Médiation : Pour en finir avec quelques idées fausses
La médiation, tant pénale que restauratrice, est peu connue et peut donc véhiculer quelques craintes, incompréhensions ou clichés. En voici quelques-uns.
Publié le 17-10-2012 à 20h43
* Lors d'une médiation, l'auteur de l'infraction risque de me manipuler. - c'est faux. Ou du moins, les observations sur le terrain ne permettent pas de le confirmer. "On ne voit pas tant de manipulation que cela, même quand l'enjeu est important", note Christophe Mincke, professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis et auteur d'une thèse sur la médiation pénale. "En fait, le conflit est très important pour les personnes, c'est essentiel pour elles de garder leur vision, leur position et, surtout, de ne pas perdre la face."
On pourrait soupçonner l'auteur de l'infraction de chercher à obtenir un avantage, comme l'abandon des poursuites ou une libération anticipée. Ce soupçon ne s'applique en tout cas pas à Michelle Martin, puisqu'elle a déjà obtenu sa libération conditionnelle. "C'est intéressant qu'elle ait fait la démarche maintenant. Ca veut dire qu'elle a d'autres intérêts que les siens et qui pourrait indiquer qu'elle a réfléchi en prison", souligne Christophe Mincke.
* La médiation n'est possible que pour des injures ou des vols, pas pour des faits vraiment graves. - c'est faux. "Il est parfois plus difficile de revenir en arrière et d'admettre que l'on s'est trompé, qu'on a mal agi, dans un dossier où deux protagonistes se sont donné une paire de gifles que dans un dossier plus lourd." Entrer dans un processus de médiation, et surtout le faire réussir, demande une grande capacité de remise en question. "Et cela, certaines personnes arc-boutées sur leurs principes et leur vision du monde en sont incapables."
* Il est plus facile de rencontrer la victime en personne que de lui répondre par écrit. - Pas forcément. Toutes les médiations n'aboutissent pas à la rencontre entre l'auteur et la victime. Parce que les phases préparatoires ont déjà permis d'aplanir le différend ou de répondre aux questions. Ou parce que la rencontre physique est trop difficile à accepter.