Et si vous offriez recyclé? Chez Orybany, on dégotte 5 idées cadeaux qui ne gaspillent pas
«L’industrie textile est le 2e pollueur mondial. On mange bio, on se déplace à vélo, mais on continue à enrichir les géants de la mode». La réflexion de Juliette vous remue alors que vous cherchez le cadeau idéal? Et si vous optiez pour une création «upcyclée»? Le concept? Rien ne se perd, tout se transforme (en mieux).
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- Publié le 16-12-2016 à 07h33
Le ménage belge va dépenser 591€ en moyenne pour Noël. Parmi cette somme, le budget cadeaux se taille la part du lion, loin devant les p'tits fours. Pourtant, certains de ces cadeaux ne font pas sourire. Ce qui est surtout le cas des vêtements et accessoires: ils totalisent 30 % des cadeaux ratés.
Les suggestions proposées par Orybany apportent quatre solutions (au moins) à ces approximations. D’abord, une originalité sans faille puisqu’il s’agit de pièces uniques de créateurs. Ensuite, ces accessoires misent sur l’ «upcycling», la technique de recyclage créatif qui donne de la valeur ajoutée aux matières récupérées. Ce qui fait, en trois, que vous ne contribuez ni au réchauffement climatique, ni à l’exploitation de la main-d’œuvre en les offrant. Enfin, si vous pleurez ce 24 décembre un cadeau loupé sur les bras, vous pouvez toujours foncer rue des Tanneurs: les artisans exposés chez Orybany se feront une joie de lui donner une seconde vie tendance.
On fait le tri parmi les trouvailles de Juliette Berguet, l’une des têtes chercheuses d’Orybany. «Quand on sait que l’industrie textile est le 2e pollueur mondial après la pétrochimie, ça fait réfléchir», grince-t-elle. «On mange bio, on se déplace à vélo, mais on continue de s’habiller n’importe comment». Plus pour longtemps si vous suivez ces conseils.
+ Orybany, 50 rue des Tanneurs à 1000 Bruxelles. Du mercredi au samedi de 11h00 à 18h00, dimanche de 11h00 à 16h00
Fauteuils, sacs à café et treillis militaires

La gamme-phare d'Orybany, c'est le bébé de la cocréatrice du magasin, Liliane Malemo: Les Petits de Charles. «Charles, c'est le papa de Liliane. Il travaille dans l'import-export et nous fournit pas mal de matière première comme les palettes, les coffres de l'armée, les toiles militaires, les sacs de grains de café en toile, des ceintures, des rembourrages fleuris de fauteuils... Avec ces matériaux, Liliane crée des sacs à main (65€), des sacs à dos vélo (55€), des sacoches en bandoulières courtes ou longues, des pochettes à livre (18€)... On peut y voir d'anciens vêtements, comme ici une poche de la vieille veste en cuir de mon frère. La collection réutilise aussi beaucoup de cuir, comme ces échantillons qu'une dame nous a donné: elle tenait une boutique de fauteuils et ne savait pas quoi en faire. Nous oui!»
Chemises «homme» pour femmes

«Le problème de la chemise homme, c'est qu'elle ne s'use pas partout uniformément. Généralement, elle devient immettable quand le col, les manchettes et les aisselles souffrent. Mais tout le reste du tissu reste beau. Joseffa, basée dans le Brabant Wallon, récupère les chemises dans des urnes placées chez ses partenaires. Elle en crée des blouses (55€), des nuisettes (45€) et des shorties pyjamas (35€), des trousses à maquillage (27€) et même des peluches pour enfants (35€). Une gamme vraiment reconnaissable avec ces carreaux, ces lignes et ses motifs entrelacés».
Palettes, valises et résidus industriels

Autre vedette de chez Orybany: le designer Ben Artside, basé à Bruxelles et complètement focalisé sur l'upcycling. «Il récupère tout un tas de trucs et crée ses objets à base de résidus industriels comme les palettes (lampes, 45€), mais aussi d'anciennes lampes industrielles (lustre, 120€), de la maroquinerie (chaise/tabouret sur base d'une valise, 89€) ou du papier soigneusement plié».
Carton

