Expo photo | Les visages de journalistes exilés en Belgique
Une expo photo et des témoignages dressent le portrait de journalistes qui ont fui leur pays.
Publié le 04-02-2020 à 17h30
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Ils étaient reporters, présentateurs du journal télévisé, journalistes radio ou de presse écrite et ils ont quitté leur pays. Pas pour des vacances mais pour sauver leur vie ou celle de leurs proches, menacées parce qu’ils exprimaient un discours qui ne plaisait pas aux autorités. Depuis un an, l’association En-GAJE (Ensemble – Groupe d’aide aux journalistes exilés) vient en aide aux journalistes du monde entier qui ont trouvé refuge en Belgique. «Nous les orientons vers des avocats, des cours de langue, des formations, nous leur offrons une aide financière», détaille André Linard, ancien journaliste, ancien Secrétaire général du Conseil de déontologie journalistique (CDJ) et cofondateur de l’ASBL.
Des témoignages émouvants
Au delà de ce premier axe, En-GAJE œuvre aussi à sensibiliser le public à l’importance de la liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle ils organisent, du 4 au 14 février, une exposition photo à Escale du Nord, le Centre Culturel d’Anderlecht. «Parmi la cinquantaine de réfugiés que nous connaissons, certains ont accepté de témoigner et d’être pris en photo par Frédéric Moreau de Bellaing», poursuit André Linard. À côté de leur portrait, on découvre leur histoire, toujours poignante. «Quand on leur a posé la question: «quand avez-vous décidé de quitter votre pays? Ils ont tous marqué un moment d’arrêt parce que c’est toujours très difficile pour eux d’en parler.»
«J’avais une émission quotidienne à la télévision», raconte Mhanawi Mansoor Ghanim, le François de Brigode irakien. «Tout le monde connaissait mon visage mais moi je ne connaissais pas les visages de ceux qui me menaçaient.» Plus loin, le Burundais Antoine Kaburahe, parle de son envie d’oublier, de faire autre chose, avant d’être rattrapé par son «addiction» au journalisme.
Qu’ils viennent du Burundi, de Turquie, de Palestine ou d’Irak, tous ont refusé de tirer un trait sur leur carrière. «Ils ne peuvent pas faire autre chose, sans leur métier ils ne sont plus eux-mêmes, c’est dans leur ADN», explique André Linard. En-GAJE a donc le projet d’intégrer ces journalistes dans le milieu professionnel, en Belgique. Avec déjà quelques belles pistes. «Nous avons des ouvertures de principe avec des grands médias», se réjouit André Linard. Qui souligne aussi le soutien de la commune d’Anderlecht.
L’expo se tiendra également à Bozar le 3 mai prochain, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. Elle devrait également tourner dans plusieurs lieux, espèrent les organisateurs.
Escale du Nord, rue du Chapelain, 3-7 à Anderlecht. Entrée gratuite.