Après le conseil communal avorté, le PS molenbeekois cherche à se débarrasser de son chef de groupe, Jamal Ikazban
À Molenbeek, des tensions enfouies sous le tapis ressurgissent et se cristallisent autour du PRI. Le chef de groupe socialiste, Jamal Ikazban, risque de perdre sa fonction, si ce n’est déjà fait.
Publié le 28-12-2022 à 13h55
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On se souvient, mercredi dernier, du geste fort posé par l’opposition molenbeekoise qui avait décidé de quitter le conseil communal après les interpellations citoyennes sous prétexte que la majorité n’avait pas le quorum à elle seule. Et si, en réalité, les conseillers n’avaient pas rendu ce soir là un fier service à la majorité dont des frondeurs socialistes (et aussi libéraux) avaient sciemment boycotté le rendez-vous pour ne pas avoir à voter l’inflation de 16 % du PRI, la taxe sur les biens immobiliers ?
Destitution express
Retour 48 heures avant les faits. Les socialistes molenbeekois se rassemblent en prévision du conseil communal prévu le mercredi. Ce soir-là, un schisme naît (ou renaît) entre les rouges, dont certains désapprouvent formellement l’augmentation de cet impôt, et annoncent préférer ne pas se présenter au conseil communal, sinon quoi ils voteraient contre la mesure. Dont acte, le quorum n’a pas été atteint. Plusieurs témoins ce soir-là relatent que la bourgmestre Catherine Moureaux (PS) aurait rappelé les dix conseillers socialistes présents (sur les quatorze qui composent la section) une fois le conseil suspendu pour faire part de sa colère envers un homme en particulier : Jamal Ikazban (PS). La décision tombe dans la foulée, les dix socialistes présents décident à l’unanimité de révoquer le meneur de la fronde de sa fonction de chef de groupe.
Une décision qui n’a par ailleurs pas encore été officialisée, si ce n’est à travers des notes en interne que La Dernière Heure a pu consulter. Ni Ikazban, ni Moureaux, ni Boufraquech n’ont cependant donné suite aux sollicitations de notre rédaction.
Alors, s’approche-t-on d’un Saint-Josse 2.0 ? Dans la plus petite commune de Belgique, la guerre ouverte entre Emir Kir et le clan de Philippe Boïketé (PS) n’est plus un secret pour personne. La comparaison est, certes, cavalière. L’éviction de Jamal Ikazban pourrait scinder le clan socialiste en deux, tant celui qui aurait pu être bourgmestre s’il avait gagné son bras de fer face à Moureaux en 2018 à propos de la tête de liste jouit d’une certaine assise dans la section. “Si Catherine Moureaux pose un geste d’une telle violence, elle va déclencher une guerre interne dont elle ne mesure pas les conséquences”, commente un membre influent de la section.
Des désaccords au sein de toute la majorité
L’augmentation du PRI risque finalement de coûter cher aux socialistes et libéraux qui composent le collège. Dans la majorité comme l’opposition, le désormais futur-ex chef de groupe était connu comme un arrondisseur d’angles, un faiseur de compromis. Et le timing serait mal venu alors que le budget reste à voter, et qui ne serait pas non plus au gout de tous les libéraux. “Si la bourgmestre faisait un vote secret maintenant, elle n’aurait probablement pas la majorité”, rapporte une source interne.
Outre le point du budget qui bénéficie d’un délai rallongé après un accord trouvé avec l’inspecteur régional, reste encore à traiter le sujet de la nouvelle secrétaire communale, qui a provoqué du remous dans les rangs de l’opposition qui suspecte des vices de procédure. 2024, c’est après-demain. Et la campagne électorale ne saurait tarder à se lancer, charriant avec elle les peaux de bananes et les cadeaux empoisonnés. C’est peut-être même déjà le cas.