Il est malin et design, ce petit mobilier des Cartons d'Anaïs: en kit de 3 ou 4 pans robustes, il se monte pour les heures de dessin ou de bricolage puis se démonte pour le rangement. «Anaïs récupère les cartons dans son quartier, chez les commerçants. Elle les découpe puis teste ses montages auprès de ses enfants avant de les répéter en série». Testés et approuvés donc, ces tables (45€), fauteuils (35€) et décors comme le théâtre de marionnettes et le sapin de Noël, gros succès paraît-il.
Jean et chaussettes

«Les pulls en grosse maille Remo (95€) sont tissés à partir de 80% de fibres de jeans recyclées. Par ailleurs, nous proposons aussi les jeans de la griffe Mud. Son créateur, le néerlandais Bert van Son, a travaillé pour de grandes multinationales du textile. Dégoûté par l'envers du décor, il a lancé ce processus de récupération des jeans usés dans les grandes villes. En résultent deux gammes: des jeans lavés, rapiécés et customisés qui repartent au service (59€) et des jeans tout neufs cousus avec du fil récupéré (98€)». Dans le même esprit et un peu moins cher, le projet parisien «Les Chaussettes Orphelines» tisse des paires neuves (18€) à base du fil détricoté de chaussettes ayant égaré leur moitié.
Et aussi

Si vous flânez dans les Marolles ces derniers jours avant Noël, Orybany vous garde quelques autres trouvailles. On aime les lampes (85€), planches à découper et décapsuleurs (10€) sculptés dans des chutes de bois par Mes Bijoux En Bois à Saint-Gilles. On a aussi repéré les bijoux forgés puis ornés de pièces de kimonos anciens par Tabito à Mousty, un couple belgo-japonais qui a longtemps habité au Pays du Soleil Levant. Et puis, pour cimenter vos liens familiaux et amicaux, le cadeau en béton viendra forcément de l'Atelier Brute, qui façonne colliers (15-17€), boucles d'oreilles (12-14€) ou vase (30€) sur de solides bases.
Orybany: le trône de savoir-faire

Chez Orybany, au 50 rue des Tanneurs, tout est recyclé. Du décor qui allie pagaies-portemanteaux et tringles de bouleaux aux créations exposées, du comptoir (avec la carte de Game of Throne glissées sous la vitre) aux paravents de palettes qui séparent boutique et atelier, des tabourets de couture aux poufs en toile de sacs à café. C’est chaud, boisé, peinturluré des tissus bariolés récupérés partout dans Bruxelles.

Le concept remonte à 3 ans. «Liliane a fait ses études à la London School of Fashion. Elle s’amusait à faire les poubelles après les défilés. De ces tissus récupérés, elle faisait des cadeaux», remonte Juliette Berguet, cofondatrice d’Orybany. Depuis deux ans, la boutique des deux belgo-congolaises dispose de la plus grande vitrine des Marolles ou presque.
Mais ce volume immense est aussi dédié à l’atelier de Liliane et se veut espace de rencontre. «Dans le cadre du contrat de quartier, on a par exemple offert des cours de couture gratuitement aux dames du voisinage. On organise aussi des anniversaires d’où les enfants repartent avec leur création». Ou comment apprendre en s’amusant que le made in China n’est pas la seule alternative.

Liliane Malemo et Juliette Berguet ont fait de l'upcycling leur raison de vivre. «Ce n'est pas du bricolage, mais de la valeur ajoutée, du fait-main pur», insiste la seconde, qui se charge surtout de donner une visibilité au lieu. «Mais nos ambassadeurs, ce sont nos créateurs. Ils viennent de partout et m'appellent tous les jours pour pouvoir exposer. Généralement, ils passent d'abord par le Re:creation Hall, un marché qu'on organise chaque 2e dimanche du mois aux Tanneurs. Pour ces outsiders, c'est très important: c'est souvent une porte d'entrée vers le commerce». Et une porte de sortie au gaspillage.