ÉCOUTEZ | Lorenzo di Maio dans les cordes
Unir un quatuor à cordes et un trio de jazz guitare-basse-batterie est un challenge inédit brillamment relevé par le guitariste.
Publié le 02-09-2021 à 06h00
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Avec Black Rainbow sorti en 2019, le guitariste Lorenzo di Maio avait déjà séduit par son sens de l'écriture et de l'arrangement, mêlant à la fois ses cultures jazz et rock.
Il reçut à cette occasion l'octave du meilleur disque de jazz pour cet album. La sortie qui suit un prix est d'autant plus attendue: «C'est vrai que l'envie de faire aussi bien est là, d'aller plus loin même, mais je ne me suis pas posé ces questions-là. De plus la formule n'est pas vraiment comparable.»
Grâce à une carte blanche
En effet, le guitariste bruxellois a cette fois associé le trio guitare-basse-batterie à un quatuor à cordes. «Cette formule, je la dois au Théâtre Marni qui, en 2019, m'a offert une carte blanche pour le festival. À ce moment-là, j'étais en train d'écrire de la nouvelle musique et j'ai bien vu ce nouveau répertoire avec des cordes. L'occasion était là avec la carte blanche et la décision a été prise assez vite.»
Lorenzo contacte alors Antoine Pierre et Sam Gerstmans, puis Fabian Fiorini pour les arrangements des cordes: «J'imaginais que sa folie, son côté énergique et sa science de la musique allaient être un challenge pour moi: je sentais que j'allais être surpris par ses arrangements. Et j'ai été servi de ce point de vue, ça sortait complètement du son des cordes qu'on a l'habitude d'entendre.»
Une formule inédite
Et on a beau chercher dans le catalogue jazz, on ne trouve pas cette formule d'un trio plus quatuor… «Bien sûr, il y a Philip Catherine avec orchestre, aussi Bill Frisell avec un quatuor, mais sans rythmique.»
Tout en gardant de bout en bout une cohérence sonore, Lorenzo di Maio multiplie les influences tout au long de l'album: un quatuor très contemporain en ouverture, suivi de No More Samba et son côté plus classique avec une intro à la Schubert, l'esprit country-rock de Blue Stream ou le côté bop déjanté de Line up, seule reprise de l'album, une improvisation très courte reprise de Lennie Tristano. «J'avais envie de créer une bulle très courte au milieu de morceaux avec de plus grands développements. J'aime aussi ce contraste sur disque et même en concert d'avoir des choses plus intenses, plus explosives.»
L'enchaînement très réfléchi des ambiances joue à coup sûr sur la réussite de l'album: «Je suis encore quelqu'un qui écoute un disque en entier. Au moment de l'écriture, je ne sais pas encore à quoi ça va ressembler, mais une fois qu'on a enregistré, ça devient plus clair, il y a une cohérence, on voyage entre les titres.»
Aucun doute, Arco est un album à la fois aventureux, riche en sonorités et en nuances, un jalon marquant dans la carrière du jeune guitariste.
+ «Arco», Igloo Records – En concert le 10 septembre à Flagey, Bruxelles.