“On m'a menacé de mort: 'À vélo dans une rue obscure, un accident est si vite arrivé'": Pascal Smet réfute les accusations des UberFiles
Auditionné au Parlement bruxellois, l’ex-ministre de la Mobilité a rappelé : “j’ai bien eu droit à des messages de haine, des intimidations, des injures, des menaces de mort, et cela de manière parfois quotidienne”.
Publié le 31-03-2023 à 09h34 - Mis à jour le 31-03-2023 à 09h35
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Après les auditions de représentants d’Uber et du secteur des taxis, de l’ancien lobbyiste Mark MacGann et d’autres, c’était au tour des politiques d’être auditionnés par la commission spéciale Uber, ce jeudi au Parlement bruxellois. Ces auditions font pour rappel suite aux “Uber Files”, enquête journalistique, qui a mis en lumière les pratiques agressives, et parfois illégales, de la société californienne lors de son arrivée en Belgique en 2014. Ont notamment été épinglés les relations de l’entreprise avec Pascal Smet, alors ministre bruxellois de la Mobilité.
L’actuel secrétaire d’État en charge de l’Urbanisme s’est livré à un exposé détaillé d’une heure et demie. Avec comme conclusion : “les Uber files ont montré qu’Uber s’est également engagé dans certaines pratiques qui, selon moi, ont clairement enfreint la loi, s’agissant d’empêcher des actes d’enquête et de tentatives de saper le contrôle de mon administration. J’espère que le pouvoir judiciaire va en juger. Toutefois, en ce qui concerne les contacts de lobbying avec moi et mon cabinet, je pense que vous devriez conclure avec moi qu’aucun élément compromettant ne peut m’être reproché”. Le socialiste assure : “en termes d’influence, il n’y a jamais eu de cadeaux et autres avantages. En revanche, j’ai bel et bien eu droit à des messages de haine, des intimidations, des injures, des menaces de mort, et cela de manière parfois quotidienne. ‘Attachons une pierre au cou de Smet et balançons-le dans le canal. À vélo dans une rue obscure, un accident est si vite arrivé’.”

Il n’y a jamais eu de cadeaux et autres avantages. En revanche, j’ai bel et bien eu droit à des messages de haine, des intimidations, des injures, des menaces de mort.
Quatre rencontres
Au total, plus de 130 rencontres ont eu lieu avec le cabinet de Pascal Smet et le secteur des taxis, et une septantaine avec les LVC, dont 33 avec Uber, lors du gouvernement Vervoort II. Le secrétaire d’État dit n’avoir été personnellement présent qu’à quatre rencontres avec Uber lors de son mandat. Il reconnaît un contact privilégié avec Mark MacGann, qu’il ne qualifie pas d’“ami” mais de “connaissance”. “Je ne peux pas dire que c’est un ami”, disait également de son côté l’ancien lobbyiste. Invité à un gala de bienfaisance en 2014, Smet dit avoir finalement décliné l’invitation lorsqu’il avait appris que MacGann travaillait pour Uber.
Les “Uber Files” faisaient également état de contacts privilégiés entre le cabinet et la société américaine. L’ex-ministre confirme notamment la stratégie de communication coordonnée avec Uber avant une conférence de presse en 2015 : “nous avions recommandé à Uber ainsi qu’au secteur des taxis de ne pas faire de déclarations provocatrices et de coopérer lors de nos réunions dans le but d’élaborer un plan de réforme. C’était nécessaire car le débat était très polarisé à l’époque.”
Sur le fond de ses projets de réforme à proprement parler, Pascal Smet a évoqué le “climat très positif” dont bénéficiait Uber à son arrivée. “Mon approche a toujours été double. À savoir qu’Uber, Heetch, CarASAP, Djump, et les autres plateformes de partage étaient les bienvenues sur le marché bruxellois, pour autant qu’elles se conforment à la réglementation en vigueur d’une part, et que d’autre part j’allais procéder à une réforme du secteur prévu dans l’accord du gouvernement.”
Vervoort: "Ne pas laisser une multinationale casser les prix"
Après Smet, c’est Rudi Vervoort qui est passé devant la commission Uber ce 30 mars 2023. Il a affirmé que depuis l’adoption du plan Taxi, il y a quelques mois, près de 1.043 exploitants LVC ont demandé leur transition en taxis de rue. Ces autorisations ont été envoyées le mois dernier aux exploitants.
Selon Vervoort (PS), cela représente 1.278 véhicules taxis de rue. Par ailleurs, 1.255 certificats de capacité ont été délivrés, dont 21 % sur base de la reconnaissance de l’expérience. Dix-huit agréments d’intermédiaires de réservation ont été notifiés et 49 demandes sont en cours.
Rudi Vervoort a aussi répété tout le mal qu’il pensait du modèle économique des plateformes dont il n’a jamais été opposé à l’établissement à Bruxelles pour autant.
”La question n’a jamais été de choisir entre les chauffeurs d’Uber et les chauffeurs de taxi, mais de choisir un système où l’on ne laisse pas une multinationale diriger depuis les États-Unis un modèle économique qui fonctionne à perte, uniquement pour casser les prix, être en situation de monopole, et puis le moment venu de pouvoir faire hausser les prix”, a-t-il commenté.

La question était de choisir un système où l'on ne laisse pas une multinationale diriger depuis les États-Unis un modèle économique qui fonctionne à perte, uniquement pour casser les prix, être en situation de monopole puis hausser les prix.
Selon le ministre-président, le parcours de l’ordonnance a surtout été orienté par les décisions de justice dans le dossier Uber. C’est ainsi qu’alors que la société californienne a longtemps plaidé en faveur du régime de la directive services et commerce électronique, la Cour de Justice a tranché en décembre 2017, arrêtant qu’Uber relève du domaine de transports et de la compétence des États membres de l’Union européenne.
En matière de lobbying, Rudy Vervoort a expliqué que la règle de base de son cabinet était que quiconque le demande peut être reçu. En avril 2021, M. Vervoort a ainsi reçu Laurent Slits, le CEO d’Uber Belgique, à sa demande.
Belga