"Les poubelles vont devenir la proie des corneilles et des renards": les trottoirs de Bruxelles portent les stigmates de la réforme des collectes

C'est peu dire que les habitants de Bruxelles n'ont pas encore tout à fait intégré les nouveaux rythmes des ramassages des ordures, induits par l'obligation du sac orange.

La Rédaction de L'Avenir
La réforme du calendrier des tournées n'est pas encore intégré par tous les Bruxellois. D'où des trottoirs jonchés de sacs et déchets, comme ici à Woluwe-Saint-Pierre.
La réforme du calendrier des tournées n'est pas encore intégré par tous les Bruxellois. D'où des trottoirs jonchés de sacs et déchets, comme ici à Woluwe-Saint-Pierre. ©Commune de Woluwe-Saint-Pierre

Sacs blancs éventrés, poubelles abandonnées, monceaux de déchets non ramassés... Certaines rues de Bruxelles portaient les stigmates de la réforme régionale du ramassage des ordures, ces 16 et 17 mai 2023. Pour rappel, l'utilisation du sac orange pour les déchets organiques est obligatoire à Bruxelles depuis ce lundi 15 mai. En conséquence, plusieurs quartiers ont vu le calendrier des collectes adaptés. D'où ces sacs blancs, bleus, jaunes ou orange sortis à mauvais escient par des Bruxellois pas encore tout à fait au courant des nouvelles mesures.

C'est par exemple le cas à Woluwe-Saint-Pierre où le Bourgmestre Benoît Cerexhe (Les Engagés) est en colère. Il a exigé une collecte de rattrapage dès ce mardi 16 mai. "Lundi soir, nos habitants ont sorti en masse leur poubelle blanche faute d’informations suffisantes sur le nouveau calendrier des collectes", développe le maïeur. "Ces poubelles vont rester en rue jusque vendredi et être la proie des corneilles et des renards qui vont s’en donner à cœur joie. Afin d’éviter que Woluwe-Saint-Pierre devienne une déchetterie à ciel ouvert, je demande au Ministre (Alain Maron, Ecolo, NDLR) de procéder d’urgence à une tournée de rattrapage".

Rattrapage et redistribution de calendriers exigés

Ce mercredi 17 mai, c'est au tour de la commune de Saint-Josse de monter au créneau. Selon ses autorités, la réforme des poubelles est "une catastrophe". Il semble que "90% des poubelles sur le territoire de Saint-Josse n'ont pas été ramassées". D'où l'inquiétude tennoodoise à la veille du carnaval dans la commune la plus dense de Belgique. Et de rappeler que Saint-Josse est l'entité la plus dense de Bruxelles (et de Belgique) avec 23.000 habitants par kilomètre carré. Saint-Josse exige elle aussi des tournées de rattrapage. Elle les suggère d'une durée "d'un mois, le temps que les nouveaux rythmes soient pleinement intégrés".

Dans d'autres communes, les voiries sont dans le même pitoyable état. Le Bourgmestre FF d'Evere Ridouane Chahid (PS) assure ainsi que "ce mardi matin, 6.273 poubelles jonchaient les trottoirs". Le socialiste a envoyé "un inventaire précis" à Bruxelles Propreté en exigeant lui aussi un rattrapage.

Plusieurs mandataires soulignent le manque d'info. C'est le cas de Vincent De Wolf (bourgmestre MR) à Etterbeek, Deborah Lorenzino (échevine DéFI) à Schaerbeek, Allan Neuzy (échevin Ecolo) à Anderlecht ou Christian Lamouline (Bourgmestre Les Engagés) à Berchem-Sainte-Agathe, qui recense près de 3.600 sacs incorrectement sortis dans sa commune. Tous jugent opportun auprès de nos confrères de la DH de relancer une campagne de distribution des calendriers papier en toutes boîtes. "C’est de la folie furieuse de mettre dans des rues limitrophes des heures de sortie de sacs entre 18h et 20h pour certains et pour d’autres entre 18h et minuit", grince De Wolf. "Tout le monde n’a pas la possibilité matérielle de sortir ses sacs entre 18h et 20h. Il va vite y avoir un report sur les rues adjacentes où la règle est différente. On s’attend à une catastrophe sur Etterbeek d’autant plus qu’il y a un gros turnover d’habitants ici".


Bruxelles propreté s’organise: "on ne va pas laisser des tas de déchets s'accumuler durant une semaine"

Qu'en dit-on du côté de Bruxelles Propreté, service public chargé du ramassage des ordures à Bruxelles? "Il est trop tôt pour faire un premier retour", explique Etienne Cornesse, porte-parole de l’agence, à nos confrères de La DH. "Il faut au moins passer une semaine complète. Nos agents aussi doivent s’adapter". Et de constater: "pour certaines collectes, les agents n’ont pas pu finir leur tournée parce que nous avions mal estimé le poids des déchet. Dans ce cas, un camion balai passe pour compléter. Ça ne change rien pour le citoyen".

Cornesse insiste: "Pour ceux qui se sont trompés, on ne peut pas venir retirer leurs sacs directement dans la foulée, sinon on ne sensibilise pas au changement. Mais évidemment, on ne va pas laisser toute une semaine des tas de déchets s’accumuler. Des collectes de rattrapage sont donc envisagées”.

Pour les calendriers, l’agence estime que 99 % des rues ont été couvertes par la distribution dans les boîtes aux lettres, "même s'il peut y avoir des ratés".

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