Le tarif au km autorisé dans le carsharing à Bruxelles: l’Allemand Miles est le premier acteur à s’y lancer

Miles Mobility déploie 200 voitures noires dans Bruxelles dès ce 18 octobre 2022. Nouveauté chez nous : son tarif est calculé au km, et plus à la minute. 

Miles Mobility, leader allemand des voitures partagées en "free floating" (ou "en accès libre sans station"), lance 200 voitures dans Bruxelles ce 18 octobre 2022. La capitale est ainsi la 2e ville belge à voir arriver ses Opel noires de l’opérateur aux 700.000 Allemands inscrits. Après Poppy et avant GreenMobility, c’est le 2e acteur à exploiter ce créneau à Bruxelles. Qui adapte ses règles du carsharing (lire cadrée).

Rappelons hyper concrètement comment fonctionne le free-floating. L’utilisateur télécharge l’app. Il la relie à son moyen de payement. Ensuite, il géolocalise le véhicule le plus proche, le rejoint, le déverrouille avec son téléphone, qui sert également de clef pour démarrer la voiture. Une fois le voyage terminé, il se gare en voirie, dans une des zones de déploiement de l’opérateur, verrouille la voiture et c’est terminé. Le tarif comprend le carburant et le stationnement.

Le marché de l’autopartage explose en Belgique. En 2021, 7 fois plus de Belges y souscrivent par rapport à 2016. C’est ce que rapporte Autodelen.net, l’ASBL belge promouvant cette solution. 194.000 utilisateurs belges y recourent, soit 2,5% des possesseurs de permis de conduire. Le chiffre grimpe même à 8% à Bruxelles.

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Un tarif au km

Pour se distinguer, Miles introduit un modèle de tarification différent de ses prédécesseurs et de son concurrent direct Poppy (lire cadrée): votre addition se calcule au kilomètre et non plus à l’heure. "L’utilisateur peut mieux planifier ses voyages. Il sait combien ça va lui coûter. Surtout, il est moins stressé", argue Raphaël Zacchello, directeur des opérations pour la Belgique. "Plus besoin d’accélérer pour passer à l’orange ou de s’impatienter dans les files. La sécurité routière est donc améliorée".

 Tout se fait via l’app, qui remplace la clef. Pour arrêter la location, il faut se garer dans l’une des zones de déploiement de l’opérateur. Mais un trajet ville à ville est possible.
Tout se fait via l’app, qui remplace la clef. Pour arrêter la location, il faut se garer dans l’une des zones de déploiement de l’opérateur. Mais un trajet ville à ville est possible. ©ÉdA – Julien Rensonnet

Plusieurs formules sont prévues. La base, c’est 0,98€/km et 0,29€/minute de parking, plus 1€ pour déverrouiller la voiture. Mais pour 60km et 6h, on passe à 39€. 1 jour à moins de 50km est facturé 45€ et le tarif week-end de 3 jours et 150km revient à 104€. D’après Raphaël Zacchello, "le système calcule en permanence la formule la plus avantageuse". Et Miles assure que c’est celle-ci qui vous sera facturée. "D’où une granularité de l’offre jusqu’à un forfait de 14 jours pour partir en vacances".

D’abord centre, est et sud

Pour son lancement à Bruxelles, Miles se déploie dans les zones "classiques" visées par les acteurs de la mobilité partagée. La veille du lancement, le directeur des opérations reste vague: "centre, est et sud". Soit avec certitude Pentagone, quartier européen, Saint-Gilles et Ixelles, ainsi que plus que certainement certaines zones d’Uccle, Etterbeek, Schaerbeek, Forest, Auderghem, Boitsfort et des Woluwe. Et de promettre: "On commence dans ces zones, mais l’ambition est d’élargir à tout Bruxelles et à sa périphérie". En outre, Anvers suivra très vite. "Et l’objectif est aussi de s’implanter en Wallonie".

