Réforme des collectes : “Sur le terrain on sent une amélioration.” Rencontre avec Younes, Jamal, Sofiane… les petites mains du grand changement
Des collecteurs aux sensibilisateurs, les agents de terrain de Bruxelles Propreté nous racontent leur réforme des collectes.
Publié le 25-05-2023 à 07h25
5h du matin, à deux pas du centre sportif du Bempt : au 127 chaussée de Ruisbroek, c’est le calme avant la tempête. Dernier café avant de prendre leur service, les premières équipent décollent à 5h30 mais le gros des troupes, une quarantaine de camions menés par trois agents chacun, déferlera dans les rues bruxelloises à 6h. Nous sommes dans le plus gros des trois dépôts de l’agence Bruxelles Propreté. Comme une petite armée de soldats de la propreté en ordre de marche, les agents quittent le parking au volant de leurs engins en moins de dix minutes.



Ici, l’expert, c’est Jean-Sébastien Derauw alias J. S. ” Avec le retour des collectes en soirée, on a dû réorganiser les équipes, on est allé chercher ceux qui étaient en soirée, quand c’était encore en vigueur en 2017. Tous les agents de soirée sont volontaires. On était demandeur de ce retour aux collectes en soirée, c’est plus facile pour nous, moins de stress dans le trafic et moins de temps morts pour les agents. Au final, les communes l’ont demandé, ça tombait bien. À la demande des communes aussi, on fait très attention aux nuisances sonores le soir. On a mis nos derniers modèles de véhicules sur ces collectes : moteurs moins bruyants, signal sonore de recul moins fort, tous les chauffeurs sont équipés d’huile pour graisser les vérins s’ils commencent à faire du bruit…”

Les changements d’organisation touchent aussi les équipes. Ce mardi matin, Younes, Sofiane et Islam étaient sur le pont dans les voiries uccloises autour de la rue Edith Cavell. Objectif : collecte des sacs orange. Le plan de la tournée est encore de rigueur, l’équipe passe seulement pour la deuxième fois sur cette nouvelle ronde. “Il faudra encore quelques fois pour que ça rentre.”



Obligatoire le 15 mai dernier, le tri des déchets alimentaires est déjà historiquement installé dans le quartier mais les jours de collecte ont changé. “Sur le terrain, on voit une amélioration depuis la semaine passée", explique Sofiane, 8 ans de métier. "C’est sportif mais c’est le boulot. Et la réforme se passe plutôt bien cette semaine,” poursuit l’agent entre deux balayages de sacs percés étalés sur les trottoirs. Sofiane, c’est aussi les yeux de la réforme, les collecteurs sont chargés de signaler les zones ou les nouvelles consignes ne seraient pas intégrées.



"Pic de blanc"
La période de mise en œuvre de la réforme entraîne parfois quelque difficulté prévisionnelle. “En ce moment, on est sur un pic de sacs blanc en termes de quantité, avec la suppression d’une collecte dans dix communes et le fait que tri des déchets alimentaires ne soit pas encore systématique. Mais la courbe sera descendante”, rassure Jean-Sébastien. “En parallèle, les collectes de sacs orange sont pour le moment très faibles par rapport aux moyens engagés. Mais c’est juste le temps que l’habitude rentre. On a prévu les collectes comme si tout le monde triait déjà pour ne pas avoir à rechanger une fois que le changement sera intégré. On a aussi prévu de la marge pour ne pas se faire dépasser par les sacs blancs. On ne veut pas reproduire le cauchemar de la réforme de 2010 où des rues n’avaient pas pu être collectées pendant plusieurs jours par manque de moyens. Maintenant on a toujours des camions en stock prêt à démarrer.”

Et le changement se fait déjà sentir dans les chiffres. Par rapport à la semaine dernière, les premières observations de l’agence Bruxelles Propreté montrent que la tendance va dans le sens d’un meilleur respect des nouveaux calendriers, ce qui confirme l’impression des trois agents que nous avons suivis.
Des autocollants par milliers
Changement de décor et direction gare de Schaerbeek. Sur place, nous rencontrons Jamal et Kamil. Ils sont l’aboutissement des signalements réalisés par Sofiane et ses collègues collecteurs. Ils ont été engagés pour deux mois dans le but de sensibiliser la population à la réforme des collectes. Leur job : coller des autocollants sur tous les sacs sortis au mauvais moment. Sur ce dernier, il est demandé de rentrer le sac pour attendre la prochaine collecte et un QR code redirige vers le site web où sont consultables les nouveaux calendriers. “Le premier jour (le 15 mai, NdlR), on a collé 845 autocollants sur notre parcours, note Jamal, maintenant on est à 400 et il y a même des rues où on n’a plus d’erreur. Après, il y aura toujours des réfractaires au changement.” Jamal est aussi l’oreille de l’agence “On nous interpelle tout le temps pour demander des explications mais aussi pour se plaindre du changement ou dire que c’est génial. Je pense que les habitudes vont changer, on voit déjà du positif.”


40.000 autocollants on déjà été collés ou sont en passe de l’être, dont un quart par des équipes communales. Ce signalement des erreurs sera fait pendant encore deux mois. Par contre d’ici septembre, les amendes pourraient tomber pour ceux qui n’ont pas encore pris le pli.