L’après-Covid d’Alexandre Bouglione et son appel à l’aide pour les artistes ukrainiens (vidéos)
La grande nouveauté de l’après-Covid pour la dynastie Bouglione se traduit par la création de deux chapiteaux sous l'égide de la nouvelle génération représentée par Nicolas et Anouchka, les deux enfants d’Alexandre qui met son expérience à profit pour produire ces deux nouveaux spectacles. Alexandre Bouglione dresse le bilan de ces deux dernières années et parle de ses aspirations pour le futur. Il en profite aussi pour lancer un appel à la ministre de la Culture pour venir en aide aux artistes ukrainiens qui, comme lui, n’aspirent qu’à une chose: pouvoir travailler en paix.
Publié le 14-03-2022 à 19h44
Il était temps que les affaires reprennent pour le cirque Alexandre Bouglione après plus de 18 mois d'arrêt depuis le début de la pandémie, il y a deux ans.
Parce que d’autres membres de la grande famille circassienne ont été accueillis par les Bouglione, ils ont été jusqu’à se retrouver à 24, tous quasiment sans emploi, sur le terrain qu’ils occupent à Stambruges.
"Pour en sortir financièrement, j'ai dû revendre une dizaine de roulottes de collection", précise Alexandre qui reconnaît que tout n'a pas été négatif durant cette période difficile: "C'était une belle leçon de vie de se retrouver ainsi tous ensemble, ajoute-t-il.
D’un côté, nous avons été cassés d’autant que nous ne recevions aucune aide financière de la part des pouvoirs publics, mais de l’autre, on a vécu des moments de solidarité extraordinaires. On a même reçu le soutien de personnes du village, qui sont venues nous apporter de la nourriture pour toute la troupe. C’est pour cette dernière, et surtout pour les jeunes artistes, que je continuerai à me battre. Vous savez, avant le Covid, on a connu les attentats qui nous ont rendu la vie difficile aussi, puis il y a eu les périodes de confinement et maintenant, on a la guerre en Ukraine…
À ce propos, nous recevons pas mal de demandes d’artistes en provenance de ce pays. Il faut savoir qu’ils ont chez eux des talents prodigieux qui ne demandent qu’à travailler. Nous allons en accueillir chez Bouglione, mais ce serait bien que d’autres se bougent un peu le c… également. Et notamment ceux qui reçoivent de plantureux subsides de la part de l’état, auxquels le cirque traditionnel n’a pas accès…"
Un retour difficile mais des jours qui s’annoncent meilleurs
Alexandre ne cache pas son désappointement face à la difficulté de retrouver des emplacements pour installer un chapiteau. "je pensais qu'après le Covic, on recevrait un accueil formidable un peu partout. Pas du tout, c'est une catastrophe, près de trois quarts des villes où l'on se produisait avant refusent notre passage ou nous demandent une location tellement coûteuse que c'est impayable. Il est vrai que l'image du cirque traditionnel a été en partie ternie par certains qui s'en revendiquent mais sans se soucier de la qualité de leur spectacle…", précise le bouillant patron du cirque qui porte son nom.
Aussi, Alexandre a eu cette idée géniale de produire désormais ses enfants - Anouckka et Nicolas - sous deux chapiteaux de capacités plus modestes (200 places) susceptibles d’offrir également une plus grande mobilité. Cela n’enlève rien à la qualité des spectacles (qui portent la griffe d’Alexandre Bouglione) dont chacun implique la participation d’une trentaine de personnes parmi lesquelles une bonne douzaine d’artistes. On retrouvera toujours le grand chapiteau (800 places) à deux pas de l’Atomium en octobre/novembre et sur la place Flagey pour le traditionnel spectacle de Noël dans la capitale.
Pour l’heure, c’est Nicolas qui vous invite au spectacle jusqu’au 27 mars sur le parking du Cora à La Louvière. Anouchka sera quant à elle présente à Namur juste avant les festivités de Namur en mai.
Pour le programme des différents spectacles, cliquez ici
Le cirque traditionnel, patrimoine oral et immatériel
Jongleur-acrobate et professeur, Alain Chabri, fils du célèbre clown belge,Toto Chabri, a créé l’ASBL "La Clé du chapiteau" après avoir constaté qu’il n’y en avait que pour le cirque contemporain, à Bruxelles, lors des journées mondiales dédiées à cette discipline en 2018. Son ASBL, dans laquelle Alexandre Bouglione est aussi fortement impliqué, promeut le cirque traditionnel sans pour autant nier l’importance de dialoguer avec le "contemporain".

Avec une belle réussite à son actif: la reconnaissance, en février 2021, des "arts et culture du cirque traditionnel itinérant" comme chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
www.la clé du chapiteau.be