Les yeux (rouges) de Myriam Leroy pour pleurer
C’est l’histoire d’un harcèlement insidieux. Un roman prenant qui fait froid dans le dos.
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- Publié le 17-09-2019 à 08h00
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Elle est journaliste et chroniqueuse à la radio de service public. Une petite notoriété qui attire sur les réseaux des inconnus, plus ou moins bienveillants. «Dans mon cas, si je laissais les courtisans sécher dans le vent, je passais pour une méchante qui se la racontait et qui se prenait pour chépaqui […].»
Alors, elle a répondu à ce Denis et son message bourré d’émojis horripilants. Fatale erreur.
«[…] Il avait perçu qu’à l’instar de la plupart des femmes j’avais été éduquée pour être gentille, ne pas faire de vagues, ne pas faire perdre la face aux autres, n’humilier personne, surtout les hommes.» Et c’est l’engrenage.
On voit arriver la catastrophe, la descente aux enfers progressive… le harcèlement virtuel qui a des conséquences dans la vie bien réelle.
La force de l’écriture de Myriam Leroy, c’est de nous capturer, nous lecteurs-voyeurs pour ne plus lâcher ce roman inspiré de son histoire personnelle. Et ça fait froid dans le dos.
Ça fait douter aussi: ne serait-ce pas la narratrice qui aurait tout inventé, tout manipulé? Toute cette histoire ne serait-elle pas finalement l’expression d’un esprit déséquilibré? Très fort. Et très drôle aussi, souvent.
Myriam Leroy a publié il y a deux ans, Ariane, repris dans la short-list du Goncourt du premier roman. Les yeux rouges est lui, dans la première sélection du Médicis. Le seul roman belge en lice.
Myriam Leroy, «Les yeux rouges», Seuil, 189 p.