1.000 tracteurs en colère à Bruxelles
Lundi et mardi, les agriculteurs manifestent à Bruxelles. Car depuis la crise du lait en 2009, rien n’a vraiment changé.
Publié le 24-11-2012 à 07h00
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Trois millions de litres de lait déversés dans des prairies à Ciney: en septembre 2009, au plus fort de la crise laitière, l’image avait frappé les esprits. Trois ans plus tard, les choses ont-elles vraiment changé pour les producteurs?
Ils vendent certes leur litre de lait quelques centimes de plus qu’à l’époque et la coopérative Fairebel mise en place par certains d’entre eux à l’époque apporte aujourd’hui aux coopérateurs un prix équitable pour quelques milliers de litres par an.
Mais pour le reste, le secteur souffre toujours du même mal: le prix du lait vendu aux laiteries ne couvre toujours pas les coûts de production. Et avec la suppression des quotas annoncée par l’Europe pour 2015, les choses risquent d’empirer…
Europe et grande distribution en ligne de mire
Une situation qui ne concerne évidemment pas que les agriculteurs belges. C’est la raison pour laquelle, ces lundi et mardi, l’organisation européenne European Milk Board (EMB) qui défend les intérêts des producteurs de lait européens va se rappeler au bon souvenir des eurodéputés.
Avec 1 000 tracteurs à l’appui, dès lundi après-midi ils s’installeront dans le quartier européen et défileront dans les rues de la capitale mardi en début d’après-midi.
Outre les perturbations routières (les convois de tracteurs ont reçu l’autorisation d’emprunter les autoroutes pour se rendre à Bruxelles), le moment chaud de ces deux jours de manifestation pourrait avoir lieu à Zellik.
Une partie des agriculteurs a en effet l’intention de bloquer, lundi matin, le centre logistique de Delhaize. Car la marque au lion symbolise les maux des agriculteurs européens: la grande distribution.
«Nous réclamons la transparence sur les marges dont bénéficie la grande distribution», explique Gwenaëlle Martin. Pour l’attachée politique de la FUGEA (fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs), la manière dont les grandes surfaces établissent le prix de vente du lait (mais aussi de la viande) est totalement opaque et génère des marges abusives alors que le producteur n’est même pas payé dignement.
Comment expliquer, demande-t-elle, qu’un agriculteur ne gagne même pas 30 cents sur un litre de lait entier vendu 1 à 1,10€ en magasin? Pourquoi le kilo de jambon vendu entre 15 et 25€/kilo en grande surface ne rapporte-t-il que 2 à 3€ à l’éleveur de porc?
«Même le SPF économie n’a pas réussi à déterminer les marges que prennent la grande distribution et les intermédiaires. Ce qu’il faut, et nous le réclamons depuis des années, c’est un observatoire des prix efficace et neutre.» Un organisme qui, n’en doute pas la FUGEA, permettrait de mettre fin aux «marges abusives» des grandes surfaces et des intermédiaires.