Le controversé bar El Café au cimetière d’Ixelles ferme définitivement ses portes: “Une victoire de pouvoir tourner la page”
Le bar du cimetière d’Ixelles est racheté par LO Group qui a décidé de fermer l’établissement dans lequel un barman était suspecté d’agressions sexuelles à l’encontre de clientes. Un autre fait toujours l'objet d'une enquête judiciaire.
Publié le 05-01-2023 à 15h31
:focal(1339.5x901.5:1349.5x891.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7YDNFQGNSNCA3AIPAM5PYS5KME.jpg)
Clap de fin pour le bar El Café, qui a tristement fait la Une de l’actualité ces dernières années suite à des violences sexuelles présumées pratiquées par un barman à l’encontre de clientes. LO Group (Les Organisateurs) a racheté l’établissement depuis ce 1er janvier et a décidé de le fermer dans la foulée.
”Notre objectif est de repartir d’une page blanche et de proposer un tout nouveau concept festif en collaboration avec les associations avec lesquelles on travaille”, explique Thomas Trothen, l’un des trois associés de LO Group. “Nous avons décidé de le fermer sur-le-champ. On veut faire une coupure nette et proposer un concept de restauration et de bar festif, à l’instar de ce que l’on a fait avec le rachat de la Bastoche situé également au cimetière d’Ixelles. Nous souhaitons prendre notre temps pendant environ deux mois pour réfléchir au meilleur concept possible pour cet établissement idéalement situé. On considère cela comme une victoire de pouvoir tourner la page.”
Un barman condamné à cinquante mois de prison, un autre suspendu de ses fonctions
En juin dernier, le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné un barman à une peine de cinquante mois de prison pour viol sur une étudiante âgée de vingt ans, commis en mars 2019.
La victime avait raconté à la police qu’une nuit de mars 2019, vers 04h00, alors qu’elle se trouvait au El Café et que le bar s’apprêtait à fermer, l’un des sorteurs l’a suivie aux toilettes et l’a violée. Elle s’est retrouvée prise au piège, forcée à faire une fellation à son agresseur.
Elle est ensuite parvenue à sortir et à fuir à pied jusqu’à la gare d’Etterbeek. Un sans-abri l’a vue en pleurs sur un quai et a contacté la police. La jeune femme a alors été accompagnée par des policiers spécialisés dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Elle a déposé plainte contre le sorteur et un Set d’Agression Sexuelle (SAS) a été utilisé pour récolter de l’ADN de l’agresseur, ce qui a permis d’identifier formellement ce sorteur.
Ce dernier a tout d’abord nié les faits puis, confronté aux preuves scientifiques, a expliqué que la relation sexuelle avait bien eu lieu mais que la victime était consentante. Sa version a été jugée non crédible par le tribunal, qui a suivi le réquisitoire du parquet et a prononcé une peine de 50 mois de prison. Il a également condamné le prévenu à verser à la victime des dommages et intérêts d’un montant de 8.500 euros.
Un autre barman a été suspendu de ses fonctions pour d'autres faits d'agressions sexuelles qui ont mené à des manifestations organisées dans les rues d'Ixelles l'année passée. L'enquête dans ce dossier suit son cours et l'on ignore s'il a, ou non, été entendu par la justice.
"Nous n'avons jamais été et ne serons jamais complices d'actes de violences faites aux femmes."
- Les anciens responsables du El Café
De leur côté, les responsables du El Café ont toujours dit comprendre le sentiment de révolte suscité par les actes d’agressions sexuelles. “Différentes propositions au bourgmestre ont été faites à notre initiative afin de prévenir ces comportements. Nous rappelons que l’employé mis en cause a été immédiatement écarté et si ce qui lui est reproché est avéré, nous nous porterons partie civile et espérons qu’une condamnation exemplaire soit appliquée. Nous n’avons jamais été et ne serons jamais complices d’actes de violences faites aux femmes.”
L’établissement a toujours démenti que le barman soupçonné de viols a été transféré du Waff au El Café. “Là où beaucoup nous ont reproché d’avoir transféré le barman d’un bar à l’autre, ce n’était en rien lié à une volonté de cacher des faits dont nous aurions eu connaissance mais bien en lien avec le fait que l’employé travaillait pour les deux établissements. Comme l’a mentionné le bourgmestre d’Ixelles, les plaintes envers un employé d’un établissement ne sont pas accessibles jusqu’à la fin de l’instruction. À aucun moment, nous n’avions été informés par la police d’une enquête en cours. Après de nombreuses heures de discussion avec toute l’équipe, nous souhaitions honorer celles qui ont eu la force et le courage de témoigner en devenant un bar exemplaire, au sein duquel toute personne devra se sentir en totale et légitime sécurité”, précisait la direction. ” Nous pensons en effet que si la haine dont nos établissements font l’objet concernant les violences faites aux femmes peut aider à conscientiser sur ces comportements inadmissibles, ce sera un désastre pour un mieux.”