Les 20 km de Bruxelles lui ont sauvé la vie
«J’ai dû courir pour sauver ma peau.» Et courir, Georges Kin, le fait très bien…. Ce miraculé de Maelbeek participera dimanche, pour la 37e fois, aux 20 km de Bruxelles.
- Publié le 23-05-2016 à 07h21
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Il y a deux mois, le 22 mars, Georges Kin, 74 ans a échappé par miracle à la mort dans le wagon 2 de la rame de métro qui s'arrêtait à la station de Maelbeek. Il se rendait au bureau des 20 km de Bruxelles, rue de la Chapelle. « Depuis la création des 20 km de Bruxelles en 1980, je n'ai raté aucune édition. Je voulais modifier mon inscription, un petit détail. J'avais envie que mon Club, le Racing Club de Bruxelles apparaisse à côté de mon nom.»
Il est 9 h 11. Trois secondes avant le drame. « J'étais assis sur un siège, deux filles étaient debout, le sourire en coin. Je les ai invitées à prendre ma place. Je suis un homme pressé. Et j'avais envie de me placer près de la porte pour être le premier à sortir. Il ne leur restait plus que deux secondes à vivre. .. Trois secondes après, ce fut l'explosion terrible qui me projette et me plaque au sol avec un tas d'objets qui volent dans tous les sens.»
1.Premier miracle Aucun objet n'atteint directement Georges Kin. «Mais je vois une boule de feu incandescente brûlant tout sur son passage. Elle m'avale. Serait-ce la fin?»
2. Deuxième miracleet premier instinct de survie. Georges Kin protège son visage avec ses mains. Son visage sera épargné. Mais pas les mains et le crâne, brûlés au second et troisième degrés.
3. Troisième miracle Ses jambes fonctionnent. Et par instinct de survie à nouveau, Georges Kin se lève et court pour sortir du brasier le plus vite possible. « Je suis debout. Et je ne sais comment, sans savoir pourquoi, il y a des flammes partout. J'apprendrai par la suite que la chaleur dans la rame après l'explosion pouvait dépasser les 600 degrés. Je vois une porte forcée et ouverte dans un décor indescriptible de cendres. À l'intérieur, on ne voit plus rien. Une fumée âcre m'empêche de respirer.»
4.Quatrième miracle Georges Kin a toujours l'usage de ses jambes et il réussit à se propulser, comme dans sa prime jeunesse, quand il courait les 20 km de Bruxelles en 1 h 15. «J'ai bondi vers les escaliers en enjambant les trous. L'air est un peu plus respirable. Je trouve des marches en pierre. Puis enfin la rue de la Loi. Personne ne m'a suivi. Je suis seul. Le trafic est dense et la rue a son aspect normal. C'est là que je vois ma bottine remplie de sang. Un policier m'invite à m'asseoir sur le bord du trottoir. On me pousse dans une voiturette, d'une route à l'autre. Un journaliste me croise et je lui dis: " J'ai dû courir pour sauver ma peau ".»
L’instinct du coureur de fond
Quand les secours commencent à s’organiser, Georges Kin se rend compte qu’il vient d’échapper à un attentat.
« Je suis dans un hôpital provisoire et l'émotion m'étreint en voyant des personnes mourantes ou entièrement brûlées. On place des plaques sur chaque victime suivant la gravité de leur état. Des plaques noires pour les morts, des rouges pour les blessés graves. Pour moi, ce sera une orange. Et un séjour de 15 jours à l'hôpital Edith Cavell dont trois aux soins intensifs pour des brûlures aux second et troisième degrés sur les parties de mon corps qui n'étaient pas protégées. Ainsi qu'un tympan perforé.»
Son analyse, deux mois après le drame:
«J’ai eu une chance inouïe. Je peux dire que les 20 km de Bruxelles m’ont sauvé la vie. Je m’entraîne 3 ou 4 fois par semaine, j’ai une bonne hygiène de vie. Sans cette condition physique, à 74 ans, je pense que je serais resté dans le brasier.»
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