Zwangere Guy, «La musique, c’est pas la Champion’s League, il n’y a pas de premier ou de deuxième»
Le rappeur bruxellois l’avait dit: 2019, c’est son année. Il la termine avec un second album, «Brutaal».
Publié le 06-12-2019 à 06h26
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Quand on l'a rencontré chez lui en juin dernier pour parler des festivals de l'été, le rappeur bruxellois Zwangere Guy venait de sortir son premier album solo, «Wie is Guy?», jouer dans une Ancienne Belgique pleine à craquer plusieurs soirs d'affilée. Il disait, « 2019, c'est mon année ». Et il ne croyait pas si bien dire. Entre-temps, il a secoué les plaines des festivals, raflé cinq récompenses aux Elektropedia Awards (dont le meilleur album et l'artiste de l'année), il est nommé sept fois pour les Mia's, les Victoires de la musique flamandes en février. Et voilà que sort ce vendredi Brutaal, son deuxième album… de l'année.
Peut-être que je mettrai le disque d’or dans mes toilettes…
Ça ne lui monte pas à la tête, loin de là. Ses trophées, il ne les a pas posés sur sa cheminée, ils sont «au studio». Mais peut-être qu’il mettra quand même le disque d’or dans ses toilettes… «Oui les prix, c’est de la reconnaissance, ça, c’est beau, ça me fait plaisir. Mais dans la musique, il n’y a rien à gagner. On n’est pas à la Champion’s League, il n’y a pas de premier ou de deuxième.»

Sur «Brutaal», comme sur «Wie is Guy?», Zwangere Guy dit tout en musique, «Il n'y a pas grand-chose à ajouter, tout est dans les tracks». Sur Waarom (pourquoi?) et Daarom (parce que), il pose et répond aux questions parfois très directes qu'on lui a posées ces derniers temps: «La famille, les copains, les fans… je suis parfois étonné que les gens posent des questions aussi directes. On m'a demandé Combien tu gagnes? Pourquoi tu postes des photos de ce que tu manges? Pourquoi t'as grossi? Il y a même un fan qui m'a demandé si je pouvais jouer à l'enterrement de son frère qui s'était suicidé… Je suis très honnête dans mes chansons, alors les gens ont l'impression de me connaître, ils m'écrivent. Les réseaux sociaux, c'est la proximité, c'est bien mais parfois ça fait un peu peur. Je ne peux pas répondre à tout le monde…»
«Gorik pt 1» est sortie il y a un an et une semaine. Pour lui, il y a eu un avant/après. «Ça a vraiment fait connaître ma musique, surtout grâce aux radios bruxelloises et néerlandophones qui l'ont beaucoup diffusée. Grâce à ça, les gens ont compris qu'on pouvait aussi faire du rap conscient, du rap qui n'est pas seulement «flingues, bitches et drogue». Et puis grâce à cette chanson, j'ai pu mettre derrière moi l'histoire avec ma mère et on a aussi pu se revoir. On est allés le mois dernier au restaurant ma mère, ma sœur et moi. Je suis très content.»
J’aime mon pays, il n’y a rien de mieux que de jouer partout.
Il cartonne dans la partie néerlandophone du pays. Et la Wallonie? Évidemment, le rap (essentiellement) en flamand n’est pas des plus familiers aux oreilles du public francophones. Même au festival de Dour où il a joué devant des dizaines de milliers de personnes, le parterre était très majoritairement néerlandophone. Il était pourtant à Liège mi-novembre, au Reflektor. Pas peu fier d’être le premier rappeur néerlandophone à jouer au Reflektor. «Je suis très chaud de jouer en Wallonie. J’aime mon pays, il n’y a rien de mieux que de jouer partout. Je ne vais pas changer et commencer à chanter en anglais pour faire plus de business. Peut-être que je chanterai un peu plus en français que maintenant, mais je veux rester vrai. En même temps, la musique c’est universel. Moi je peux écouter du funk polonais, du psyché turc, du rap marocain, du reggae, du dub alors que je ne comprends pas tout. La musique c’est quelque chose qui soigne, qui fait du bien, peu importe la langue.»