USA 2020, J-22 | Un Belge du Connecticut: «Le pays est tombé tellement bas, l’atmosphère est si toxique»
Installé au Connecticut depuis plus de trois décennies, Étienne d’Otreppe s’inquiète devant la détérioration du climat ambiant
Publié le 12-10-2020 à 07h00
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C’est fou comme le temps file: à 74 ans, Étienne d’Otreppe, qui a des origines à la fois bruxelloise et hutoise, a déjà presque passé la moitié de sa vie aux États-Unis: 34 ans pour être tout à fait précis.
Ce qui l'a attiré là-bas? «Ma femme qui est américaine», sourit-il. «Mais aussi une expérience de vie dans un pays que je ne connaissais pas bien.»
Un État proche… de la Belgique
Les États-Unis, et plus précisément le Connecticut, où il est établi, alors, c'était «la facilité de démarrer sa propre affaire, sa propre entreprise. Mais aussi la possibilité de vivre tout près de ma belle-famille, surtout pour nos enfants. Et puis un climat, plus chaud que celui de la Belgique».

Mais paradoxalement, le retraité – «depuis cinq ans» – a retrouvé au Connecticut «l'État qui se rapproche peut-être le plus de la Belgique».
Mais encore? «Une taxation élevée, mais une protection sociale pour les travailleurs, et des services sociaux pour les plus défavorisés. Des syndicats forts, et un service public démesuré.»
«Bien pire que ce qu’on attendait»
De quoi laisser supposer des sympathies républicaines chez notre interlocuteur?
«On savait que les quatre années de la présidence Trump ne seraient pas très bonnes, mais elles ont été bien pires», assène-t-il. «Ce président s'est révélé être un malade mental, et son parti l'a suivi dans toutes ses décisions malencontreuses et antisociales.»
Pire, «ce pays est tombé tellement bas, et l'atmosphère y devient si toxique, que nous pensons sérieusement à nous installer ailleurs, si le président Trump est réélu».
«Une situation explosive»
Et Étienne d'Otreppe d'ajouter: «À l'approche des élections et en considération des dernières actions et des derniers événements – nomination à la Cour suprême; déclaration du président sur un transfert non-pacifique de la présidence en cas de victoire de Joe Biden, victoire de Donald Trump par des moyens non démocratique – il est possible que ce pays soit plongé dans une situation explosive.»
Précision: l’interview a été réalisée avant qu’au Michigan, des suprémacistes blancs, infiltrés par le FBI, soient arrêtés (cf. nos éditions de samedi) et inculpés pour avoir voulu attaquer le Capitole, et enlever plusieurs dirigeants, dont la gouverneure démocrate de l’État, et y provoquer une guerre civile!
Les thèmes de campagne au Connecticut sont «d'abord la gestion de la pandémie de Covid-19, l'assurance soins de santé, et la situation économique». Comme partout ailleurs aux États-Unis et dans le monde, la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales…
Et pour le reste «ce sont les mêmes préoccupations que dans le reste des États-Unis: violence policière et violence des rues, immigration, et contrôle des armes ». Ce dernier encore plus après les événements du Michigan, peut-être…

Le Connecticut est entouré par Rhode Island et son détroit, le Massachusetts, et l'État de New York. Sa capitale est Hartford. Son sud et son ouest font partie de l'agglomération new-yorkaise.
Population
Le Connecticut compte 3,5 millions d'habitants. Il rapporte 7 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
Politique
Le démocrate Ned Lamont est gouverneur depuis l'élection de mi-mandat, le 6 mai 2018 l'État envoie 2 sénateurs et 5 députés, tous démocrates, à Washington
Résultat 2016
Hillary Clinton 54% Donald Trump 41%