Le sous-sol, «nouvelle frontière» pour Bruxelles? Pour le MR, «ce n’est pas de la science-fiction»
Investir le sous-sol bruxellois pour planter des arbres, installer des halls logistiques ou des fermes urbaines, chauffer les logements… voir ouvrir skateparks et cinés. Pour le MR bruxellois, ces idées se heurtent à la méconnaissance du sous-sol de la capitale. Les libéraux plaident pour un cadastre.
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- Publié le 18-05-2022 à 15h37
- Mis à jour le 18-05-2022 à 15h40
Helsinki. Sous la glace de la surface, la capitale de la Finlande creuse. Parce qu’il fait froid. Mais pas seulement. « Nous ne voulons pas d’un centre-ville trop dense », explique l’ingénieure municipale Eija Kivilaasko à France Info. Alors depuis les années 60, la ville installe en sous-sol ses infrastructures techniques: traitement des eaux usées, électricités.Et plus récemment, des lieux de loisir: des galeries marchandes comme à Monréal, une piste de karting.Et plus insolite: une église ou une piscine.
"À Bruxelles, le sous-sol reste terra incognita", enrage Gaëtan Van Goidsenhoven. "Le potentiel sous-terrain est un pan entier de notre réalité qui ne fait pas débat". Le député bruxellois MRregarde la Scandinavie avec envie."La Région bruxelloise est bornée, limitée à ses 162km2.Des tensions naissent de la densification du territoire, en concurrence avec la préservation des espaces verts".

Pagaille

Pour changer de focale, les libéraux bruxellois déposent une proposition de résolution pour mieux exploiter les sous-sols. Principal apport: la réalisation d’un cadastre centralisé. "Aujourd’hui, ces informations sont dispersées dans toutes les administrations", regrette Van Goidsenhoven. Et sous la surface, "c’est la pagaille".
Ainsi, la STIB, Vivaqua, Bruxelles Environnement, les opérateurs télécoms ou Bruxelles Mobilité disposent de leurs propres bases de données.Mais dès qu’un de ces impétrants veut creuser, il doit se référer à l’organe coupole belge: le CICC.D’après le MR, ce Contact fédéral d’Informations Câbles et Conduites "ne dispose pas lui-même de plans mais transmet les données entre demandeur de plans et gestionnaire de câbles et tuyaux". Van Goidsenhoven grince: "On perd un temps précieux dans les chantiers, les demandes de permis, les fouilles archéologiques… Sans parler des urgences comme les effondrements".Le MRplaide pour "un mapping 3D des sous-sols" et veut confier la mission à perspective.brussels.
D’accord, mais pour quoi faire?"La Ville de Bruxelles a récemment commandité une étude pour déterminer les lieux où planter des pockets parks ou des tiny forests", note Anne-Charlotte d’Ursel, qui cosigne le texte."Deux quartiers sont concernés: le bas de Laeken et le quartier européen.Coût: 280.000€". Le calcul est vite fait selon la libérale: "Si chaque commune doit engager autant dès qu’on veut planter un arbre…! Et il faut aussi penser aux réservoirs d’eau pluviale et aux nappes aquifères".Une telle cartographie éviterait par exemple des places 100% minérales, comme Flagey."C’est un exemple emblématique", opine d’Ursel."Mais c’est pareil place du Miroir ou Dumont".
3 terrains de foot

Les députés libéraux ont d’autres pistes.Ils prennent Paris comme étalon, où un appel à projets a été lancé pour 33 sites souterrains.S’y développeront un chai, une ferme à insectes, une galerie d’art… Ainsi, les bleus calculent à 18.822m2 la superficie des stations dites "fantômes" de la STIB.Soit un peu moins de 3 terrains de foot. Pas tentaculaire, mais suffisant pour fantasmer. À l’origine, ces vides ont été créés en vue d’une potentielle extension du métro. Qu’y faire? "L’enjeu n’est pas d’habiter dans une grotte", rassure Van Goidsenhoven."Mais le sous-sol n’est pas une damnation. On pourrait imaginer du loisir.Des activités culturelles et sportives". d’Ursel abonde: "Quand on est élu communal, on rêve d’ouvrir un skatepark.Mais ça fait du bruit, c’est difficile à intégrer dans l’espace public.Idem pour une boîte de nuit.Des horecas pourraient voir dans ces espaces des endroits magiques".
Sans rêver si loin, le MR préconise aussi la piste de la géothermie ou de la logistique "ce qui permettrait d’épargner Schaerbeek Formation", glisse Van Goidsenhoven. Quid des fermes à serveurs.Au Danemark, à Zurich ou à Seattle, ces centres de données qui tournent non-stop réchauffent déjà les bâtiments. "Plutôt que de les installer dans des zones délaissées ou dans les déserts, on pourrait les réimplanter en ville", confirme d’Ursel.

Mais au fait: le chicon n’a pas besoin de lumière pour extirper ses amères feuilles blanches de l’humus bruxellois."Très juste! L’agriculture urbaine est aussi une piste. On le voit avec les cultures de champignons dans les caves de Tour & Taxis ou des abattoirs". Les libéraux estiment que l’aquaponie, comme sur le toit des abattoirs, pourrait passer à l’ombre. Et de lister: "fenouil, radis, coriandre ou laitue se cultivent sous terre".L’idée pourrait creuser son sillon.