Agressions, menaces, trafics de drogue, la milice populaire impuissante dans le quartier de Cureghem: «Les habitants en ont marre!»
Lassés du manque d’action de la part de la police, les habitants s’unissent pour faire régner l’ordre. Mais les résultats ne sont pas bons.
- Publié le 23-07-2022 à 16h44
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Trafic de drogue, agressions physiques et verbales, incivilités en tous genres. Les tensions sont nombreuses dans le quartier de Cureghem, à Anderlecht. Lassés du manque d’action de la police, en sous-effectif constant, les riverains de ce quartier populaire ont décidé de s’unir il y a un an et demi pour faire régner l’ordre. Mais depuis lors, la situation continue malgré tout de se dégrader.
À la fin du mois de juin, le patron d’un café situé sur la place du Conseil a été victime d’une violente agression. Il pointe du doigt l’inaction de la commune. "En tant que riverains, nous craignons pour notre intégrité physique. J’ai été agressé après avoir essayé de faire comprendre à un attroupement de personnes devant mon café qu’ils causaient de nombreuses nuisances. Mes remarques n’ont pas plu à l’un des individus de cette bande qui m’a alors frappé au visage. Je suis tombé et il a continué à me frapper alors que j’étais allongé sur le sol. La scène a été filmée. La police et l’ambulance sont arrivées sur place. La muqueuse de ma bouche a été déchirée sur toute sa longueur et j’ai dû être recousu. Je souffre également de douleurs à la nuque, à la mâchoire et aux côtes", explique le gérant.
"J’avais des voyages d’affaires à l’étranger et j’ai dû tout annuler, ce qui implique une perte financière. Cette situation ne peut plus durer mais lorsqu’on appelle la police, elle nous répond qu’elle est impuissante. Il faut absolument tout mettre en œuvre pour faire régner l’ordre. J’appelle mes voisins à continuer à porter plainte et ne pas se laisser intimider par les menaces de représailles ", poursuit-il.
Marché pirate
Le trafic de drogue à Cureghem se passe à ciel ouvert, et les riverains ont dès lors décidé d’agir par eux-mêmes en menaçant les gérants de certains établissements de les dénoncer à la police s’ils continuent à provoquer des attroupements de jour comme de nuit. "Les habitants du quartier en ont marre! Marre des dealers de crack, marre des attroupements, marre des nuisances, marre de tous ces dépôts clandestins qui polluent nos rues! Fatigués, à bout, les habitants du quartier ont décidé de prendre les choses en main", regrette Mohamed.
Cette situation a déjà fait l’objet de plusieurs interpellations par le chef de l’opposition MR Gaëtan Van Goidsenhoven. "Je suis très inquiet. On se souviendra qu’il y a un an et demi, la population de Cureghem a décidé de se substituer à la police qui ne parvenait pas à mettre un terme au marché pirate autour de la station de métro et aux nombreux faits de délinquance. L’impuissance du collège est pointée de façon permanente par les riverains exaspérés et désespérés. Pas un jour ne se passe sans que nous recevions une foule de message où pointent le désespoir et la colère. La réponse communale cède dangereusement – une nouvelle fois – à la résignation", regrette-t-il.
Contacté, le bourgmestre Fabrice Cumps assure prendre cette problématique au sérieux. "Des habitants se sont en effet réunis pour demander à certains cafés qui font du bruit la nuit de se calmer. Mais l’intervention a mal tourné et il y a eu confrontation entre différentes bandes. J’ai rencontré les habitants mardi et je leur ai confirmé notre politique qui est de fermer les cafés avec incivilités. J’en ai déjà fermé beaucoup mais cela prend du temps", conclut-il.