Rendre une dignité aux journalistes exilés
Une quarantaine de journalistes en exil ont été recensés en Belgique. Une ASBL veut les aider à retrouver leur rôle.
Publié le 24-10-2019 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/EKG7A6GZ7ZHORMB3VCMHYL6HWU.jpg)
«Il est question de solidarité professionnelle», explique Jean-François Dumont. «Mais aussi de liberté d'expression, et de liberté de la presse.»
L'ancien journaliste, et ancien secrétaire général-adjoint de l'Association des journalistes professionnels (AJP) préside aujourd'hui l'ASBL En-GAJE, pour «Ensemble-Groupe d'aide aux journalistes exilés». «Journalistes au sens large: travailleurs des médias, selon les termes de la Fédération internationale des journalistes», précise-t-il.
Coalition
La FIJ, personne morale est des fondateurs de l’ASBL. Avec cinq personnes physiques, dont Jean-François Dumont, et André Linard, créateur de l’agence InfoSud Belgique, et ex-secrétaire général du Conseil de déontologie journalistique, secrétaire-trésorier d’En-GAJE.
Diverses organisations ont adhéré à l’ASBL: Ligue des droits humains, Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers (Ciré), AJP et Vlaamse Vereniging van Journalisten (VVJ), Amnesty International, Maison des Journalistes de Paris (MDJ)…
Logique: la MDJ a inspiré l'initiative belge. «En 16 ans, elle a accueilli et hébergé 384 journalistes. Deux exilés par mois», signale Jean-François Dumont.
42 journalistes exilés
En Belgique, 42 journalistes en exil sont recensés. Burundais (9), et turcs (6), somaliens (5), palestiniens (4), iraniens afghans, togolais (2); colombien, chilien, marocain, tunisien, irakien, syrien, rwandais, congolais, soudanais et serbe. Il en est sans doute d’autres…
«Nous voulons les aider à retrouver leur identité professionnelle perdue», précise Jean-François Dumont.
Par des rencontres, échanges, et formations: l'Université libre de Bruxelles (ULB) et son pendant flamand, la VUB, ont joint l'ASBL. «Nous n'avons pas d'exclusive», sourit Florence Le Cam (ULB), qui l'a cofondée.
Dans quel but? Renouer avec leur audience d’origine, ou témoigner auprès du public belge?
Forcé à l'exil par les menaces d'un général des Forces armées de la République Démocratique du Congo (RDC), Édouard Diyi Tshitenge, directeur de Radio Télé Kasaï Horizon, rêve de retrouver son public. Et n'oublie pas un collègue arrêté.
Valéry Mugo, lui, a déjà lancé une radio par internet à destination de son Burundi natal.
Un subside ponctuel de la Région bruxelloise a aidé au démarrage d’En-GAJE. Elle cherche de nouveaux appuis pour soutenir ces initiatives.