Le BANAD, prototype d’un tourisme décentralisé post-covid: «Dans la crise, le Bruxellois veut redécouvrir son patrimoine»
Le BANAD, festival bruxellois dédié à l’Art Nouveau et Art Déco, tient sa 5e édition du 22 mai au 6 juin. Sa formule décentralisée sied particulièrement bien à une Bruxelles touristique qui cherche sa voie dans le contexte pandémique. Où le Belge assigné à résidence se penche sur son propre patrimoine.
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Publié le 21-04-2021 à 11h49
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Sur une année normale, le BANAD attire entre 20.000 et 25.000 visiteurs. On comprend que maintenir le Brussels Art Nouveau & Art Déco Festival en 2020 relevait du rêve d'architecte. Mais après une levée réduite en octobre, l'édition 2021 est bel et bien programmée ce printemps. Cette 5e édition a été présentée ce 20 avril entre les briques de terracotta jaune contenant le béton armé Art Déco de la Basilique de Koekelberg. Les réservations s'ouvrent ce mercredi 21 avril.
Foot et chocolat
Sur 3 week-ends du 22 mai au 6 juin, 41 lieux sont ouverts dans 13 communes. Le programme mêle visites d'intérieurs et une cinquantaine de parcours en plein air, à pied ou à vélo. Il comprend quelques nouveautés. Dont la Villa Beau Site en bordure du parc de Forest, l'immeuble Ramaekers qui représente l'école d'Amsterdam avenue Molière à Ixelles, la maison Deboodts et ses lambris de bois précieux à Saint-Gilles, la maison Art Nouveau dite Hamesse et son mobilier d'origine derrière l'hôtel de ville de Saint-Gilles ou encore une petite maison privée Art Déco méconnue de Watermael-Boitsfort. Sans oublier deux vedettes du «patrimoine» brusseleir: le fameux Stade Joseph Marien de l'Union lové dans le parc Duden, et l'ancienne chocolaterie Victoria à Koekelberg.
La crise nous montre que les Bruxellois ont besoin de redécouvrir leur patrimoine bâti. Pas seulement le public restreint à qui on nous reproche parfois de surtout nous adresser, mais le grand public, partout dans Bruxelles
Marion Alecian, Présidente du réseau explore.brussels qui réunit les 4 associations organisatrices (*), se félicite de la reprise des visites. «La crise nous montre que les Bruxellois ont besoin de redécouvrir leur patrimoine. Pas seulement le public restreint à qui on nous reproche parfois de surtout nous adresser, mais le grand public, partout dans Bruxelles. Il faut ainsi valoriser le bâti de ce qu’on appelle “le croissant pauvre” car ces quartiers ont besoin de conscientisation. Il reste du potentiel méconnu, pas uniquement dans les quartiers aisés».
Max 25 personnes
La Directrice de l’ARAU l’assure, le BANAD est désormais «outillé et pro» pour assurer des visites «covid-proof». Le festival possède ainsi 3 atouts à faire valoir dans cette pandémie. «D’abord, on est décentralisés, dispersés sur toute la région. Ensuite, on organise des petits groupes de visite de maximum 25 personnes. Enfin, on clôture avant le couvre-feu». Et de marteler: «pour nous, il est indispensable de reprendre. Pour le public, mais aussi pour les guides qui n’ont pas été assez soutenus». Ils seront une centaine sur l’événement. Julien Staszewski, Directeur d’explore.brussels, concède pour sa part que la balance entre jauge et mesures sanitaires en place reste délicate à maintenir: «Il faut des groupes de 20 personnes pour nous permettre d’atteindre un certain équilibre». Et d’annoncer que de 40 étudiants comme personnel d’accueil, le BANAD passera à 80 pour assurer le respect des règles.
Le futur du secteur, c’est éviter l’hyperconcentration comme dans certaines villes à un point tel que les habitants ne voulaient plus voir de touristes. Le BANAD montre la voie avec des visites sur 13 des 19 communes
visit.brussels a aidé explore.brussels à atteindre les nouveaux standards sanitaires. Pour l'administration qui pilote le tourisme à Bruxelles, l'ambition du BANAD de toucher les locaux correspond au revirement à venir du secteur. «Bruxelles dépend à 80% du tourisme étranger. Il va falloir remplacer ces visiteurs. par les pays limitrophes, mais aussi les Belges», avance Patrick Bontinck, directeur de visit.brussels. «L'amour-haine des Bruxellois et des Belges pour la basilique de Koekelberg, mais plus généralement pour le patrimoine Art Déco qui a longtemps été très critiqué, témoigne qu'il faut se réinventer». Et de plaider pour la décentralisation du tourisme. «Le futur du secteur, c'est éviter l'hyperconcentration comme dans certaines villes à un point tel que les habitants ne voulaient plus voir de touristes. Le BANAD montre la voie avec des visites sur 13 des 19 communes».
Sourds, aveugles, PMR, apprenants, kets
Pour un BANAD encore plus inclusif sont prévues des visites en audiodescription (Villa Empain, Sainte-Suzanne) ou langue des signes (Villa Empain, étangs d'Ixelles, école N13 à Schaerbeek), mais aussi des accès en fauteuil roulant, un programme pour personnes en cours d'alphabétisation (Maison Autrique) ou pour les familles, dont deux rallyes autonomes particulièrement bienvenus en ces temps troublés. Vos kets pourront même jouer les décorateurs, céramistes, verriers ou architectes en herbe en coloriant les noirs et blancs publiés sur le site de l'événement. De quoi décrypter les basiques de l'Art Nouveau avant de les observer en vrai.
(*) ARAU, Arkadia, Bruxelles Bavard et Pro Velo