«Périphérie et Bruxelles, vases communicants sur le plan de la criminalité»: craignant la fin du plan canal, bourgmestres et chefs de zones de Bruxelles Ouest et Vilvorde-Machelen flinguent Annelies Verlinden
Le plan Canal est-il menacé par la ministre Annelies Verlinden ? C’est ce que craignent les chefs des zones de police Bruxelles Ouest et Machelen-Vilvorde
Publié le 15-09-2022 à 11h13 - Mis à jour le 15-09-2022 à 11h14
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Les bourgmestres de la zone de police de Bruxelles Ouest (Ganshoren, Jette, Koekelberg, Molenbeek) ont vivement critiqué mercredi l’approche de la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) consistant, selon eux, à mettre fin au plan Canal, et dans le même temps à les charger de responsabilités supplémentaires sans moyens complémentaires. Ils sont rejoints par ceux de la zone Vilvorde-Machelen, en périphérie.
Par l’intermédiaire de sa porte-parole, la ministre a démenti l’abandon du Plan Canal et précisé que celui-ci faisait l’objet d’une évaluation.
Les bourgmestres précités se sont réunis mercredi autour de l’approche de la drogue dans les deux zones de police alors que la ministre présentait à la Chambre le "Stroomplan XXL"visant à lutter contre la criminalité liée aux stupéfiants à Anvers.
Vases communicants
Selon eux, les zones de la périphérie et de Bruxelles fonctionnent comme des vases communicants sur le plan de la criminalité. Ils constatent que la violence en lien avec le trafic des stupéfiants est en augmentation importante. Par ailleurs, "la poursuite, voire l’apparition de nouvelles menaces autour du radicalisme violent mettent les structures actuelles au défi", ont-ils jugé dans une communication commune.
"Nous pointons l’imposture des choix de la ministre. Ils sont guidés par l’idéologie et non par un souci d’efficacité", a commenté la bourgmestre de Molenbeek Saint-Jean, Catherine Moureaux.
"Nous demandons un renfort structurel policier et non de nouveaux processus ou l’implémentation d’une nouvelle réforme qui détournerait notre énergie sans surcroît d’efficacité", a souligné pour sa part le bourgmestre de Berchem-Sainte-Agathe, Christian Lamouline, qui préside actuellement la zone de police de Bruxelles ouest.
"Nous n’avons pas besoin de nouvelles prérogatives non liées à notre rôle au sein de l’État de droit. Nous exigeons par contre le respect des lois qui devraient nous permettre d’obtenir du soutien fédéral", a renchéri le bourgmestre de Vilvorde, Hans Bonte.
«On n’abandonne pas le plan canal»
"L’information selon laquelle le plan canal serait abandonné, n’est pas correcte. Il est en cours d’évaluation afin que les capacités policières disponibles soient utilisées le plus efficacement possible", a souligné la porte-parole de la ministre de l’Intérieur, réagissant, en fin de journée, à la communication des bourgmestres.
Verlinden a obtenu vendredi dernier le feu vert du comité ministériel restreint à son avant-projet de loi visant à donner davantage de pouvoirs aux communes dans la lutte contre le crime organisé
L’objectif est de donner aux autorités locales plus de latitude pour prendre des mesures administratives préventives, par exemple à l’encontre de commerces ou d’entreprises utilisées comme couverture pour blanchir de l’argent issu d’activités criminelles (trafic de drogue, etc.).
Dans les grandes lignes, il s’agit de permettre aux administrations locales de réaliser des "enquêtes d’intégrité"dans certains secteurs, sur base desquelles le pouvoir communal peut octroyer, refuser, suspendre ou retirer un permis de tenir un commerce (ou établissement horeca). La commune aurait donc le pouvoir d’empêcher l’ouverture d’un salon de massage, magasin ou autre, après avoir estimé qu’il y a un sérieux risque qu’il soit lié à une activité illégale ou serve à blanchir des revenus de crimes antérieurs.