Julien Nyssens est l’unique centenaire wavrien: "100 ans ? Je ne m’y attendais pas"
Wavre compte désormais 16 centenaires. 15 femmes et un seul homme. Julien Nyssens habite Bierges et fête ses 100 ans ce lundi 22 mai.
Publié le 22-05-2023 à 06h21 - Mis à jour le 22-05-2023 à 07h29
Wavre comptait jusqu’à ce dimanche 15 centenaires, toutes des femmes (11 à Wavre, 2 à Limal et 2 à Bierges où réside la doyenne wavrienne qui fêtera ses 104 ans en septembre). Julien Nyssens est né le 22 mai 1923. Il fête donc ce lundi ses 100 ans.
S’il a longtemps habité Bruxelles, depuis une dizaine d’années, il habite Wavre, à la résidence du Point du jour, à Bierges. Veuf, il a 4 enfants, 14 petits-enfants et 25 arrière-petits-enfants. Son anniversaire, il le fêtera en plusieurs fois. D’abord avec la famille, ensuite avec les proches et les amis. "100 ans ? Je ne m’y attendais pas. Vous avez vu les chiffres sur la porte. 100, en lettres d’or. C’est pour moi." Julien est aux anges. Entouré des siens, il savoure ce moment. C’est aussi le moment d’ouvrir la malle aux souvenirs, car Julien a eu une vie bien remplie.
"Je suis né dans la maison de mes grands-parents, rue Juste Lipse. Mes parents ont ensuite déménagé à Ixelles, près de l’avenue Louise. En 1934, au décès de ma grand-mère, mes parents sont retournés rue Juste Lipse où j’ai finalement passé toute ma jeunesse, jusqu’à mon mariage. J’ai été scolarisé à Ixelles, à l’institut Saint-Boniface. J’y ai fait toutes mes humanités. Je m’en souviens très bien. Je les ai terminées en 1943. C’était la guerre. C’était l’année de Stalingrad."
Rwanda
En 1948, il épouse Jacqueline. Ils décident de partir à deux pour l’Afrique et le Rwanda. Julien a été engagé par l’administration coloniale. "En fait, c’était l’administration territoriale. On n’utilisait pas le mot colonie. Déjà à l’époque, c’était mal vu . J’étais administrateur d’un des 11 territoires du Rwanda. J’ai eu la chance de participer au processus d’indépendance du Rwanda. Je servais de chauffeur à l’émissaire de l’ONU. L’ONU avait interdit à la Belgique de former des militaires au Rwanda. On avait donc fait venir des soldats congolais pour assurer la sécurité car il y avait eu des bagarres.
Mais le Congo avait déjà eu son indépendance, et les soldats congolais n’étaient plus du tout concernés par les affaires belges. Ils étaient retournés au Congo. Les paras belges les ont remplacés pour assurer la sécurité. Je conduisais l’émissaire de l’ONU partout. C’était un Brésilien, un certain Coréa. Finalement, nous nous sommes tellement bien entendus qu’il m’a demandé de rédiger son rapport de mission."
"J’étais un bon à rien"
À son retour en Belgique, en 1962, le couple s’installe à Auderghem. Julien est sans emploi. "J’étais un bon à rien. Les études que j’avais faites pendant 4 ans à l’université d’Anvers, spécialisées dans les affaires coloniales, ne me servaient à rien. J’ai souvent acheté le journal “Le Soir”. L’édition du samedi pour les petites annonces. Et il y en a une qui a débouché sur une interview. C’était une agence américaine. Elle recrutait pour le compte de la compagnie Liebig Oxo, un directeur administratif. Quand est arrivée la question concernant mes prétentions financières, j’avais déjà la réponse. Étant donné que l’administration coloniale me versait une année de rémunération à titre de dommages et intérêts parce que j’étais normalement engagé pour 30 ans en Afrique, j’ai été plus modeste que les autres candidats. J’ai eu le poste."
Après un autre emploi dans une autre entreprise, Julien a pris sa retraite à 60 ans. Il aura finalement eu une carrière plus courte que sa retraite. Mais aujourd’hui, on ne peut que lui souhaiter un très joyeux anniversaire et plein d’autres à fêter à l’avenir.