Le Musée Horta rhabillé par 5 artistes
À l’occasion de Brussels Design September, le Musée Horta a été bichonné par des artistes contemporains.
Publié le 08-09-2021 à 06h00
C’est une première pour le Musée Horta: durant deux mois, différentes pièces de la maison seront habillées par des designers contemporains. Le duo belge Chevalier-Masson, les Français Pierre Marie et Nicolas Stolarczyk et le Suisse Christoph Hefti se sont prêtés au jeu en livrant une interprétation toute personnelle de ce que peut représenter l’Art nouveau aujourd’hui.
Pour Pierre Marie, la démarche de Victor Horta est toujours pertinente en 2021. «On sort d'une espèce d'impasse, explique-t-il. Un peu comme après la Seconde guerre mondiale, lorsque la vie reprenait. Il fallait repourvoir tous les foyers en mobilier et la production en série s'est développée. On en connaît les limites et les conséquences aujourd'hui. Ça nous pousse à trouver d'autres pistes de réflexions, tout comme Horta l'a fait à l'époque en brouillant les pistes entre objets utilitaires et objets d'art.»
Remettre l’artisanat à l’honneur
Chaque artiste a donc choisi une pièce à redécorer et a créé un papier peint unique en collaboration avec l'Atelier d'Offard, à Tours, spécialisé dans les papiers historiques. «J'ai choisi le bureau, car c'est le cœur du réacteur, souligne Pierre Marie. J'imagine que c'est là que ses idées germaient. Et j'ai essayé de créer un papier peint qui s'inscrivait harmonieusement avec l'existant, en respectant le plus possible l'esprit des lieux. Je ne voulais pas créer une musique qui n'était que mienne. Si le public se demande si mon papier peint existe depuis toujours dans cette pièce, alors j'aurais accompli ma mission.»
Pour créer «son» papier peint, Pierre Marie s'est donc inspiré de l'univers chromatique existant et a cherché à lui apporter une certaine brillance, histoire de «brouiller un peu l'œil».

Le créateur a travaillé main dans la main avec les techniciens de l'Atelier d'Offard, choisi par le Musée Horta comme partenaire privilégié. «Nous avons utilisé la technique d'impression à la planche comme au XIXe siècle. Et, dans mon dessin, j'ai utilisé de grands aplats afin d'apporter une texture de faux bois qui répond aux nombreuses boiseries présentes un peu partout dans la maison.»
Ce choix de travailler avec une maison artisanale émane du musée lui-même qui a souhaité n'imposer aucune autre contrainte aux artistes. «Afin de tisser des liens heureux entre passé et présent, il leur a été demandé de ne pas recourir aux dernières technologies mais de se confronter à un artisan, à son cahier des charges et à ses exigences. Le travail de la main et le respect des métiers d'art est une valeur cardinale du Musée Horta, souligne le musée. Cette invitation auprès de cinq créateurs permet de faire prolonger à notre époque création, artisanat et ornement pour une visite renouvelée.»
Le travail de Pierre Marie et des quatre autres artistes est à voir sur les murs du Musée Horta jusqu’au 14 novembre.