Voyage avec un père inconnu du Bruxellois Marc Meganck
Le Bruxellois Marc Meganck propose un roman sur les blessures de l’enfance. Et cette question: en guérit-on un jour?
Publié le 22-02-2022 à 06h00
William Braeck a 42 ans. Il a grandi avec un père raciste et autoritaire, une mère religieuse et paralysée par ses peurs et un frère abject dont il était le souffre-douleur. Une famille sans tendresse dont il est toujours resté en marge.
À la mort de sa mère, il décide d'emmener son père en voyage, en Islande, terre du nord, symbole de leur relation glaciale, sur les traces d'un roman de l'écrivain voyageur Pierre Loti. " Ce sont deux hommes complètement seuls, dit Marc Meganck. William s'est fait larguer, le père est seul parce que la mère vient de mourir. C'est le moment propice pour ce voyage. Le fils espère obtenir des réponses de la part de son père. Le père, maintenant qu'il est veuf, se met à lire et à rêver de voyages. Il se dit que c'est l'occasion de voyager tous frais payés. "
La question en filigrane, c'est celle des blessures d'enfance: qu'en reste-t-il chez un adulte de 40 ans? "On a tous un bagage de l'enfance, même si ici, il est particulièrement lourd."
La relation ou plutôt la non-relation père-fils est allée trop loin dans le rien. Est-ce encore possible de construire quelque chose entre un fils et son père qui l’appelle "blanc-bec"? Est-il vraiment le fils de ce père à qui il ressemble si peu et qui lui préfère "l’autre", le fils conforme au moule familial?
Quand le père se laisse aller à un peu de tendresse et de confidences, c'est pour mieux l'humilier, balayer aussi sec un rapprochement. Une relation qui se réchauffe au fil des pages? "Les personnages ne le voulaient pas", sourit l'auteur, dont on sent un attachement particulier à son héros: "Il a beaucoup de moi", reconnaît-il.
Aussi parce que ce voyage, vers ces terres froides, Écosse, îles Orcades, Shetland, Féroé, Marc Meganck l’a vécu… même si ce n’est pas avec son père. Il nous fait vivre les voyages en bateau, le ciel bas sur l’Atlantique, l’isolement des petites villes où tout le monde se connaît, le rythme d’une nature âpre.
+ Marc Meganck, «Le jour où mon père n’a plus eu le dernier mot», Éditions F. Deville, 280 p.