Fumée noire chez Delhaize, pas la moindre avancée dans les négociations : “L’arrogance de la direction ne fait que monter” (vidéo)
Si elle a duré un peu plus longtemps cette fois, la réunion entre la direction de Delhaize et les syndicats n’a pas permis de faire avancer les discussions. La situation reste bloquée et les magasins devraient rester fermés.
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Publié le 28-03-2023 à 13h19 - Mis à jour le 28-03-2023 à 15h06
Alors que les deux derniers rendez-vous entre la direction de Delhaize et les syndicats avaient tourné court, tout le monde est resté autour de la table deux bonnes heures cette fois. “Mais si nous avons été plus patients que les fois précédentes, en pratique, rien ne ressort de la réunion, c’est comme le lapin Duracell, on répète la même chose jusqu’à l’épuisement”, regrettait Myriam Delmée, présidente du SETCa, à la sortie.
Nous voulons le retrait de ce plan de franchisation des 128 magasins.
Alors que la moitié des magasins ont encore gardé leurs portes closes, plusieurs centaines de travailleurs avaient, cette fois encore, fait le déplacement jusqu'à Zellik, où se situe le siège de Delhaize, pour soutenir leurs syndicats et faire pression sur leur direction. Si la police avait été déployée, tout s’est déroulé dans le calme et sans le moindre incident. “On demande juste à notre direction de changer ses plans, précisait Fabienne Meulemans du SETCa, alors que la réunion était toujours en cours. Nous voulons le retrait de ce plan de franchisation des 128 magasins.”
Les magasins Delhaize franchisés: tous nos articlesPas de progrès dans le dialogue social chez Delhaize après le troisième conseil d’entreprise, la direction demande un médiateur social
Pour les syndicats, la direction de Delhaize ne veut rien entendre. “Nous nous sommes fait donner une leçon, reprend Myriam Delmée. Elle reste juste sur son projet de franchise. Elle nous demande de faire des suggestions, de vouloir ouvrir des portes, mais quand on le fait, toutes les portes se referment instantanément. Donc on ne peut pas parler d’ouverture aujourd’hui.”
Après deux bonnes heures de discussions, où il a surtout été question d’interrogation du syndicat libéral, les représentants sont venus expliquer l’absence d’avancée aux travailleurs. Même s’ils ne pouvaient cacher leur déception, les employés et les syndicats sont repartis dans le calme. “Mais nous ne sommes pas du tout résignés pour autant, insiste Myriam Djegham, secrétaire permanente Commerce CNE. Au contraire, nous sommes plus que jamais déterminés. Il n’y a pas de discussion, juste un monologue de la direction qui campe sur ses positions. Puisque c’est comme ça, les travailleurs continueront leurs actions.”
L’employeur qui reprendrait en franchise, après quelques jours, pourrait licencier pour raisons techniques, organisationnelles ou économiques.
Autour de la table, la direction de Delhaize s’est à nouveau retranchée derrière la CCT 32bis, estimant que celle-ci protégera les travailleurs dans les franchises à venir. “Mais c’est faux”, rétorque encore Myriam Djegham. C’est même de la poudre aux yeux. Cette loi ne protégera pas les travailleurs. L’employeur qui reprendrait en franchise, après quelques jours, pourrait licencier pour raisons techniques, organisationnelles ou économiques.”

Désormais, ce sera aux travailleurs de décider s’ils reprennent ou non le travail. Alors que 64 des 128 magasins intégrés de Delhaize étaient fermés ce mardi, il semble toutefois peu probable que la situation évolue positivement. La direction n’a, quant à elle, pas voulu réagir, se contentant d’envoyer un communiqué dans lequel elle réclame notamment la nomination d’un médiateur social. “La direction de Delhaize veut, et va donc, poursuivre ses efforts pour rendre ce dialogue social possible, explique le communiqué. En demandant la désignation d’un médiateur social, Delhaize veut donner toutes ses chances au dialogue social dans l’intérêt des travailleurs.”
Une demande qui a été entendue par Pierre-Yves Dermagne, ministre de l'Economie, qui a décidé de nommer un conciliateur social. "Le troisième conseil d'entreprise entre direction et représentants des travailleurs de Delhaize n'a pas suffi à engager une véritable concertation, explique le ministre. J'appelle les parties à un dialogue constructif."
Pour les syndicats, ce n’est évidemment pas suffisant. “La direction fait comme s’il ne se passait rien aujourd’hui, comme s’il ne se passait rien dans les magasins, comme si la moitié de ces magasins n’étaient pas fermés, termine Myriam Delmée. Les travailleurs ne demandent pas à reprendre le travail parce que l’arrogance de la direction ne fait que monter au fur et à mesure des journées. Je n’ai pas de boule de cristal, mais j’ai en face de moi des travailleurs déterminés qui, quand ils entendront tout ça, ne vont pas se sentir démobilisé, que du contraire.”
Les travailleurs ne demandent pas à reprendre le travail parce que l’arrogance de la direction ne fait que monter au fur et à mesure des journées.







