René Weiler : « Je savais qu’on battrait Bruges »
Il y a pile cinq ans, le RSCA remportait son dernier trophée avec le titre de champion 2016-2017. On a fêté l’anniversaire avec René Weiler, le coach de l’époque.
Publié le 18-05-2022 à 06h00
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Àl’approche de la mi-championnat au Japon, René Weiler (48 ans) est en tête avec les Kashima Antlers, le club où il est arrivé début février. Après son succès contre Sapporo (4-1), le Suisse a pris le temps de répondre à nos questions depuis l’autre bout du monde. Le titre de 2016-2017 avec Anderlecht, c’était il y a exactement cinq ans et il n’a rien oublié. "Ce fut une saison assez dingue, avec une fin magnifique mais aussi de moins belles choses avant."
Les supporters n’appréciaient pas votre philosophie de jeu basée sur la réaction plutôt que l’action. Vous n’étiez pas très populaire auprès des journalistes…
Oui, il y a eu des choses étranges. Mais je préfère ne plus trop en reparler. Dans ma tête, le positif prédomine. Quand j’y repense, je me dis que j’ai aimé travailler pour Anderlecht. Je crois aussi que tous les supporters ne pensaient pas la même chose. Après mon licenciement la saison suivante, j’ai reçu pas mal de témoignages de sympathie. Ça m’avait fait très plaisir.
Les anciens d’Anderlecht, joueurs ou entraîneurs, disaient que vous ne respectiez pas la tradition du club avec votre jeu défensif.
Et je répète la même chose: la tradition ne marque pas de buts. Les choses évoluent dans la vie. Quand mes enfants étaient petits, j’aurais aimé qu’ils aiment les mêmes dessins animés que moi à l’époque. Mais ils avaient envie de regarder de nouvelles choses et c’était bien normal. Il ne faut pas vivre dans le passé. Je retiens que, cette année-là, j’ai replacé Anderlecht sur le plan national et international tout en faisant augmenter la valeur de plusieurs joueurs.
Ce titre de champion à Anderlecht conquis le 18 mai 2017 après une victoire à Charleroi, c’est le plus beau moment de votre carrière de coach?
Je vais vous surprendre mais non. J’ai eu beaucoup de beaux moments dans ma carrière de coach et ceux qui me restent le plus ne sont pas liés à un titre. Mais ça ne veut pas dire qu’être devenu champion de Belgique n’est pas un bon souvenir hein (rires).
Il y avait beaucoup de pression cette saison-là. Herman Van Holsbeeck avait même pris la décision de vous limoger fin novembre si vous ne gagniez pas à Qabala dans les poules d’Europa League. Finalement, le Sporting s’impose en Azerbaïdjan en marquant deux fois dans les arrêts de jeu (1-3)...
Je vous l’ai dit: je n’ai pas trop envie de me rappeler des mauvaises choses. Je préfère retenir qu’on avait une équipe à la mentalité extraordinaire et que la saison a été magnifique.
En plus du titre en Pro League, Anderlecht avait fait un beau parcours européen avec une élimination en quart de finale, après prolongation, contre Manchester United.
Oui, il n’avait pas manqué grand-chose dans ces deux matchs contre Manchester. Et si on avait pu les éliminer, on aurait vraiment commencé à penser qu’on pouvait gagner cette Europa League. D’ailleurs, c’est Manchester qui a soulevé le trophée.
Cette double confrontation contre Manchester, c’est la meilleure prestation de vos joueurs?
C’était très fort mais je retiens la rencontre après cette élimination contre Manchester. On recevait le Club Bruges seulement trois jours plus tard. On avait joué une prolongation, il y avait de la fatigue, le voyage et la déception. Tout le monde nous voyait perdre contre Bruges. Mais j’étais certain qu’on allait l’emporter. Je l’avais dit à mon staff dans l’avion qui nous ramenait de Manchester. Et c’est ce qu’il s’est passé: on gagne 2-0 en dominant le match de A à Z. Un grand souvenir. C’est le match où j’ai pris le plus de plaisir, même si le succès à Charleroi en play-off qui nous assure le titre était un moment à part, forcément.
Ce qu’il reste aussi de cette saison, c’est la progression de Youri Tielemans et Leander Dendoncker sous vos ordres.
Je pense que c’est quelque chose que je fais bien. J’ai pu aider pas mal de joueurs à progresser. Quand je suis arrivé, Youri et Leander n’étaient pas très en forme mais ils avaient de la volonté. Et évidemment énormément de talent. J’ai vite su que j’allais me fier à leur talent au milieu. Au fil de la saison, ils sont devenus très bons et très costauds physiquement. Ils étaient le moteur de mon équipe. Ensuite, ils ont rapporté beaucoup d’argent au club, même si Leander avait perdu de la valeur après mon départ.
Avez-vous encore des contacts avec des joueurs de cette saison à Anderlecht?
J’ai des contacts directs avec deux ou trois joueurs mais c’est une ou deux fois par an, pas plus. Le temps passe vite malheureusement. Mais je continue à suivre tout ce que font les joueurs de cette saison. Et évidemment les résultats d’Anderlecht.
Que pensez-vous de la saison actuelle du RSCA?
C’est dommage de ne pas avoir pu remporter un titre avec la finale de Coupe contre Gand. Je n’imaginais pas qu’en 2022, le titre de 2017 serait le dernier trophée en date à Anderlecht mais il y a une nouvelle direction qui commence une nouvelle ère. Il faut la laisser travailler sereinement..
Pourriez-vous revenir entraîner un club belge un jour?
Le championnat belge est passionnant, avec quatre ou cinq équipes très attractives. On y travaille de façon professionnelle et avec de l’ambition. Mais un entraîneur ne maîtrise pas tout. Il faut observer et voir ce qui s’offre à vous quand il y a des possibilités. Vous savez, le monde du foot est parfois bizarre. Les gens qui prennent les décisions ne savent pas toujours juger si un coach est bon ou pas.
Après avoir entraîné en Égypte (Al Ahly), vous voilà au Japon. Pourquoi cette destination inhabituelle?
L’Asie est le troisième continent sur lequel je travaille. Chaque culture vous apporte de nouvelles choses, en tant qu’être humain mais aussi comme entraîneur. Le Japon est un pays passionnant. La culture est inspirante et les Européens devraient en prendre de la graine: pas de haine, pas de crime, des gens humbles et heureux. Le niveau du football y est bon aussi. Avec des infrastructures de très haut niveau. La vie y est vraiment agréable, avec notamment une cuisine délicieuse. Mais il y avait aussi pas mal de bons restaurants à Bruxelles (sourire).