"On peut tout faire en Belgique, sauf jouer au bowling": déboutés, les exploitants ripostent
Déboutés, les exploitants de salles de bowling ne décolèrent pas après les arrêts du Conseil d’État. Et contre-attaquent, avec une action en référé.
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- Publié le 07-01-2022 à 17h50
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Il est furax, Dominique Collignon. Furax contre le Comité de concertation, mais aussi contre le Conseil d'Etat. Ce dernier a décidé ce vendredi de rejeter les demandes de suspension en extrême urgence introduites par 25 exploitants de salles de bowlinget la Belgium Billiards & Snooker Association (BBSA) contre l'arrêté royal du 23 décembre 2021 obligeant leur fermeture à des fins récréatives.
"On est déçu, ce n'est pas la nouvelle qu'on attendait, déplore Dominique Collignon, le patron du Bowlmaster à Molenbeek et vice-président de la Fédération du loisir (FLRB). Nous regrettons le manque d'équité avec la culture qui a, elle, pu rouvrir. Même les sports de contact, les sports d'équipe en salle, ainsi que le fitness sont autorisés. Hormis les discothèques, nous sommes donc le seul secteur à rester fermé. À en croire les autorités, on peut tout faire en Belgique, sauf jouer au bowling. C'est hallucinant."
Concernant la culture, le Conseil d'État rappelle que les spectateurs sont tenus de rester assis en portant un masque, ce qui ne pourrait être mis en pratique dans un bowling. "Il y a deux poids deux mesures, puisqu'on défend les mêmes arguments que ceux que la culture a invoqués devant le Conseil d'État" et celle-ci a obtenu gain de cause. "Tout d'abord, l'État ne peut pas démontrer que les salles de bowling représentent un danger sanitaire. On est dans le même type de configuration que les salles de spectacle, avec de grandes surfaces, un système de ventilation qui fonctionne, un service à table au niveau de l'horeca, etc."
Une nouvelle action en justice
Las de n'avoir obtenu de réponse à la mise en demeure adressée mercredi au gouvernement dans laquelle elle demande la réouverture des activités de loisir en intérieur telles que les plaines de jeu et les escape games, la Fédération du loisir compte introduire début de semaine prochaine une action en référé devant le tribunal de première instance. "Avec les mêmes arguments que ceux déposés devant le Conseil d'État, en invoquant les droits des enfants: il est inscrit dans la constitution que les jeunes ont droit à des activités récréatives." Le secteur du loisir regrette, par ailleurs, les difficultés économiques que représenterait une ouverture limitée aux joueurs professionnels.
Et aujourd'hui, Dominique Collignon ne décolère pas. Avec une dizaine de ses collègues, il brave l'interdit en gardant sa salle de bowling ouverte. "Et elle ne désemplit pas, dit-il. Nos clients répondent présents. Ils sont en confiance, dans le respect des règles sanitaires en vigueur."
Alors, oui, il craint de voir débarquer la police. Sauf que les exploitants de salles de bowling espèrent qu'ils bénéficieront de la même tolérance que les lieux culturels qui avaient également fait le choix de rester ouvert. "On a arrêté de travailler pendant 11 mois, et il y a un moment où ce n'est plus possible financièrement."
Les exploitants comptent donc se battre jusqu'au bout, en espérant "que cette fermeture injuste soit revue". Mais certains ont, eux, déjà mis la clef sous le paillasson...