Procès des attentats de Bruxelles: le parquet fédéral demande à condamner Abdeslam comme co-auteur d'assassinats terroristes
Comme attendu, le parquet fédéral a demandé jeudi, lors de son réquisitoire, à ce que Salah Abeslam soit condamné en tant que co-auteur d'assassinats terroristes et de tentatives d'assassinats terroristes lors des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016.
- Publié le 01-06-2023 à 12h45
- Mis à jour le 01-06-2023 à 14h04
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Dans ses réquisitions devant la cour d'assises chargée de juger ces attaques djihadistes, la procureure Paule Somers s'est attachée à démontrer que la participation aux activités d'un groupe terroriste était établie dans le chef de l'accusé français, tout comme les assassinats terroristes et les tentatives d'assassinats terroristes.
Depuis le début du procès, la défense de Salah Abdeslam n'a de cesse de répéter que ce dernier n'a rien à voir avec les attentats perpétrés à l'aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek puisqu'il se trouvait déjà derrière les barreaux après avoir été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek-Saint-Jean. Son objectif aurait été, toujours selon la défense, de se rendre en Syrie.
Mais, pour le ministère public, au lendemain des attaques à Paris du 13 novembre 2015, l'accusé français a sciemment rejoint la cellule terroriste à l'origine des attentats du 22 mars 2016. Le Français a voulu s'associer au projet de la seconde cellule, celle à l'origine des attentats à Bruxelles, "pour aller jusqu'au bout", a souligné la procureure fédérale. Son engagement le poussera à rester avec les terroristes dans les différentes planques qu'ils possèdent jusqu'à son arrestation.
Salah Abdeslam a alors décidé "en connaissance de cause" de participer à "n'importe quelle attaque" de la cellule terroriste dont il faisait partie. L'hypothèse de l'ignorance semble peu probable aux yeux de Paule Somers. "Salah Abdeslam a passé trois mois et demi avec ses frères hautement radicalisés. Il est lui-même radicalisé et veut venger la mort de son frère (Brahim, décédé à Paris, NDLR). Il écrit des lettres d'adieu à ses proches. Il y a des armes de guerre dans toutes les caches et le drapeau de l'EI accroché aux murs. Le projet d'attentat est certain, il le connaît", a-t-elle résumé.
Le fait que Salah Abdeslam soit resté dans un appartement de la rue du Dries à Forest et n'ait jamais séjourné à la rue Max Roos à Schaerbeek, où ont été confectionnés les explosifs ayant servi le 22 mars, ne change rien à son implication, s'est attachée à démontrer la procureure fédérale.
Pour le parquet, Abdeslam a fourni une "aide essentielle" à la préparation des attentats
Salah Abdeslam a fourni une "aide essentielle" à la préparation des attentats du 22 mars 2016, a martelé jeudi la procureure fédérale Paule Somers devant la cour d'assises de Bruxelles. C'est lui qui est allé chercher quatre protagonistes clé du dossier en Autriche et en Hongrie avant de les ramener à Bruxelles. À son arrestation quatre jours avant les explosions à Zaventem et Maelbeek, il n'a ensuite rien dit qui aurait pu compromettre le projet et sauver les victimes.
"Salah Abdeslam est acquis aux thèses de l'Etat islamique. En connaissance de cause, il a la volonté de participer aux projets de la cellule bruxelloise après y avoir réfléchi", a repris la procureure. Par surcroît, l'accusé a bel et bien posé des "actes participatifs" aux assassinats et tentatives d'assassinats terroristes.
"C'est lui qui est allé chercher à Ulm, en Autriche, MM. Ayari et Krayem Il leur a donné de faux papiers. Cet élément avait été retenu au procès des attentats de Paris, mais il l'est à nouveau dans notre dossier."
Salah Abdeslam est également allé rechercher Najim Laachraoui et Mohamed Belkaïd en Hongrie.
"C'est un élément de participation essentielle aux assassinats et tentatives d'assassinats terroristes. Sans cette aide, les attentats de Bruxelles n'auraient pas pu avoir lieu", a insisté la procureure.
Le parquet fédéral reproche aussi à Salah Abdeslam de ne pas avoir dénoncé ses comparses lors de son arrestation, le 18 mars 2016, à la suite d'un assaut policier à la cache de la rue du Dries à Forest trois jours plus tôt. "Il n'a donné aucun élément permettant de détecter les préparatifs en cours. Il dit n'avoir jamais vu et ne pas connaitre les frères El Bakraoui. Il nie avoir jamais été à Ulm. Pourquoi, sinon pour cacher ce qui se préparait?", a signalé Mme Somers.
Enfin, la procureure a soutenu que la fuite suivie de l'arrestation d'e Salah Abdeslam le 18 mars ne pouvait pas l'extraire de ses responsabilités dans la commission des attaques à Zaventem et Maelbeek. "Les actes positifs de sa participation avaient déjà été réalisés."