USA 2020, J-18 | Une Belge du Massachusetts : «Sans le Covid, c’est sûr, Trump serait réélu»
Massachusetts, un bastion démocrate. Valérie y vit depuis 25 ans. Un esprit républicain au milieu des pro-Biden.
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Publié le 16-10-2020 à 07h00
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L'automne est splendide dans le Massachusetts. Valérie Brouwers regarde par la fenêtre de sa maison, à 25 minutes de Boston. « Il fait superbe, le ciel est tout bleu. C'est une très belle période. Les arbres passent par toutes les couleurs.»
Ce qu’elle voit aussi, quand elle regarde dehors, c’est le jardin de ses voisins, et les panneaux pro-Biden plantés dans l’herbe.
« En Belgique, on sait à peine pour qui les gens votent. Ici, tout le monde affiche ses convictions.» Et dans cet État, les positions sont très majoritairement favorables au camp démocrate. «Si on est républicain ici, ça ne vaut quasiment pas la peine de voter. Moi, je ne suis pas d'accord avec le discours de Trump. Mais si je pouvais voter, je choisirais les républicains.»
Parti pris
Valérie est originaire de Bruxelles. « Woluwe-Saint-Pierre », précise-t-elle. Il y a 25 ans, elle a suivi son mari. «Il a fait son Master à Boston. On devait rester un an et demi. Et puis…» À 51 ans, elle a donc passé la moitié de sa vie dans le Massachusetts. «Et presque toute ma vie d'adulte. Mais j'ai gardé l'esprit belge.» Elle travaille en tant que volontaire dans les soins palliatifs.
Se déclarer républicain, c’est être soi-même considéré comme raciste, ou misogyne.
«On parle énormément de ces élections. Partout, tout le temps. Beaucoup trop!», rit-elle. «Ce que je ressens, c'est moins le débat entre républicains et démocrates qu'une vraie haine de Trump. Même si je ne suis pas d'accord avec son discours, parce qu'il dit énormément de bêtises, les attaques vont tout le temps dans le même sens. Je vois le parti pris dans les médias. Il y a pourtant eu pas mal de choses positives. Je pense à l'économie qui était très forte, au taux de chômage qui n'a jamais été aussi bas. En tout cas, c'était comme ça avant le Covid. Sans cette pandémie, c'est sûr, Trump aurait été réélu. Les gens l'auraient gardé, puisque ça marchait bien. Maintenant, bien sûr, l'économie a fortement souffert…»
Juste milieu
Le débat entre citoyens auquel elle assiste, y compris sur les réseaux sociaux, reste relativement courtois. «La population ici est assez éduquée. Ça améliore peut-être la qualité des échanges. Mais sur Facebook, où c'est assez direct, on sait tout de suite qui vote pour qui, j'ai quand même des amis qui écrivent: "Si vous votez pour Trump, retirez-moi de votre liste d'amis". Se déclarer républicain, c'est être soi-même considéré comme raciste, ou misogyne. Tout ce que Trump représente», déplore-t-elle.
Valérie lui trouve au moins une qualité que, selon elle, un Biden ou un Obama n'a pas: «Trump ne fait pas partie des politiciens qui disent des choses juste pour faire plaisir. Obama s'exprimait bien, il avait beaucoup de charisme et d'éloquence. Mais après, il ne se passait jamais rien. Il faudrait un juste milieu», résume-t-elle.
Ses deux enfants, une fille de 22 ans et un garçon de 20 ans, ont la double nationalité. Ils ont le droit de voter. « Ma fille soutient les démocrates et mon fils les républicains. Et tout se passe bien. Pas de dispute! »
«La criminalité est très localisée»

Entre autres sujets de débats, au-delà de l'économie, des taxes, de la Cour Suprême ou du climat, la lame de fond «Black Lives Matter» prend une large part aussi dans les discussions. De quoi bétonner davantage les rangs des démocrates? Valérie Brouwers n'en est pas si sûre. «Si ça doit aller dans le sens d'une réduction de la police et des budgets des forces de l'ordre, il y a ici toute une population noire qui n'est pas d'accord. La criminalité est très localisée chez nous. Et c'est dans leur quartier que ça se passe », explique la Belge.
«Moi, je n'ai pas besoin d'avoir plus de policiers. Là où je vis, dans la banlieue de Boston, je n'ai même pas de clé de la maison. C'est toujours ouvert. On n'imagine pas ça en Belgique. Mais il y a des quartiers de Boston très dangereux. Notamment là où vit une population noire ou hispanique. Et sur ce point de vue de la sécurité, certains parmi la communauté noire ou hispanique suivent Trump, parce que ce sont eux qui subissent ces vols et ces crimes.»
Valérie rejoint aussi les arguments des citoyens qui se méfient du vote à distance. «Les démocrates poussent à fond pour voter à distance. Il y a toute une grosse polémique pour savoir si c'est 100% sûrs ou pas. Le vote de personnes âgées dans des maisons de retraite a été renvoyé alors qu'elles n'étaient pas en état de voter. Je pense que c'est plus difficile à contrôler. J'ai reçu par exemple les lettres pour mes enfants. J'aurais aussi bien pu les remplir moi-même…»

SituationEntouré du New Hampshire, du Vermont au nord, de l'État de New York à l'ouest, du Connecticut et de Rhode Island au sud. Sa capitale est Boston.
PopulationL'État, l'un des plus petits mais aussi très densément peuplé, compte près de 7 millions d'habitants. Il rapporte 11 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
PolitiqueCharles Duane Baker, Jr., dit Charlie Baker, est le gouverneur républicain du Massachusetts depuis 2015. L'État envoie à la Chambre 9 députés, tous démocrates, et deux sénateurs, également démocrates.
Résultat 2016Hillary Clinton: 60% – Donald Trump: 32,8%