Un régime transitoire pour les musulmans
Le ministre de la Justice a réexpliqué les raisons qui l’avaient poussé à retirer la reconnaissance à l’Exécutif des Musulmans de Belgique. En commission, il a aussi évoqué le régime transitoire mis en place.
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- Publié le 05-10-2022 à 17h09
- Mis à jour le 06-10-2022 à 09h15
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C’est un geste fort que le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne avait exécuté le 14 septembre dernier. Au terme d’un long bras de fer avec l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB), le ministre avait décidé de retirer la reconnaissance à l’organe représentant la communauté musulmane du pays. Précision utile: l’islam étant multiple, on peut difficilement globaliser les musulmans de Belgique en une seule communauté.
Cette complexité et la domination des communautés marocaines et turques sur les minorités sont des éléments de tension qui plombent la transparence de l’EMB.
Ce mercredi, le ministre a été interrogé par les députés Pivin (MR), Rohony (Défi) et Vajda (Écolo) concernant le retrait de cette reconnaissance. "Pourquoi avoir suspendu l’Exécutif des musulmans de Belgique," interroge la députée Défi qui fait référence à un jugement du tribunal de première instance de Bruxelles. Début septembre, le tribunal avait donné raison à l’ancien président de l’EMB, Salah Echallaoui, qui avait été contraint à démissionner en décembre 2020.
La justice avait estimé que les propos tenus par le ministre constituaient des ingérences à la liberté de culte.
Dans la foulée de ce jugement, le ministre retirait néanmoins la reconnaissance de l’EMB désormais présidé par le turc Mehmet Üstün.
« Des menaces d’ingérence »
En commission parlementaire, le ministre a donné un éclairage sur la procédure en cours. "Nous avions de multiples informations concernant des menaces d’ingérence pour influencer le processus décisionnel de l’EMB depuis l’étranger par des motifs trompeurs." Il insiste, la décision "est le résultat d’un très très très très très long processus."
Mais il assure avoir mis en place un régime transitoire permettant d’éviter "un vide pour la communauté musulmane." Notamment l’encadrement des aumôniers, des professeurs de religion, des imams… Le projet d’arrêté concernant ce régime a d’ailleurs été publié ce mercredi 5 octobre.
« Projet amateur »
La décision du ministre fait suite à de nombreuses demandes de renouveler les organes décisionnels de l’EMB. En janvier, un projet a été communiqué au ministre. Son analyse: "le projet de renouvellement était amateur et chaotique, centré sur les communautés marocaine et turque." Il attendait aussi la création de deux chambres linguistiques "mais elles n’ont jamais été créées. Dès mon entrée en fonction, j’avais demandé que les jeunes musulmans et les femmes soient intégrés dans l’Exécutif, que les influences étrangères soient écartées." Plusieurs rapports de la Sûreté de l’État l’ont d’ailleurs conforté dans son choix.