WING: quatre associations au chevet des enfants soldats
Halte aux enfants soldats! Quatre associations lancent WING pour sensibiliser et plaider cette cause au niveau international.
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Publié le 16-11-2019 à 07h25
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La guerre n’est pas un jeu pour les enfants, War Is Not a Game, voilà pourquoi la plateforme WING a officiellement été lancée ce vendredi 15 novembre.
Si en 2012 l’ONU ne dénombrait «que» 3 150 cas de recrutement vérifiés, les derniers chiffres (2018) parlent de plus de double: il y aurait quelque 7 000 cas de recrutement d’enfants de par le monde, avec quelques pays pointés du doigt comme la Somalie, le Nigeria, ou la Syrie. Beaucoup d’autres cas ne sont pas confirmés en raison de l’accès difficile aux zones de conflit, mais à en croire les experts de terrain, il s’agirait plutôt de 250 000 enfants soldats.
Face à ce désastre humain et humanitaire, plusieurs associations belges ont uni leur volonté de faire bouger les choses. Soutenues par le Délégué général aux droits de l’enfant, trois associations (WAPA de Braine-l’Alleud, la Croix-Rouge de Belgique, Justice & Paix) et un centre de recherche (le GRIP), ont décidé d’unir leurs forces au sein d’une plateforme surnommée WING.
Pour la plateforme, la mission est triple: formuler un plaidoyer afin de prévenir et stopper le recrutement d’enfants; soutenir le désarmement, la démobilisation et la réinsertion; sensibiliser le grand public. De plus, le fait de développer la recherche sur le sujet, permettrait de disposer de données chiffrées actualisées qui font actuellement défaut et engendre un désintérêt progressif de la cause dans l’agenda des institutions internationales depuis 2000.
Pour que la Belgique en fasse son cheval de bataille
«Chaque État dispose de son arsenal juridique. Ce qui est important pour nous c'est que la Belgique plaide auprès de l'ONU pour la mise en œuvre du Protocole Facultatif de 2000 qui concerne l'implication d'enfants dans les conflits armés, et se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant», expose Frédéric Casier, conseiller juridique en droit international humanitaire à la Croix-Rouge de Belgique.
Sur le terrain cependant, les chefs de guerre ne sont pas toujours sensibles au droit international, d'où la nécessité une approche holistique… «Ce qui marche assez bien sur le terrain, c'est d'informer les chefs. Les commandants des groupes rebelles, au Congo par exemple, sont ignorants du fait qu'utiliser un enfant est un crime de guerre. Ils ne se sentent pas tenus par les conventions internationales. Mais on leur explique qu'ils peuvent adopter un code de conduite sur la question de la protection des enfants. Et ça marche… parfois.»
Pourquoi maintenant?
Ce n’est pas un hasard. Il y a un coup à jouer mais le temps presse. La Belgique est encore membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour un an et préside le groupe de travail sur les enfants et les conflits armés. WING encourage donc la Belgique à promouvoir au niveau international une série de recommandations sur la protection des enfants. La plateforme espère obtenir des résultats chiffrés d’ici 2021.
Une campagne de sensibilisation sur la thématique est prévue, notamment dans les écoles. En attendant, on considère qu’une quarantaine d’enfants belges sont partis combattre en Syrie et en Irak. L’intérêt de la Belgique et de la communauté internationale pourrait se réveiller avec le retour probable et imminent de ces enfants soldats.

WAPA: «Il y a aussi des filles qui font la guerre»
La problématique de la réinsertion des enfants soldats, c'est le dada de l'ASBL WAPA International, basée à Braine-l'Alleud. Véronique Cranenbrouck est l'une des fondatrices de WAPA International, elle explique : « L'image que les gens ont des enfants soldats est généralement stéréotypée : c'est le petit Africain portant une arme de guerre et un casque. En réalité, cette thématique recouvre des réalités bien différentes en fonction des pays dont on parle. Au Sri Lanka ou en Colombie, 30 % des effectifs combattants sont des filles. Souvent, au sein d'un groupe armé, qu'ils aient été recrutés par la force ou qu'ils se soient portés volontaires – généralement à cause de la pauvreté de leur milieu de vie -, les enfants occupent diverses fonctions : cuisiniers, porteurs, espions, ou sont utilisés à des fins sexuelles. Le mot « enfant soldat » regroupe tout cela. »
En 2018, seize pays étaient répertoriés par l'ONU. Ils étaient douze, six ans plus tôt. Mais l'ASBL estime que les conflits des « grandes personnes » font actuellement des jeunes victimes dans plus de vingt pays.