Musée juif: la perpétuité pour Nemmouche, 15 ans de réclusion pour Bendrer
Ce mardi à 0 h 15, la présidente de la cour d’assises de Bruxelles a prononcé les peines dans le cadre du procès de la tuerie du Musée juif. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue pour Mehdi Nemmouche qui écope de la perpétuité. Nacer Bendrer purgera une peine de 15 ans.
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Publié le 11-03-2019 à 00h49
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«La vie continue…». Trois mots prononcés par Mehdi Nemmouche juste avant que le jury ne se retire pour délibérer sur les peines. Pour l'auteur de la tuerie du Musée juif, la vie continuera, en prison. Régime de haute sécurité à perpétuité avec une mise à disposition de 15 ans par le tribunal d'application des peines. Soit le maximum dans les deux cas, c'est ce qu'avait requis le parquet. Le bout du tunnel est très loin… Ce mardi, peu après 0 h 15, la présidente a lu le prononcé des peines: perpétuité et mise à disposition de 15 ans. Absolument aucune circonstance atténuante n'a été reconnue!
Le jury et les juges ont donc entendu le parquet fédéral qui, en matinée, avait requis des peines exemplaires. «Si la réclusion à perpétuité doit être réservée aux cas les plus graves, il faut se dire qu'on a atteint le plus grave et qu'il y a une réelle nécessité de protéger notre société. Avec Mehdi Nemmouche, on a atteint l'extrême de l'extrême.»
«Ce fils de pute né»
Dans un dernier soupir, Nacer Bendrer suit le parquet. Ce dernier réclamait à son encontre un minimum de 30 ans de réclusion avec une mise à disposition de 15 ans. Le Marseillais, reconnu jeudi comme coauteur, semble payer lourdement son association d’infortune avec Nemmouche. Finalement, il ne sera condamné qu’à une peine de 15 ans et une mise à disposition de 5 ans alors que le parquet avait requis au minimum 30 ans.
L'auteur de la tuerie lui avait demandé des armes, il les a fourguées. Sans jamais poser de questions. Pour le jury, ça ne passe pas. Mais Bendrer se défend, une dernière fois. Si Nemmouche tue sur son passage, Bendrer martyrise la langue française. «J'ai honte d'être là, dit-il avec son accent marseillais. J'ai sali le nom de mon père et de ma mère. J'aihonte d'avoir croisé ce mec (NDLR: prononcez ce 'mac'). C'est pas un mec, c'est un monstre. Ça lui fait ni chaud ni froid. C'est un fils de pute né…».
Le jury lui a reconnu des circonstances atténuantes comme l'absence d'antécédent criminel et sa jeunesse dans un quartier difficile. Le jury a aussi constaté son empathie envers les victimes, sa capacité de réinsertion, son éloignement de l'islamisme radical et le faible risque de récidive. «Son comportement atteste d'un début de remise en question», a dit la présidente Laurence Massart.
La défense du Marseillais avait presque joué la carte de l'erreur judiciaire. Son avocat français, Me Julien Blot, avait tenté de culpabiliser le jury. Et il était revenu sur la culpabilité de son client, reconnu comme coauteur jeudi dernier. « Je trouve que vous êtes allés très loin». «Très loin», dit-il alors qu'il pense «trop loin». Nous aussi, on s'interroge sur le rôle attribué à Bendrer. Il s'apparente plus à un criminel de droit commun, fricotant avec les armes, mais pas à un terroriste islamiste radicalisé. Après-coup, on se dit que ce Bendrer aurait dû plaider coupable, reconnaître la fourniture d'armes et passer presqu'entre les gouttes. Là, il paye cher ce que ses avocats identifient comme «un sacrifice sur l'autel d'une politique sécuritaire».
Courtoy ne plaide pas
Au moment de prendre la parole pour plaider sur la peine encourue par son client, Sébastien Courtoy, abandonné par ses deux associés, a, une fois de plus dans ce procès, déstabilisé. «À la demande de Mehdi Nemmouche, nous ne comptons pas plaider sur la peine.» Pour justifier ce choix, il a brièvement rappelé l'enfance difficile de son client. «Bien avant le verdict de ce procès, on avait décidé de laisser reposer cette enfance assassinée et de ne pas la profaner». Selon lui, par rapport à son vécu, «les circonstances atténuantes, vous les donneriez les yeux fermés».
En le condamnant à la perpétuité, «en matière de terrorisme, vous ne sortez jamais. Si vous prenez cette décision, cet homme mourra en prison et vous lui administrerez une mort lente…»
En matinée, le parquet avait justement évoqué ce droit à la vie. «Le droit à la vie est un droit sur lequel on ne peut pas ergoter une seule seconde. Ils avaient tous les quatre le droit de vivre et Mehdi Nemmouche leur a retiré égoïstement ce droit».