5€ au distributeur: les Blow Books veulent donner un nouveau souffle à la BD
Quelques illuminés (?) entendent rendre à la BD son aspect populaireen vendant des albums dans des… distributeurs. À découvrir dès aujourd’hui, lors de la 10e Fête de la BD (13/9 au 15/9).
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Publié le 13-09-2019 à 06h00
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Le projet, un peu fou, aura mis du temps à se concrétiser parce qu'elle «voulait faire les choses bien». En janvier 2018, l'équipe de la Crypte Tonique, un magasin-magazine bruxellois situé rue Saint-Jean, présentait à l'occasion du festival d'Angoulême son incroyable projet par le biais d'une exposition ludique: vendre, à prix modique, un nouveau style de bande dessinée – des «Blow Books» – par le biais de… distributeurs automatiques.
Né au… XVIe siècle
Un an et demi plus tard, le concept sera officiellement lancé ce week-end, lors de la 10e Fête de la BD, organisée en plein cœur du Parc Royal de Bruxelles. Un concept neuf, donc? Pas tant que ça. C'est que le «Blow Book» est un genre littéraire… antérieur à la bande dessinée. Il apparaît même aux confins du XVIe siècle, peu après l'invention de l'imprimerie, et constitue alors une sorte de «livre magique», qui joue de son petit format pour offrir à ses lecteurs des animations et autres illusions optiques.
Peu gourmand en papier, à une époque où acheter une rame équivalait à se couper un bras, il rencontre rapidement le succès populaire. Avant de disparaître, bien plus tard, devant les accents de modernité pris par un neuvième art ne jurant plus, bientôt, que par des albums cartonnés au prix de vente nettement supérieur.
Il suffit d'ailleurs de se rendre, aujourd'hui, dans une librairie spécialisée pour dresser un constat limpide: la BD n'intéresse plus que les lecteurs qui ont les moyens de se l'offrir: «Le moindre album, et pas toujours le meilleur, se vend au prix minimum de 12 ou 13€, constate Olivier Van Vaerenbergh, le responsable communication du projet. Et pour des choses de meilleure qualité, il faut parfois débourser jusqu'à 30€. La bande dessinée est devenue un petit ghetto, sympa certes, mais un ghetto quand même.»
La «Crypte Tonique» a donc voulu, avec ses «Blow Books», la rendre à nouveau accessible au plus grand nombre: «C'est quand elle était publiée dans des formats souples et pas chers que la BD a conquis les foules, souligne à juste titre Olivier Van Vaerenbergh. C'est cette base populaire qu'on veut retrouver avec nos livres.»
BD de gare
Le format – 7,6 sur 11,6 cm – tient dans une poche, et le destine à un usage «mobile». Et bien sûr au partage. Son prix – 5€ – ne représente, quant à lui, pas un gros risque: «Acheter une BD, aujourd'hui, est un risque: celui de se planter et de gaspiller un gros billet, grimace OVV, qui fut jadis… rédacteur en chef de Spirou, et qui sait donc de quoi il retourne. Et il y a tant de sorties qu'on peut se trouver intimidé face à tant de choix. Voire ne même pas oser franchir la porte d'entrée de la librairie, de peur d'être perdu parmi tous ces ouvrages. Ici, le risque est moindre. Et on peut plus facilement oser, aller vers un ouvrage différent, qu'on n'aurait pas ouvert sinon. C'est un peu le principe du roman de gare remis au goût du jour. »
+ Le catalogue en ligne? C'est par ici sur blowbook.be
Bientôt dans les gares et arrêts STIB?
Le format
Petit (proche de la taille d’un paquet de cigarettes) mais épais (plus de 200 pages), le «Blow Book» a la particularité de ne proposer qu’une seule image par page, ce qui lui donne des allures de feuilletoscope.
Écologique
Son format XXS permet au «Blow Book» de répondre aux contraintes écologiques du XXIe siècle: «Il n’y a quasi pas de pertes de papier. Même les chutes sont récupérées pour fabriquer des signets», insiste Olivier Van Vaerenbergh.
Pas encore dans les gares
Trois machines seront mises en service dans un premier temps: une sera déplacée de festival en festival, une seconde sera placée ans les locaux de la «Crypte Tonique», à la Galerie Bortier, tandis qu’une dernière trouvera refuge à Bruxelles, dans un lieu à déterminer qui pourrait être l’office du tourisme. Aucun accord n’a, par contre, pu être conclu avec la SNCB ou la STIB. L’équipe en charge du projet espère atteindre un total de dix machines d’ici à la fin de l’année. Et espère surtout convaincre des cafés et centres culturels.