On s’en doute: la Belgique n’a pas été choisie au hasard. "Le déploiement se réalise en trouvant le juste milieu entre densité de voitures et données démographiques", développe Zacchello. Ainsi, la décision de s’implanter chez nous repose sur l’observation de notre densité de population et de son taux de conversion au numérique, "mais aussi et surtout du climat politique: en Belgique, on sait les autorités friandes de ces solutions". Ce que confirme la Ministre de la Mobilité bruxelloise Elke Van den Brandt (Groen): "Bruxelles veut encourager l’usage des voitures partagées. ​ Elles sont l’avenir de la voiture en ville. D’une part, elles permettent aux familles d’avoir accès à une voiture sans devoir en supporter les coûts. Et d’autre part, elles encouragent une utilisation résiduelle de la voiture: on l’utilise uniquement quand on n’a pas d’alternatives efficaces".

Un aller, pas de retour… ou l’inverse

Les habitués de Cambio verront chez Miles une autre distinction majeure avec leurs habitudes: contrairement au modèle de la station, qui impose de retourner le véhicule à son point de départ, le nouveau venu allemand permet de l’abandonner dans l’une de ses zones de déploiement. Ainsi, vous pouvez partir en train voir un concert à Gand et ne plus vous inquiéter des horaires de la SNCB pour le retour vers Bruxelles: vous pouvez y revenir avec Miles. Idem si vous gagnez l’aéroport lorsque ça sera possible: comme avec Poppy, vous pourrez y laisser votre voiture et foncer vers votre avion. De quoi imposer des rééquilibrages de la flotte ? "Les compagnies de free-floating adaptent les flux de véhicules et les modifient. Les équipes opérationnelles doivent aussi les entretenir et les nettoyer. Mais notre expérience en Allemagne montre que les voyages finissent par s’équilibrer". En clair: quand l’offre aura pris sa vitesse de croisière, un passager juste atterri à Zaventem montera dans votre voiture Miles et démarrera vers Bruxelles alors que vous suivrez les consignes des hôtesses de l’air.

 Robin Gasthuys, directeur belge de Miles, et Raphaël Zacchello, directeur opérationnel Belgique, se disent assez enthousiastes de s’étendre à Bruxelles.
Robin Gasthuys, directeur belge de Miles, et Raphaël Zacchello, directeur opérationnel Belgique, se disent assez enthousiastes de s’étendre à Bruxelles. ©ÉdA – Julien Rensonnet

Les clients potentiels de Miles sont sans doute d’abord les jeunes urbains pour qui la possession de voiture n’est plus la règle ni le signe extérieur de réussite. Mais la marque aux autos noires vise "tous les détenteurs belges de permis de conduire. Ceux qui pensent se séparer de leur voiture, ceux qui n’ont pas les moyens d’en acheter une, ceux qui hésitent… Si tu habites dans une de nos zones, tu n’as plus besoin de voiture personnelle. Pour aller voir ta grand-mère, transporter un matelas ou aller à la pépinière".

« Désengorger »

Raphaël Zacchello l’assure, "Miles travaille main dans la main avec la Région bruxelloise". La volonté est de s’implanter "en douceur, sans envahir les rues de 1.000 voitures d’un coup". La boîte présente dans 9 villes allemandes y est rentable. Elle répète les chiffres avancés quant au carsharing: "une voiture partagée remplace, selon les modèles, 4 à 25 véhicules particuliers. De plus, elle donne davantage de place au vélo et aux transports en commun dans les villes. Parce qu’il y a un transfert modal poussant les utilisateurs à davantage varier leurs moyens de déplacements. Et ensuite parce que le stationnement est mieux structuré". Van den Brandt opine: "la voiture partagée libère de l’espace de stationnement pour les Bruxellois. Qui peut être utilisé pour un espace public de qualité: places, terrasses, arbres…"

Mais si l’objectif avoué de Miles est de "désengorger les villes belges", nul doute que ce nouvel acteur voudra aussi réussir là où des géants allemands ont échoué avant lui.

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