Cinq cambriolages par mois depuis janvier 2022 dans les Marolles, les antiquaires dépouillés et impuissants : “c’est un massacre”
Le quartier des Marolles connaît une recrudescence de cambriolages, les commerçants s’inquiètent. “Il faut aussi mettre le paquet là-dessus”, concédait lundi soir le bourgmestre Philippe Close (PS).
Publié le 09-03-2023 à 07h39 - Mis à jour le 09-03-2023 à 13h07
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Des bronzes qui disparaissent, des chaînes en or attachées à même le cou des commerçants, des étranges visites nocturnes… Que se passe-t-il dans le quartier des Marolles, ou plutôt chez ses antiquaires ?
Depuis janvier 2022, le quartier essuie environ cinq vols par mois selon le bourgmestre, pour un total d’une septantaine de vols. Au conseil communal, lundi dernier, le conseiller communal des Engagés, Didier Wauters s’essayait même à dresser une liste non-exhaustive… Fin décembre la vitre du Wine bar de la rue haute a été brisée, et ses portes enfoncées. Le 23 janvier, en plein après-midi, deux hommes encagoulés sortent d’un fourgon pour dérober des outils de chantier dans l’atelier du Comptoir, rue Blaes.
Un bronze (trop) facilement retrouvé
Dans la même rue, le célèbre antiquaire Jonathan Cohen a été victime d’un vol avec bris de vitrines, la nuit du 17 au 18 février. Une semaine plus tard, c’est au tour de D +, une boutique design dans la même rue. L’Horeca n’est pas oublié non plus, puisque le réservoir a été victime d’une tentative de vol il y a peu, au même titre que l’agent immobilier de la rue Saint-Ghislain. Bref, les commerçants s’inquiètent, et les voleurs courent toujours. C’est le bourgmestre qui le dit, ces dernières semaines, deux personnes ont été interpellées pour recel, les deux ont été relaxées.
Il s’agissait peut-être là du voleur d'un bronze, disparu de chez un antiquaire du quartier. Vol qui nous a été confirmé par plusieurs de ses confrères. Vers 6h du matin, sa fenêtre vole en éclats, un bronze disparaît… Avant d’être retrouvé à la mi-journée, à 650 mètres de là, galerie des Minimes ! L’homme qui a revendu le bronze dérobé s’est présenté avec une carte d’identité thaïlandaise, et est donc connu du commerçant floué.
En dépit de voir les enquêtes de police avancer à une vitesse qui les satisfait, les antiquaires des Marolles s’organisent. Un groupe WhatsApp est créé, sur lequel fleurissent quotidiennement ou presque des témoignages, des photos ou des vidéos de surveillance. Pourtant, la Brigade Anti-Agression a augmenté ses rondes dans le quartier, “nous avons concentré nos actions sur le quartier de la Querelle avec un grand nombre d’interpellations pour du trafic de drogue, mais il faut aussi mettre le paquet là-dessus”, concédait lundi soir le bourgmestre Philippe Close (PS).
Un coup d’avance sur la police
Revenons un instant sur le dossier du bronze volé, et mystérieusement facilement retrouvé. Peu après l’évènement, nouveau cambriolage, nouveau bronze volé. Encore une fois, le bien est proposé à l’antiquaire de la galerie des minimes, qui prend la peine cette fois d’appeler la police discrètement mais son interlocuteur sent le piège et prend la poudre d’escampette.
La pègre n’épargnera pas non plus Serge Baumans, gérant d’une véritable caserne d’Ali Baba de la rue Blaes. L’homme a été victime d’au moins quatre tentatives de vol en six mois, pour plusieurs milliers d’euros de pertes. Dans la mémoire de ses caméras de surveillance, un véritable florilège de tentatives de vols et de cambriolages. Certains attendent la nuit pour forcer le rideau de fer et tenter de s’introduire dans le commerce. D’autres, plus téméraires, viennent jusqu’à voler dans le portefeuille, en plein jour, du commerçant alors que celui-ci est occupé avec des clients.
Monsieur Baumans a alors transféré les images à la police, mais s’étonne de revoir, quelques semaines plus tard, le voleur dans sa boutique pour réitérer le geste. L’antiquaire a essayé de l’y enfermer avant que le suspect ne s’en rende compte, prenne ses jambes à son cou avec un complice, saute dans un SUV allemand noir et prenne la fuite.
Si la police a également procédé à des interpellations pour un home-jacking, un flagrant délit de vol dans une voiture, un autre d’une voiture, et un autre avec violence, les commerçants voient les clients déserter le quartier. Pour une antiquaire et riveraine, “c’est un massacre”.