Le STIB Store : comment la STIB recycle cuir usé et uniformes déclassés dans des accessoires tendance
Porte-cartes en cuir de sièges, pochettes d’ordinateurs en tissus d’uniforme ou sacs à dos en bâches de chantier : la STIB soigne son image sociale et environnementale en recyclant ses matériaux dans des trouvailles très design. On a fait notre shopping.
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- Publié le 16-04-2023 à 07h58
- Mis à jour le 16-04-2023 à 08h25
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Orange flash, son crépitement électronique a accompagné des millions de voyages dans les trams et métros bruxellois. Déclassé en 2016, l’iconique oblitérateur de la STIB est devenu une pièce de collection. S’il s’accroche entre autres au mur du musée du tram sur une ligne du temps d’appareils de compostage, on le croise aussi dans certains lieux et foyers bruxellois transformé en… armoire à clefs. Appelé Sesame, l’objet a été dessiné par le designer bruxellois Emmanuel Vandeputte. Et fabriqué par les ouvriers de l’atelier de travail adapté L’Ouvroir.
Cet engagement social de la STIB, ça se répercute dans les prix des objets. Mais le circulaire, c'est dans l'air du temps: ça plait.
”C’est la première pièce upcyclée que nous avons lancée sur le STIB Store”, se souvient Philippe Elias, en charge de ce magasin en ligne où se vendent tous les objets liés au réseau de transport bruxellois. Sesame s’est écoulé à… 3.664 exemplaires. “Il en reste 86 sur les 3750 de départ”, calcule le gestionnaire. Le valideur recyclé est donc une réussite malgré un prix qui peut sembler élevé : 84€ au départ en 2016, 99€ en 2023. “Bien sûr, nos prix ne sont pas les mêmes que sur Amazon”, opine Philippe Elias. “On ne fabrique pas à la chaîne en Chine : nous confions nos objets à des entreprises locales de travail adapté, L’Ouvroir et l’APAM. Cet engagement social de la STIB, ça se répercute dans les prix. Mais le circulaire, c’est dans l’air du temps : on se rend compte que ça plait”. Ainsi, une vingtaine de plaques d’arrêt déclassées, munie d’un X en bois ajouté par L’Ouvroir, partent comme tables en à peine 3 heures lors d’une journée portes ouvertes dans un dépôt.
De nombreux objets “upcyclés” (soit recyclés pour leur donner un usage neuf) sont disponibles sur le STIB Store. Le porte-cartes en cuir recyclé est un des best-sellers (15€). “C’est du pur cuir, issu des sièges. Des passagers se sont vraiment assis dessus. Bien sûr, il a été lavé”. A suivi un joli carnet gravé du plan du réseau métro : un bel objet que vous pouvez réalimenter chez le papetier partenaire. Bientôt, deux porte-clefs taillés dans les dernières chutes de ce cuir arriveront sur le store.

Autres trésors de matières premières : les tissus d’uniforme inutilisés. 212 plaids bordeaux fabriqués dans des étoffes destinées aux polars des employés se sont arrachés en interne. “Même CEO a voulu le sien”. Devraient suivre des couvertures de pique-nique qui disposeront d’une face imperméable découpée dans une autre toile d’uniforme. Ces tissus qui habillent les STIBiens, on les retrouve par ailleurs dans deux modèles de pochettes pour ordinateurs. Leurs noms sont des clins d’œil facétieux à des arrêts : Globe “pour naviguer dans le monde entier” et Biarritz (45€) “parce que c’est là qu’on surfe”, sourit Philippe Elias.
Le STIB Store ne doit rien coûter. Il doit surtout donner une image et renforcer des valeurs.
Chaque pochette Biarritz est forcément unique. Et imperméable. L’accessoire donne en effet une seconde vie à… des bâches de chantier. Ces toiles plastiques que vous croisez partout dans les rues de Bruxelles sont une vraie mine d’or pour le STIB Store. “Mes collègues des grands travaux voulaient en jeter des dizaines de m2 : on a tout récupéré et conçu le cabas Nadar” (15€). L’inventif créateur en a éprouvé la qualité et la résistance comme sac de plage, lors de séances de plongées. “Ensuite, Bruxelles Mobilité nous a offert 40m de bâches microperforées”. En découle un sac à dos ultraléger très tendance qui, une fois mis en vente, plaira aux cyclistes et trottinettistes. “Il est doublé en intérieur du tissu d’uniforme imperméable”. Les couleurs jaune et turquoise de l’exemplaire que nous avons vu rappelleront quelque chose aux riverains du chantier du métro 3…

La STIB reste discrète sur le chiffre d’affaires du STIB Store. L’objectif n’est pas de faire entrer des millions en caisse. “Ça ne doit pas coûter à l’entreprise”, détaille Philippe Elias. “Mais ça doit surtout renforcer une image et des valeurs”. D’où les aspects sociaux, locaux et d’économie circulaire que ces objets véhiculent. Pour confirmer son ticket pour l’upcycling, le shop devrait d’ailleurs bientôt penser à votre déco en recyclant la 1re génération de valideurs Mobib, les rouges à cercles blancs. Histoire de rester à l’heure…
Des jouets stars aussi

Répondre aux attentes de tous les publics en valorisant l’image de l’entreprise publique, c’est une autre mission du STIB Store. Aussi des deals sont-ils noués avec des partenaires reconnus. Votre ludothèque peut ainsi s’enrichir d’un Monopoly (39,89€) où les arrêts effacent les rues. Ou d’un très malin 1000 Bornes (24,50€) où canards, lièvres et hirondelles sont remplacés par bus, trams et métros. Qui, quand vous pêchez la carte “site propre”, échappent aux embouteillages bruxellois.
Alors que les bus et trams pour enfants (20€) “cartonnent” grâce à leurs prix modestes, les fans du rail y trouvent aussi leur compte avec des maquettes ultraprécises. Le modèle réduit du TNG, à 279€ tout de même, a déjà trouvé près de 250 acquéreurs. “C’est un objet de niche”, concède Philippe Elias. “Son prix s’explique : il est fabriqué par un spécialiste allemand avec un moule unique. Il ressemble en tout point au TNG : chaque autocollant est à sa place”. De cette série limitée, il reste 54 pièces.

Autre objet de tentations, le tram en Lego. Ce jouet disponible à 400 exemplaires s’est écoulé l’hiver dernier au prix de 119€. Soit bien au-delà du tarif habituel des briquettes danoises. Philippe Elias justifie : “Lego n’a jamais répondu à nos sollicitations. Alors, on s’est tourné vers une société spécialisée qui a créé le design du tram, de la boîte et a déniché les 378 pièces nécessaires via ses propres circuits. D’où aussi une série très limitée”. Et sans doute le renfort de Saint-Nicolas et du Père Noël pour ravir certains voyageurs de salon.
