Bruxelles s’emballe pour le zéro déchet (2) | Looops fait rouler le jouet en circuit fermé
NOTRE SÉRIE (2) | Que faire des cubes et hochets de votre enfant quand vient le temps des figurines ou jeux de plateau? Plutôt que de vous précipiter en magasin tout en gavant votre grenier, pensez à Looops: la start-up du bord de canal récolte et recycle les jouets cabossés. Avant de les louer, les revendre ou les donner. Histoire de boucler le circuit des petites voitures.
Publié le 15-05-2018 à 09h04
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AVANT DE LIRE
, c’est cette nouvelle façon de consommer plus «responsable» qui cherche à diminuer l’utilisation d’emballages ou le gaspillage alimentaire, voire prône le réemploi ou le recyclage pour produire à nouveau. Le but évident: réduire son impact sur l’environnement.
Bruxelles voit de plus en plus d’habitants se «convertir» à cette philosophie, qu’elle soit affaire privée ou moteur professionnel. Les prochaines semaines, L’Avenir part à la rencontre de ces Bruxellois qui ont embrassé le concept. Start-ups, magasins, entreprises, bars et restos ou simples citoyens, n’en jetez plus: ceux-là font tourner la roue du circulaire.
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Le tyrannosaure rugit, les yeux rouges de colère. Imperturbable, un policier règle la circulation entre un minibus rose et une voiture de sport aux pneus démesurés. Imperméable à la scène, une dame en noir se languit, désinvolte, le coude de polystyrène appuyé sur un coffre à jouets. D’où s’échappent des pièges à souris de plastique flashy.
Non, Pixar ne vient pas de balancer la bande-annonce surprise d'une nouvelle déclinaison de «Toy Story». Simplement, les équipes de Looops trient le dernier arrivage de jouets reçu dans leurs locaux du Recy-K, l'écopôle bruxellois du bord de Canal où recyclage et économie circulaire colonisent les cellules de parpaings. «Ça me fait souvent remonter en enfance», sourit Catherine Dupont, qui dope sa carrière dans la logistique ferrée par quelques heures hebdomadaires de bénévolat.
20m3 de jouets récupérés

Looops est né en 2016 d’un constat simple: les enfants grandissent et, comme dans le film de Pixar, abandonnent leurs jouets. Que faire de ces peluches, figurines, autos ou cubes délaissés? Alors que dans la maison voisine, on achète des jouets neufs, la surconsommation tourne en boucle comme un petit train sur son circuit électrique...
C’est pour enrayer ces habitudes que Magali Ronsmans a lancé ses premières collectes, après un passage par l’incubateur régional Greenlab. «Depuis la création, on doit avoir atteint les 20m3 de jouets récupérés», calcule celle qui avoue une véritable passion pour la réutilisation. Et qui envisage son bébé comme médium d’évangélisation. «On espère vraiment éveiller ce souci citoyen du réemploi chez les particuliers, mais aussi auprès des entreprises et leurs employés» (lire cadrée).
Hôpitaux et cabinets de médecins

Quand les jouets arrivent au Recy-K, les bénévoles de Looops les trient sur base du label européen qui garantit leur conformité et leur sécurité. 50% à peu près sont conservés. «On vérifie s’ils sont complets et on envoie les jeux électroniques chez Oxfam car on ne les garde pas», précise Magali Ronsmans. «C’est ensuite L’Ouvroir, entreprise de travail adapté, qui les nettoie. Les jouets sont étiquetés puis retriés en fonction de l’âge et de leur catégorie. On pioche dans les stocks en fonction des demandes».
Pour l'instant, le service de Looops ne s'adresse aux particuliers que sous forme de packs « surprise » de 5 et 10 pièces, calibrés en fonction de l'âge de l'enfant et le type de jouets souhaité. Une formule «abonnement» permet de maximaliser leur usage. Elle a trouvé écho auprès des cliniques Sainte-Anne, pour équiper la salle d'attente de pédiatrie. De quoi donner des idées aux cabinets privés. Le système séduit aussi le magasin «Au Rayon Bio» à Jette et le resto «L'Amour Fou» à Ixelles. Enfin, des jouets Looops se retrouvent dans les cadeaux de naissance de «Tale Me», le service de location de vêtements d'enfants. Ce qui n'est pas une surprise tant ces deux entreprises bruxelloises semblent sur la même longueur d'ondes.


Les troupes de Looops ne s’improvisent ni infirmiers qui rendent vie aux figurines blessées, ni garagistes minutieux qui remettent sur roues les petites voitures cabossées. «C’est une question de sécurité», explique Magali Ronsmans. «On met parfois quelques petites vis manquantes ou on fignole un tissu avec un peu de couture mais c’est tout. Alors si un petit bricoleur voulait nous rejoindre pour repeindre ou réparer quelques jouets, on l’attend avec plaisir».
L’appel est lancé à ceux qui sont persuadés que le jouet, c’est pas (uniquement) chinois.
L'entreprise, plateau de jeu préféré de Looops
Le plateau de jeu de Looops depuis sa fondation, ce sont surtout les entreprises. Qui sont d'ailleurs ses premières pourvoyeuses en matière première. «On place un bac sur leur site pendant 15 jours en échange de petits frais logistiques. C'est une façon de doper la récolte mais les entreprises peuvent aussi offrir la collecte à une association», nuance Magali Ronsmans. Un bac Looops, ce n'est donc pas une poubelle, mais un réel engagement sociétal.
«On propose aussi du team building dans nos locaux avec une sensibilisation à l'économie circulaire», élargit la fondatrice. «Dans ce cas, le personnel est invité à nous aider. Enfin, on organise des marchés au sein de l'entreprise: les employés peuvent y acheter des jouets, mais aussi financer des dons que l'entreprise pourra offrir à des enfants défavorisés».

+ Les collectes de jouets de Looops se font essentiellement en entreprise. Néanmoins, vous pouvez déposer vos dons à la Kantine du Canal, le resto du Recy-K (quai Demets 55 à 1070 Anderlecht)
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