”On craint pour nos maisons” : des habitants du quartier Veeweyde exaspérés par les vibrations du métro
Depuis un an, des riverains se plaignent de nouvelles nuisances liées au passage du métro à Anderlecht.
- Publié le 12-12-2022 à 20h11
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”Vous entendez ? Depuis le début de l’année, on entend, on ressent le métro. Et encore, en journée, c’est bien moins fort que la nuit.” Il est midi et un rond et résonant râle venant des entrailles de la terre se fait entendre avenue Gounod, à Anderlecht. Mathilde Lemaire habite dans le quartier depuis 17 ans et n’avait jusqu’au début de cette année “jamais été dérangée par les bruits”. Mais désormais, “c’est de la folie”, dénonce Olivier Kanto, un riverain. “J’ai toujours habité ici. Il n’y a jamais eu de problème. Maintenant, c’est invivable. Je n’ai plus besoin de réveil : dès 5h30, les métros s’en occupent.”


De bouche à oreille, les deux Anderlechtois se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas les seuls à être importunés par le passage du métro. Un comité s’est formé et il n’a fallu que peu de temps avoir de voir fleurir quantité d’affiches dans le quartier : “Marre du bruit et des tremblements dus au passage du métro”. Parmi les hypothèses évoquées par les habitants, les nouveaux types de rames, la vitesse et l’usure des infrastructures.
De nouvelles fissures
Outre l’impact sur “la santé mentale” comme dit Didier, un riverain, les craintes se portent sur les habitations et leurs fondations. “C’est un magnifique quartier d’Anderlecht, avec des belles demeures qui font partie du patrimoine. On craint pour nos maisons, il faut les protéger”, exhorte Mathilde.


Tejeddine habite avenue Gounod depuis 1994. Cette année, des fissures sont apparues dans sa magnifique habitation mitoyenne : une petite fissure au sol du couloir, une grande au plafond du living, une autre sur le mur arrière, une encore plus impressionnante à l’extérieur au coin de l’habitation voisine… “Un peu partout”, soupire l’Anderlechtois. “Le métro ? Je ne sais pas à quoi c’est lié. Mais en tout cas, le problème est nouveau.”



Plus bas dans l’avenue Gounod, des immeubles ont été fissurés l’an dernier. Depuis lors, des étançons soutiennent l’habitation inhabitable. Un sinistre vraisemblablement lié à une problématique d’eau, mais qui a laissé un trauma chez certains habitants.
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Des signalements, des plaintes, les riverains en ont adressé un paquet à la Stib. La société de transport se dit consciente du problème et des experts sont déjà descendus sur les lieux.
La Stib nous indique avoir programmé des opérations de “meulage” pour les prochaines semaines, avoir effectué des réparations du système de graissage. De plus, “on a constaté que, sur certaines rames, les roues n’étaient plus parfaitement rondes, ce qui peut générer des vibrations. On a donc entamé un travail de reprofilage des roues.”
Des explications qui ne satisfont pas les riverains. “Les nuisances ne baissent pas. Pire encore, la situation empire”, soupire Mathilde, qui déplore un “dialogue de sourds”. “Ça fait des mois que ça dure, et on aimerait avoir des réponses concrètes”, indique Mathilde. Elle insiste : “nous ne sommes pas contre le métro… au contraire ! Nous demandons juste un retour à la normale.”
À d’autres endroits du tracé également
La commune d’Anderlecht a également été interpellée. L’échevine Susanne Müller-Hübsch (Groen), elle-même habitante du quartier, rappelle que la commune n’est pas à la manœuvre dans le dossier, mais assure “avoir pris de nombreux contacts avec la Stib.” “On a encore une réunion cette semaine. On a par exemple proposé à la Stib de ralentir le métro entre Veeweyde et Saint-Guidon en attendant de trouver des solutions.”
Ils veulent sauver le folklore de Saint-Guidon : “une procession catholique n’est plus forcément adaptée, on veut se concentrer sur la fête”Une interpellation citoyenne aura lieu au conseil communal du 22 décembre. L’échevine écologiste promet de plus amples explications pour cette date à la lumière du plan d’action de la Stib, qui devrait être arrêté prochainement.
Veeweyde n’est pas l’unique quartier à souffrir de l’apparition de nuisances souterraines. De l’autre côté de la ligne de métro 5, à Woluwe-Saint-Pierre, de nombreuses plaintes se sont fait entendre, nous indiquait cet automne le bourgmestre Benoît Cerexhe (Les Engagés). Un phénomène qui, à l’est de la ville-région également, “n’existait pas dans le passé”.