Sur le piétonnier de Bruxelles, un kiosque pour se lancer: "En termes de vitrine commerciale, c’est énorme!"
Rosy Sambwa est l’une des premières occupantes du kiosque que JobYourself ouvre sur le piétonnier. Avec ses bijoux et accessoires, elle y teste son projet. Pas mal, pour se lancer!
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Publié le 23-01-2022 à 10h56
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"Ça vaut vraiment le coup: sinon, où peut-on tester son affaire quand on se lance?"
Rosy Sambwa décoche un sourire qui dépasse presque de son masque. Fait main, forcément: la créatrice bruxelloise démontre son talent autant sur les bijoux que sur les accessoires. Depuis décembre, elle occupe l’un des petits kiosques du piétonnier bruxellois. Soit l’une des meilleures artères commerçantes du pays. Pas mal pour un début.
Cette chance lui est offerte par JobYourself. La coopérative soutient le démarrage d’activité des personnes au chômage, au CPAS, à la mutuelle… Ses bénéficiaires sont accompagnés pendant 18 mois sans renoncer à leurs droits sociaux. "Nous cherchions un lieu pour tester les concepts", relate Marie-Charlotte Pottier, en charge du projet. "On a eu l’opportunité de louer ce kiosque à la Ville, via l’échevin des Affaires économique Fabian Maingain". Le bail est signé pour un an. "Ici, c’est du concret. En termes de vitrine commerciale, c’est énorme. Y a du monde!" Jusqu’à octobre, chaque occupant aura 3 mois pour se frotter à la clientèle. JobYourself assure un coaching hebdomadaire sur le contact client, les techniques de vente, le positionnement des produits, la promo sur les réseaux sociaux, les prix… "Mes bijoux vont de 15 à 200€", pointe la designeuse. "C’est plus cher si c’est du sur-mesure".

Des fidèles

Dans ses quelques m2 surexposés, Rosy Sambwa attise la curiosité. "Les riverains sont contents de voir des indépendants s'y installer. Ils posent des questions sur mon parcours, vérifient que les bijoux sont bel et bien faits sur place". Sur un des côtés, la créatrice a en effet aménagé un petit établi où elle assemble perles et bijoux de récup pour enrichir sa gamme artisanale, Kinses (lire cadrée). "J'ai déjà des fidèles: une nana est revenue trois fois!"
Les riverains sont contents de voir des indépendants s’y installer. Ils posent des questions sur mon parcours.

Ce comptoir sur le piétonnier, la styliste est allé le chercher. JobYourself a en effet organisé un casting pour en sélectionner les bénéficiaires. "J'ai dû montrer à quel point je suis déterminée", assure celle qui a grimpé dans le kiosque en décembre alors qu'il n'était pas encore relié au chauffage. Marie-Charlotte Pottier opine: "On a reçu une dizaine de candidatures. On les a départagées devant un petit jury". Les lauréats ont eu 3 possibilités: le "full-time" dans le kiosque, une occupation en groupe de 3, ou un "match" entre projets selon affinités. C'est ainsi que Rosy partage la semaine boulevard Anspach avec Eli's Cookies, chocolatier qui propose biscuits et cakes artisanaux.
Turquoise
Pour se passer le relais, les entrepreneurs ont un atout: le mobilier sur-mesure du kiosque est entièrement modulable. Ainsi, les sacs et colliers suspendus les week-ends cèdent place aux étagères de gourmandises en début de semaine. "Quand on a reçu le kiosque, il était vide. On a assuré les branchements et conçu le mobilier. Les tablettes sont toutes amovibles", révèle la responsable.

Il est super design, ce kiosque. Les grilles métalliques, elles me font penser à Matisse.
Avec les portraits des entrepreneurs et sa touche turquoise, le spot a de la gueule. Rosy Sambwa ne dit rien d’autre: "Il est super design, ce kiosque. Les grilles métalliques, elles me font penser à Matisse. Je m’y sens vraiment bien".
+ JobYourself inaugure officiellement le kiosque ce mercredi 26 janvier à 14h30

Perles des années 50
L’accessoiriste n’a pas branché de fer à souder dans le kiosque du piétonnier. Ses bijoux, elle les récupère dans une adresse tenue secrète, à Ixelles. "Ce sont d’anciennes perles et fermoirs rares. Certaines pièces ont plusieurs décennies. L’upcycling est à la mode. Mais moi, je ne veux pas qu’on décèle ce recyclage dans ma ligne esthétique". Le malheur, c’est que Rosy Sambwa est limitée par son stock introuvable: "Ces grosses perles des années 50, il m’en reste 5. C’est triste, parce que j’ai des demandes". Mais ça rend la gamme Kinses d’autant plus exclusive.
Si certains créateurs de la diaspora africaine rejettent tout souvenir de la colonisation, notamment en bannissant l’iconique wax, Rosy Sambwa en fait une part de son style. "C’est un pied de nez à mon passage chez un spécialiste des vêtements noirs et blancs. On y prétendait qu’on voyait mon côté africain dans mes pièces. Alors que vraiment, je ne courrais pas après. Désormais, j’en joue parce que de toute façon, on va me le ressortir. Je l’assume, je le mélange, je le vis. Et je m’amuse".