi à notre carrière et à nos vies. On a beaucoup discuté du projet, explique Julie. Depuis 2015 quand on a commencé, tout s'est enchaîné très vite et on n'a pas eu le temps de prendre du recul sur notre création. Finalement, la crise sanitaire nous a permis de nous poser les bonnes questions. On a pu mettre toutes les influences qu'on aime dans ce disque et oser une proposition très éclectique."
Un album qui a pris le temps de décanter durant le confinement et que les filles ont entièrement revu. "L'album était écrit à l'été 2019 et il devait en principe sortir en 2020, poursuit Julie. Puis, pendant le confinement, on a pris le temps de réarranger des morceaux, d'enregistrer toute une partie pour orchestre qu'on devait jouer en principe au Botanique en 2020 et on les a ajoutés à l'album. Ça n'est plus du tout le même disque."
"Le fil rouge de l'album ce sont toutes ces petites additions d'instruments acoustiques sur nos compositions électroniques", ajoute Sacha.
Des sujets lourds mais nécessaires
À travers des textes très aboutis, Juicy aborde des thématiques lourdes comme l'inceste, les violences conjugales, la féminité, le féminisme et témoigne d'une société qui implose et d'un monde qui s'effondre. "Les sujets qu'on aborde sont viscéraux. Forcément, parler de pédophilie ce n'est pas simple et on se rend bien compte qu'il y a des sujets trop vastes pour deux couplets et un refrain, note Sacha. Mais on ne s'interdit rien.La chanson Late Night, par exemple parle d'inceste, précise Julie. On a décidé de donner la narration à l'enfant et de créer une atmosphère très joyeuse, un peu fête foraine et, en fait, c'est un enfant qui dit: "il y a un mec qui vient dans ma chambre toutes les nuits mais c'est trop bizarre parce qu'il a le même sourire que toi, papa". Ce sont des sujets très délicats mais changer la narration offre plus de possibilité. Incarner des personnages, c'est ce qu'on fait beaucoup."
La preuve par l'image et cette série de quatre très courts-métrages marquants qui accompagnent visuellement les singles Love When It's Getting Bad, You don't Have to Know, Treffles et Youth. "On a donné carte blanche au collectif belge Gogolplex parce qu'on aime trop leur manière de travailler et ce qui ressort de leur mise en images. Mais depuis la création de notre groupe, nous déguiser, incarner des personnages sur scène, mettre en image en donnant de la vie aux morceaux c'est pour nous hyperjouissif, ça donne beaucoup de liberté sur scène aussi", s'amusent-elles.
Et la scène, elles y seront très bientôt et s'en réjouissent follement. Telles des enfants trépignant d'impatience et décomptant le nombre de dodo avant les vacances ou le passage de Saint Nicolas, Juicy répète et peaufine le show. "Pour nous, c'est le plus important: ça fait deux ans qu'on bosse et tout ce travail va enfin prendre du sens. Il y a la formule avec l'orchestre qui existe et qu'on adore mais faire danser les gens, ça représente tellement. On espère amener beaucoup d'énergie. Ça va péter!"
+ «Mobile», Capitan Records – En concert à l’AB le 25/03.