Gardien de la paix à Anderlecht, “pour certains, c’est un emploi fictif : absentéisme, stupéfiants, racisme et favoritisme”
Nous avons recueilli des témoignages accablants sur l’état du service des gardiens de la paix anderlechtois. L’échevinat nous assure que toute la lumière sera faite sur ces accusations.
Publié le 16-01-2023 à 07h37
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L’affaire démarre par un mail anonyme, envoyé au collège et à l’opposition anderlechtoise. Ce texte dénonce les agissements d’une partie de la hiérarchie du service des gardiens de la paix de la commune. Que se passe-t-il chez les vestes violettes ?
Suite à ce mail, nous avons pu recueillir différents témoignages de proches du service et de gardiens de la paix même. On nous relate alors, de plusieurs sources, des cas d’agents fumant du cannabis devant un chef d’équipe pour le moins conciliant. “Il y a en a aussi qui ne boivent pas que de l’eau, ils le font discrètement mais il y a toujours l’odeur.” L’absentéisme et les arrêts de travail semblent aussi être légion “Pour beaucoup, c’est un emploi fictif. Il y a juste à l’ouverture des écoles que l’on peut être contrôlé. Ensuite, plus rien, certains rentrent chez eux alors qu’ils devraient patrouiller toute la journée. Quand a-t-on vu des gardiens de la paix après 19h dans certains secteurs ?”
Nos sources nous expliquent que certains sont couverts par la hiérarchie, pas tous : “il y a une inégalité flagrante”. C’est aussi le cas dans l’attribution des secteurs : “s’ils vous ont dans le nez et que vous êtes arabes, vous allez au Peterbos ou à Cureghem, ou dans les zones un peu chaudes. Quand certains demandent à changer de secteur pour des zones plus calmes, on leur dit que chacun doit pouvoir travailler dans tous les secteurs mais d’autres ne mettent jamais un pied dans ces quartiers. On a aussi explicitement des personnes qui disent ne pas vouloir travailler avec des femmes.”
Recrutement douteux
Plusieurs personnes nous rapportent une phase de recrutement des chefs d’équipe qui n’aurait pas été réalisé dans les règles de l’art. Il nous revient encore qu’une des seules personnes parfaitement bilingues du service n’a pas été retenue au profit d’autres personnes qui n’avaient pas le niveau requis en néerlandais pour ce type de poste. La commune précise justement sur son annonce d’offre d’emploi qu’un niveau Selor 9-2 est nécessaire pour être promu définitivement comme chef d’équipe. Les deux personnes retenues n’ont pas ce niveau, toujours selon certaines sources, et sont donc déclarées comme chef d’équipe faisant fonction dans l’attente de l’obtention de ce niveau. “Il y a des gens qui restent 'faisant fonction' jusqu’à leur pension. Alors à quoi ça sert de mettre un niveau linguistique ? “
Certains nous confirment l’existence d’un groupe de privilégiés : ” quand ils vous ont dans le viseur, si vous contestez un peu trop ou si vous n’êtes pas d’accord avec leur valeur parfois très limites, ils font tout pour vous sortir. Quand vous êtes avec eux, ils couvrent vos absences ou vous préviennent en amont des contrôles. Ce n’est pas la faute des gardiens de la paix, certains font d’ailleurs du super travail. La faute vient de la hiérarchie qui permet et cautionne ce genre de pratiques.”
Le conseiller communal de l’opposition Gilles Verstraeten (N-VA), qui nous a avertis de l’existence du mail anonyme, estime que “c’est le énième exemple dans notre commune de mauvaise gestion, abus de pouvoir, favoritisme. Et il semble qu’il y ait des nominations de fonctionnaires aux postes de supervision qui n’ont pas les compétences pour des telles fonctions. Anderlecht connaît d’énormes problèmes d’insécurité, incivilités, dépôts clandestins, etc. On a cruellement besoin d’un service de prévention performant. Mais cette majorité laisse traîner des situations bordéliques (sic) au sein de l’administration. Je ne peux que répéter qu’il nous faut un audit complet et externe de toute notre administration.”
Une réponse au mail anonyme a été envoyée à tout le service. Un gardien de la paix nous la transmet. La hiérarchie assure sa totale confiance en ses équipes et notamment envers les personnes pointées du doigt nominativement dans le témoignage anonyme. Le mail n’avance aucune justification ou explication par rapport aux accusations portées et annonce qu’une plainte a été déposée. Une information confirmée par l’échevin en charge de la Prévention Alain Kestemont (Défi) : “La direction du service Prévention suspecte une vengeance d’un membre du service récemment licencié et a déposé plainte. Je m’entretiendrai dès le début de la semaine avec la fonctionnaire de prévention et son adjoint pour faire le point sur la situation dans ce service et sur ces accusations. Nous verrons ensuite les décisions à prendre mais je peux d’ores et déjà vous confirmer que toute la lumière sera faite sur ces accusations.”