Brussels Airlines «perdante sur tous les plans» dans sa reprise par Lufthansa
Le rachat à 100% de Brussels Airlines par le groupe Lufthansa et son intégration progressive au sein d’Eurowings d’ici à 2018 ne constituent pas une bonne nouvelle, selon l’économiste, avocat et professeur à l’UCL Robert Wtterwulghe.
Publié le 15-12-2016 à 18h55
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Robert Wtterwulghe se disait pourtant plus optimiste quant à cette opération avant d’en connaître les détails, communiqués publiquement jeudi. «Nous sommes perdants sur tous les plans», résume-t-il, s’étonnant que Brussels Airlines ne jouisse pas du même statut que les compagnies Austrian ou Swiss, elles aussi membres de la galaxie Lufthansa mais qui ont pu garder leur nom.
L’économiste, spectateur attentif du secteur aéronautique, estime que le message délivré jeudi n’est pas clair. «On a d’abord donné une information positive avec la conclusion de la reprise à 100%, suivie de la partie négative avec l’intégration dans Eurowings.» Cet adossement à la filiale de Lufthansa portera atteinte à la compagnie belge, prédit-il, faisant écho à sa réputation de low-cost. «L’image de marque de Brussels Airlines -sur l’Afrique notamment-, qui est bonne et synonyme de haut de gamme, risque d’en pâtir. Cette opération va annuler toutes ses spécificités.»
«Pas besoin de manger une société pour en copier son modèle»
Si Eurowings devrait profiter de l’expérience du modèle hybride de Brussels Airlines, mêlant les spécificités des compagnies à bas coûts et classiques, pour progressivement évoluer vers une plate-forme paneuropéenne dotée d’un large réseau long – et court-courrier, Robert Wtterwulghe ne voit pas là une raison de faire disparaitre la marque belge. «Pas besoin de manger une société pour en copier son modèle! Ce n’est pas une justification plausible», répond-il.
L» économiste pointe d’ailleurs une «discrimination stratégique très nette» entre la compagnie belge et Swiss ou Austrian, qui ont également été rachetées par le groupe Lufthansa mais qui n’ont pas été intégrées à Eurowings. «Cela va poser un certain problème au sein du personnel et pourrait en briser l’harmonie et la motivation», pense-t-il. «Les Allemands ont-ils bien analysé la portée d’une éventuelle modification de nom? «, s’interroge-t-il encore.
D’après le professeur à l’UCL, Brussels Airlines va disparaître dans un ensemble plus vaste, où le risque de dilution est élevé. «Les actionnaires belges y ont perdu: ils voulaient une entreprise nationale et elle ne le sera bientôt plus.»