Le Boeremet en quête de clients
Presque trois mois déjà que les abattoirs d'Anderlecht accueillent le Boeremet. Ce rendez-vous artisanal bimensuel est plus qu'un marché, c'est le "nec plus ultra de l'art maraicher". C'est surtout une ambiance particulière et des découvertes culinaires. Les plaisirs y sont nombreux. Mais pas les clients.
Publié le 21-11-2011 à 10h34
C'est un peu un marché de noël avant l'heure: lampions, braséros et musique d'ambiance rythment le parcours des échoppes. Depuis le 1er septembre, une trentaine de producteurs et de négociants locaux se retrouvent deux fois par mois aux abattoirs de Cureghem pour proposer des fruits et des légumes frais, des fromages et des salaisons fins, des produits saisonniers et autres délicatesses du terroir. Ici au Boeremet, tous les commerçants ont signé une charte les engageant à n'offrir que des produits artisanaux. C'est du fait main ou du bio.
"Et c'est délicieux!", s'enflamme Alain. Devant l'étal d'Annic et Thomas, il explique combien "ces fruits et légumes sont d'une extraordinaire qualité". "Je sais de quoi je parle", tient-il à préciser, "j'ai été chef de cuisine pendant 20 ans". Un peu plus loin, et son marché fini, Christiane sirote un verre avec des amis. "Le décor est unique et l'ambiance conviviale", lance celle qui désormais se qualifie d'"habituée". Il y a encore ceux qui dansent sur les sons latinos du petit orchestre, ceux qui dégustent un minestrone de légumes bios ou une portion d'escargots.
Bref, il semble évident que le Boeremet à tout pour plaire. Et pourtant... Ils ne sont pas nombreux les clients.
"C'est une véritable catastrophe aujourd'hui" regrette Annic. "Les gens ne sont pas nombreux et regardent plus qu'ils n'achètent", ajoute Liliane. La fromagère hésite même à prolonger l'expérience: "on est plusieurs ici à se dire qu'on lâchera l'affaire si en janvier rien n'a changé".
Qu'est-ce qui ne va pas alors? Evaluons
Les moins
+ Le lieu: les abattoirs de Cureghem, c'est loin pour certains. Le coin n'a rien d'attirant, il est même peu sécurisant. Il est surtout en décalage avec le concept du Boeremet. Ce marché se positionne dans le "haut de gamme" et attend donc une clientèle un peu différente, un peu bobo, celle qui finalement fréquente les marchés de Flagey et du Châtelain.
+ Le rythme: le Boeremet, c'est seulement les 1er et 3e jeudis du mois. Dès lors, difficile de fidéliser la clientèle, difficile de s'y retrouver dans les jours de marché
+ Le jour: le jeudi. Alors que les abattoirs accueillent déjà de grands marchés le vendredi, le samedi et le dimanche, qui eux, font un carton.
+ L'heure: de 15 à 19h00. Quand certains vont chercher les enfants à l'école, s'occupent du bain et des devoirs, quand pour d'autres le travail n'est pas terminé. Quand pour tous, les routes sont embouteillées
Les plus
+ Marché couvert: possibilité exceptionnelle de pouvoir faire son marché à l'abri de la pluie et autres intempéries.
+ Parking gratuit: question d'économies...
+ Accessibilité: métro Clémenceau à 100 mètres.
+ Cadeaux: tous les cinq rendez-vous, un panier "surprise" de fruits et légumes frais est offert sur présentation de la carte de fidélité.
+ Dégustation: parfait à l'heure de l'apéro! Les producteurs n'hésitent pas à faire goûter: olives, saucissons, tapenades, cuberdons et fromages.
+ After-work: si les étalages des maraichers s'éclipsent à 19h00, les échoppes de cuisine, le bar et l'ambiance restent bien plus tard (22h00).
Résultat convaincant: plus d'avantages que d'inconvénients. Stéphanie Leskens, l'organisatrice du Boeremet, reste d'ailleurs optimiste. "Lancer un marché prend toujours du temps", tempère-t-elle. "Et avec l'arrivée de l'hiver, ce marché couvert va faire la différence".
Reste plus qu'à attendre la pluie...