Un manifeste exige la suspension des constructions sur les zones naturelles à Bruxelles: «La Région provoque le recul de la nature, 14% de vert en moins depuis 2003»
Depuis 2 ans, des pétitions pour sauver les espaces verts et friches bruxellois regroupent plus de 40.000 signatures. De quoi inciter 27 collectifs de protection de la nature à écrire un manifeste. « Entre 2003 et 2016, Bruxelles a perdu 14 % de ses espaces verts ».
- Publié le 20-07-2022 à 11h35
- Mis à jour le 20-07-2022 à 11h36
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L’endroit n’est pas choisi au hasard: en pleine canicule, les défenseurs de la nature bruxelloise se sont réunis sous la canopée du parc Royal. À l’ombre, là où les feuillages protègent encore de la chaleur au milieu du béton de la capitale.Ils représentent une trentaine d’associations et collectifs.
"Pour vivre dans une ville vivable, cesser d’artificialiser les sols vivants et d’abattre des arbres est un préalable absolument indispensable", tancent ces défenseurs de la nature en ville."Priver Bruxelles des services écosystémiques de la nature contre la pollution de l’air, les îlots de chaleur, les inondations et en faveur de la santé mentale est une violence inacceptable envers tous les citoyens".
Si cette vingtaine de personnes s’est rassemblée ce 18 juillet 2022 dans l’espace vert le plus emblématique de Bruxelles, ce n’est pas uniquement pour répéter ces évidences. Elles sont arrivées avec, sous le bras, un manifeste appelant à instituer un moratoire sur la destruction des espaces naturels dans la région . Elles se sont rendues au cabinet du ministre-président du gouvernement bruxellois Rudi Vervoort (PS), qui n’a pas pu les accueillir. Les 27 collectifs de citoyens et associations, d’ores et déjà signataires (lire cadrée), demandent dès lors à être reçus dans les prochaines semaines.
Ces deux dernières années, les pétitions Stop Béton – Friche Josaphat, Save Donderberg, Champ des cailles, Let’s save Tenreuken et Sauvons le Meylemeersch ont rassemblé plus de 40.000 signatures. De plus, le Tuiniersforum des Jardiniers et les collectifs de riverains et de citoyens impliqués se sont unis pour organiser mensuellement des marches depuis février. Elles ont au total regroupé plus de 4.000 personnes.
Le manifeste constitue un pas commun plus loin. "Mois de la nature, semaine de l’arbre, journées bruxelloises de l’eau, les opérations de communication ‘vertes’se multiplient, pourtant, concrètement, la Région n’infléchit pas ses pratiques de développement territorial, provoquant le recul de la nature à Bruxelles et contribuant également au problème climatique", écrivent les rédacteurs du texte. Qui avancent qu’"entre 2003 et 2016, Bruxelles a perdu 14% de ses espaces verts et la dynamique est loin d’être freinée à ce jour".
"Rudi Vervoort et Pascal Smet (Secrétaire d’État bruxellois de l’Urbanisme – Vooruit) ont dit dans une interview qu’il n’y avait pas de problème de biodiversité à Bruxelles et qu’ils allaient poursuivre le projet de construction sur la friche Josaphat, mais le déni du problème est pour nous dangereux, car cela veut dire qu’on va continuer à faire comme on a toujours fait", estime Bernadette Stallaert, membre de l’association de protection de la nature CCN-Vogelzang-CBN. "On est conscient que le gouvernement bruxellois se doit de résoudre les problèmes de logement et que c’est un drame social, mais il faut réfléchir à la reconversion des bureaux et à la remise sur le marché des immeubles vides".