Key West, le retour : les promoteurs reviennent avec leur demande de permis pour 524 logements au bord du canal à Anderlecht
Immobel et BPI présentent une version légèrement différente de leur projet Key West mais cette fois accompagner d’une étude d’incidence. L’absence d’enquête leur avait coûté leur précédent permis
Publié le 23-02-2023 à 12h17
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Le projet Key West est de retour dans la zone du canal à Cureghem où les logements poussent comme des champignons. Accordé dans un premier temps, le permis d’environnement du site avait été annulé notamment suite à un recours d’Inter Environnement Bruxelles. Claire Scohier, qui suit le dossier pour IEB, nous explique la situation : “la modification du Code Bruxellois de l’aménagement du territoire (Cobat) avait allégé les règles d’obligation d’étude d’incidence. Avant, un projet avec 200 places de parking devait en produire une. Le seuil a été relevé à 400 places. Le projet Key West en prévoit 383. La première version du projet n’intégrait donc aucune étude d’incidence. Mais nous avons introduit un recours contre ce nouveau seuil de 400 qui a été annulé retombant donc à 200.” Le nouveau projet Key West avait donc l’obligation de produire cette étude et c’est chose faite. C’est quasiment le seul changement dans les nouveaux plans.

Les promoteurs Immobel/BPI prévoient toujours le même nombre de logements (524) et toujours le même nombre de place de stationnement (383 sur deux niveaux en sous-sol). Quelques gabarits ont été revus notamment pour réduire l’impacte de l’ombre sur le parc Crickx (de l’autre côté des voies de chemin de fer). Le bâtiment A qui fait face à la rue Gouverneur Nens est en forme de L. Sa hauteur diminue de deux étages, mais cette baisse est compensée par une augmentation de deux étages de la base du L. Le bâtiment C (la petite tour), côté rue du Sel, baisse également de trois étages passant d’un rez-de-chaussée (RDC) plus 17 étages plus le toit à un RDC + 14 + toit. Cette baisse est également compensée grâce à l’augmentation d’un niveau des bâtiments E, F et G côté digue du canal. La grande tour de 25 étages et de 84 m de haut, symbole emblématique du projet et normalement futur point culminant du quartier, est maintenue. Les espaces verts sont également améliorés et la crèche (de 42 places) prévue dans le bâtiment C aura un espace extérieur ce qui n’était pas le cas initialement.

Presque 1 000 emplacements vélo sont programmés ainsi qu’un supermarché dans le Bâtiment A, des espaces pour des activités productives et pour des entreprises dans les bâtiments B et des cellules commerçantes aux rez-de-chaussée des autres bâtiments où l’on peut imaginer l’implantation d’Horeca.
IEB s’inquiète toujours de voir aboutir un projet “trop dense” qui favoriserait une gentrification dans le quartier avec des prix de vente des appartements trop élevés. “Aucun logement social n’est prévu alors qu’à d’autres endroits, on impose une part de logements sociaux dans des projets de cette taille. Cela pourrait être négocié en commission de concertation, mais ce n’est pas bon signe si cela n’a pas été fait en amont de l’enquête publique (qui s’achèvera le 23 mars).

Un recours devant le conseil d’État court toujours concernant le permis d’urbanisme de l’ancienne version du projet. “Mais si le nouveau permis est accordé, ce recours sera caduc.” Des préoccupations partagées par certains riverains regroupés au sein du collectif No Key West. “On va continuer de se battre contre le logement de luxe. On veut que Cureghem reste populaire,” commente Louis, membre du collectif. En mai dernier un groupe d’opposant au projet avait occupé l’ancien bâtiment Iris TL (formation en logistique) situé en lieu et place de la potentielle future grande tour avant de se faire expulser par arrêté du Bourgmestre.

Les promoteurs pour leur part expliquent avoir amélioré le projet et compte proposer aux futurs habitants “des logements à prix raisonnable, permettant de consommer moins avec un plus grand confort tant en hiver qu’en été.” Concerne les prix de vente, cela “dépendra du moment où nous serons autorisées à commencer. Cela coûtait moins cher de construire en 2021 qu’en 2024 et le poids financier du dossier est ce qu’il est.” Les promoteurs assurent “cette fois” être “en parfaite symbiose avec le réaménagement des quais qui sera mené par la Région et dont les plans ont été mis au point.”
