Triste record à Bruxelles, 78 sans-abri morts dans nos rues en 2022: 78 papillons suspendus en leur hommage

Pas de quoi être fier : 78 personnes sans abri sont décédés dans les rues de Bruxelles en 2022. Pour rattraper un peu l’indifférence, le collectif Le collectif Les Morts de la Rue leur a rendu hommage ce 24 mai 2023.

Belga
Bruxelles - Place de l'Albertine: Une cinquantaine de personnes se sont recueillies auprès de l'arbre planté il y a 5 ans place de l'Albertine en mémoire aux morts de la rue. Les noms de chacune des personnes décédées ont été accrochés dans les branches sur des étoiles. (JC Guillaume)
Des papillons seront suspendus ce 24 mai aux feuillages de l'arbre planté place de l'Albertine en mémoire des morts de la rue. (Photo d'Archive - JC Guillaume) ©©JC Guillaume

Pas moins de 78 personnes sans abri ont perdu la vie dans les rues de Bruxelles en 2022. Le collectif Les Morts de la Rue leur a rendu hommage mercredi à 11h00 à l’hôtel de ville de Bruxelles, et souhaite ainsi attirer l’attention sur un problème structurel dans la capitale.

Après la commémoration, un autre rassemblement est prévu à 14h00 sur la place de l’Albertine, autour d’un arbre symbolique. Pour chacune des personnes décédées, un papillon y sera suspendu.

Les défunts étaient principalement belges (30 personnes) ou polonais (11 personnes). Le collectif a cependant recensé au moins 15 nationalités différentes. “La plupart des gens auxquels nous rendons hommage sont européens, mais représentent seulement la partie émergée de l’iceberg”, a souligné Florence Servais, coordinatrice pour Les Morts de la Rue. La migration constitue en effet un facteur de vulnérabilité, l’inclusion sociale des personnes sans abri étant affectée par un statut précaire.

69 hommes, 8 femmes, 1 personne non-binaire

Parmi les 78 défunts sans domicile fixe recensés l’an dernier, 69 étaient des hommes, 8 des femmes et une personne se définissait comme non-binaire. Leur âge au moment du décès oscillait entre 18 et 73 ans, la majorité (66,7 %) se situant entre 40 et 64 ans. Dans 64 % des cas, les causes de la mort sont inconnues.

La majorité des décès survient durant les mois les plus froids (33 à 42 %), mais ceux-ci se produisent aussi en automne (19 à 24 %), au printemps (10 à 13 %) et en été (16 à 21 %), selon les données de l’organisation. “Toute l’année, des gens meurent dans la rue”, insiste Me Servais.

”Un combat”

Le collectif entend offrir un adieu digne aux sans-abri retrouvés morts dans les rues de Bruxelles. Il a vu le jour en 2004 après la découverte, à la Gare du Midi, de deux personnes décédées depuis plusieurs mois. “Notre collectif a 18 ans, mais cela reste un combat de rendre hommage à toutes les personnes mortes en rue”, poursuit la coordinatrice. “Ce ne sont pas des faits divers, mais un problème structurel. Chaque vie compte, donc chaque mort aussi.”

Le nombre de décès enregistrés par le collectif a fortement augmenté depuis sa création. Ce phénomène est notamment dû à la notoriété grandissante de l’organisation, mais aussi à la hausse du nombre de sans-abri à Bruxelles, selon Florence Servais. En 2021, 76 décès avaient été recensés, ce qui représentait déjà un record à l’époque.

Le collectif Les Morts de la Rue est constitué d’un réseau de personnes vivant dans la rue, d’organisations de première ligne, d’institutions et d’habitants. Leur travail consiste notamment à identifier les victimes, à prendre contact avec d’éventuels proches et à organiser les funérailles.

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